Le déneigement des routes de Chamrousse

27 décembre 1967
02m 34s
Réf. 00080

Notice

Résumé :

Reportage sur le déneigement des routes à Chamrousse pour la venue des spectateurs pour les Jeux Olympiques de Grenoble. La plupart d'entre eux viennent en car, et il faut que les routes soient complétement déneigées afin de permettre une bonne circulation. Un point est fait sur les différents engins et les différentes méthodes utilisés.

Date de diffusion :
27 décembre 1967
Source :

Éclairage

Ce reportage en noir et blanc, extrait des actualités du JT Rhône Alpes du 27 décembre 1967, évoque le déneigement des routes de Chamrousse (Isère) un an avant la tenue des Jeux Olympiques d'hiver de Grenoble.

Une voix off, très monocorde, dépeint le futur décor où les épreuves sportives se tiendront, la caméra filme le paysage environnant de la station de ski de Chamrousse avec sapins enneigés ; à l'arrière-plan, un chalet avec des engins de déneigement. Le journaliste annonce l'arrivée de la neige « elle est enfin venue » qui permettra aux skieurs de se disputer les titres olympiques. Cependant, dans les territoires de montagne, la neige est aussi un élément redouté par les automobilistes, souvent des touristes, peu habitués à circuler avec des conditions météorologiques difficiles. Afin de rassurer les téléspectateurs et les potentiels spectateurs de l'événement, ce reportage souhaite démontrer le savoir-faire des services dans la gestion et l'entretien de la route en période hivernale. De nombreux plans sur les engins en marche, déblayant la neige, rappellent le rôle essentiel de ces machines et l'importance de la technique – ici parfaitement maitrisée – dans les opérations de déneigement. La mécanisation est en effet à l'origine des plus importants bouleversements des pratiques au sein de ces territoires. Pour certains, elle constitue même la réponse à un enclavement supposé des populations de montagne.

Dans ce reportage, les engins portent la mention des Ponts et Chaussées, service historique qui a entretenu la route pendant des décennies, même si depuis 1966 la viabilité hivernale a été confiée au nouvel organisme naissant : la Direction Départementale de l'Equipement (DDE) (1). A l'aide de nombreux plans fixes, la caméra s'attarde longuement sur le fonctionnement des machines, et le journaliste explique le processus mis en œuvre : technique de pré-salage, fonction de la lame biaise et du rabot déneigeur etc. Ces récentes évolutions mécaniques, présentées dans le reportage, semblent être « entre de bonnes mains » et permettent d'envisager une pratique à grande échelle du déneigement.

La dernière partie du reportage est dédiée à l'interview de Monsieur Maisonnier, ingénieur des Ponts et Chaussées et responsable du déneigement à Chamrousse. Il insiste sur la nécessité d'assurer un déneigement rapide pendant les JO puisque de nombreux convois de cars, transportant les touristes jusqu'à la station de ski, vont circuler quotidiennement sur cette route. Face à une société qui n'accepte plus désormais la possibilité de risque en montagne, le déneigement d'hiver est devenu au fil du XXe siècle un signe de la modernité, ce que tend à montrer ce reportage. La route est en effet partie prenante des enjeux associés à l'économie touristique récente dont elle est un vecteur essentiel, notamment pour les territoires de montagne, parfois reculés. Le tourisme a fait de la circulation routière continue une question primordiale ces dernières décennies. Les routes doivent garantir un accès quasi permanent aux villes et aux stations de ski de la région, quel que soit le temps. L'afflux très important des touristes en période hivernale, et plus encore pendant les Jeux, est donc une condition majeure de la vie économique locale. Il faut impérativement assurer des déplacements sécurisés comme en témoigne les propos du journaliste « voilà d'ailleurs comment les responsables pratiqueront pour avoir toujours des routes impeccables », le mode de vie normalisé et urbanisé participant à faire augmenter les exigences des usagers. Les mesures mises en place afin de maintenir « la route au bitume », expression de Monsieur Maisonnier, sont révélatrices de changements profonds au sein de la société française. Aujourd'hui, les usagers de la route, qu'ils soient habitants ou touristes, ont non seulement le besoin impératif de circuler toute l'année mais de le faire dans des conditions optimales. Actuellement, de nombreux progrès ont eu lieu notamment dans le domaine des prévisions météorologiques. Ces dernières permettent une meilleure anticipation, garante d'une gestion plus efficace sur le terrain. Cependant, la neige demeure un élément incontrôlable que la maitrise technique n'est pas toujours en mesure de pallier.

