Canons à neige et manque d'eau : exemple à La Clusaz

14 février 2011
02m 01s
Réf. 00011

Notice

Résumé :

Reportage sur les stations de ski qui souffrent de la sécheresse en montagne et doivent produire de la neige artificielle. La matière première de cette neige de culture est l'eau. Exemple à La Clusaz, où la neige de culture est utilisée depuis 1992. Des retenues d'eau ont été conçues pour alimenter les canons. Bien qu'elle soit récupérée en suivant un protocole, l'eau pompée se raréfie également.

Date de diffusion :
14 février 2011
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Éclairage

La neige de culture est apparue au début des années 1990. Jusqu'alors les reportages sur les canons à neige balayaient les inquiétudes en mettant en avant les résultats plutôt rassurants des études scientifiques. Les journalistes contrebalançaient également les effets quelque peu perturbants sur la végétation en montrant que cette neige artificielle permettait de maintenir une activité pour les stations de moyenne altitude (environ 1200m) et de sauver des emplois ; mieux encore, ces fabricants, spécialistes du froid industriel, étaient Français.

Ce reportage est intéressant car il comporte deux parties : une vidéo sur une station de Haute-Savoie, La Clusaz (1200m d'altitude) avec l'interview du directeur des remontées mécaniques, Pierre Lestas (également président des domaines skiables de France), et l'interview de Jean Peytavin, responsable Ressources en eau à l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse.

La première partie, sur fond d'images, explique que les stations souffrent à cause de la sécheresse et du manque de neige. Celles-ci connaissent des difficultés à satisfaire les vacanciers qui demandent sans cesse des domaines plus larges et bien enneigés. Cette vidéo démontre alors que l'utilisation de cette neige de culture est une nécessité économique : « les vacances de février représentent 40% du chiffre d'affaires de l'année » ! Le directeur des remontées mécaniques rassure le téléspectateur en expliquant que les retenues d'eau spécialement conçues pour alimenter ces canons à neige respectent un protocole, mais rien dans la vidéo ne nous explique de quel protocole il s'agit.

Une fois la vidéo, plutôt encenseuse, terminée, le journaliste enchaine avec la deuxième partie du reportage : l'interview d'un responsable Ressources en eau de l'Agence de l'eau. Le discours est tout autre : on sent une inquiétude non pas sur les réserves en elles-mêmes mais sur la façon dont elles sont alimentées et quand elles le sont. Ainsi le pompage est fait la plupart du temps dans de petits ruisseaux, mettant de ce fait en péril le milieu aquacole ; il est également réalisé lors de périodes critiques pour les nappes phréatiques.

L'interview se termine sur une note alarmante : les canons absorbent « 20 millions de m3 » d'eau. Ce chiffre n'est peut-être pas très parlant mais il représente la consommation d'eau potable d'une ville entière : celle de Grenoble ! Il est à noter qu'en moins de sept ans la consommation d'eau pour cette neige de culture a été multipliée par deux (cette consommation était de 10 millions de m3 en 2004).

Véronique Favre-Bonté

Transcription

Christian Deville
On va reparler de la sécheresse en montagne et haute montagne avec les stations de ski qui souffrent pour offrir aux vacanciers un domaine skiable suffisant. Elles ont dû produire depuis le début de l’hiver, de manière intensive, de la neige artificielle. La matière première de cette neige de culture, c’est l’eau, qu’il faut gérer de manière très stricte. Exemple à La Clusaz, avec Jean-Christophe Pain et Delphine Aldebert.
(Bruit)
Jean-Christophe Pain
La Clusaz, le massif de l’Etale, 1200 mètres d’altitude en bas de la piste, situation critique sans la neige de culture qui s’est imposée ici dès 1992.
Pierre Lestas
Si nous n’avions pas réalisé ces investissements, évidemment aujourd’hui, ce secteur serait fermé et les personnels seraient au chômage partiel.
Jean-Christophe Pain
30 salariés rien que dans ce secteur. Aujourd’hui les canons sont à l’arrêt parce que l’enneigement minimal est assuré, nous affirme le directeur des remontées. Mais pour cela, il a fallu vider ou presque les retenues d’eau comme celle-ci, spécialement conçues pour alimenter les canons.
(Bruit)
Pierre Lestas
Il reste malgré tout une capacité de 8000 mètres cubes pour régler les points, les points sensibles.
Jean-Christophe Pain
8000 sur un total de 200 000 mètres cubes d’eau, pompée dans les rivières au printemps indépendamment du réseau d’eau potable et selon la réglementation en vigueur.
Pierre Lestas
Il existe des, un protocole, je vous l’ai dit, et des objectifs de production, cela dit, nous les avons déplacés, dépassés en lien avec la préfecture qui a, qui nous a permis de remplir, d’assurer des compléments au mois de janvier parce qu’à cette époque-là, les débits des cours d’eau étant extrêmement, extrêmement importants.
Jean-Christophe Pain
La Clusaz dispose juste de la petite réserve nécessaire pour fiabiliser le produit, selon le jargon du métier, assurer les vacances de février, 40% du chiffre d'affaires annuel, telle est la priorité. Mais pour actionner à nouveau les canons, il faudra que le froid revienne, moins 4, moins 5 degrés, peut-être cette semaine ?