(1) La DDE est issue de la même administration et est née de la réorganisation des services en 1966.

Stéphanie Rouanet

Transcription

Guy Laurent Chenine
Ce paysage est celui que désiraient voir déjà depuis de longues semaines les skieurs de l’équipe de France, et bien entendu, tous les amoureux des sports de neige. Elle est enfin venue, celle qui permettra aux meilleurs spécialistes mondiaux de se disputer prochainement les titres olympiques dans les Alpes françaises. Cette neige, tant désirée par les skieurs est, hélas, redoutée des automobilistes, mais pour les prochains jeux de Grenoble, rassurez-vous, tout est prévu. Voilà d’ailleurs comment les responsables pratiqueront pour avoir toujours des routes impeccables.
Alain Chaboud
Prévenus par la météo, les services des Ponts et Chaussées procèdent d’abord à un pré-salage, c’est-à-dire qu’à l’aide d’une saleuse automatique, une dose de vingt à trente grammes de sel et d’autres produits fondant par mètre carré est répandue sur la chaussée. Lorsque la chute de neige se produit, le sel, déjà en place, ramollit la neige. C’est alors qu’intervient un tracteur, équipé à l’avant d’une lame biaise et à l’arrière d’un rabot déneigeur. La lame biaise rejette la neige en bourrelets sur le bord de la chaussée et le rabot déneigeur, muni d’une lame de caoutchouc qui épouse toutes les formes de la route, racle la chaussée jusqu’au bitume. Enfin, pour parachever l’oeuvre, la chaussée est calibrée à l’aide d’une fraise qui édifie un véritable mur de neige.
(Bruit)
Alain Chaboud
Cette technique que nous venons de voir, Monsieur Maisonnier, vous êtes ingénieur des Ponts et Chaussées et responsable du déneigement à Chamrousse, c’est vous-même qui l’avez mise au point avec vos collègues, quel en est le principal avantage ?
Monsieur Maisonnier
Et bien, ce n’est pas un avantage, c’est une nécessité, car il faut assurer un déneigement rapide dans, à l’intérieur d’un convoi de cars, de l’ordre de 600 à 800 cars qui transporteront des spectateurs dans la station.
Alain Chaboud
Oui, il faut rappeler que les spectateurs seront transportés par cars, vous venez de nous le dire. Et ces cars se, montent à Chamrousse et aux stations par groupe de trente. Et il faut donc que le déneigement soit effectué entre ces groupes de trente.
Monsieur Maisonnier
Evidemment, nous, nous passons dans le cas le plus défavorable, c’est-à-dire qu’il neige sans arrêt pendant le transport des spectateurs. Donc les, nos engins effectueront le travail que vous avez exposé au fur et à mesure de la montée des cars. Et ils vont monter à une vitesse de l’ordre de 30 à 35 kilomètres à l’heure et nos engins iront à la même allure.
Alain Chaboud
Et en une heure donc, la route entière de Chamrousse sera dégagée.
Monsieur Maisonnier
C’est exact !
Alain Chaboud
Alors, nous pouvons être optimistes pour la période des jeux, la route sera dans un état impeccable ?
Monsieur Maisonnier
La route doit être au bitume pour permettre aux convois de cars d’aller à l’allure que nous avons donnée, c’est-à-dire, 30 à 35 kilomètres à l’heure.