Le domaine des Portes du soleil

25 janvier 2003
04m 40s
Réf. 00044

Notice

Résumé :

Le reportage présente le domaine skiable des Portes du soleil, composé de 14 stations (6 stations suisses et 8 stations françaises), 210 remontées mécaniques et plus de 100 000 lits. De nombreux contrôles sont effectués aux frontières car les skieurs passent de la Suisse à la France. Le domaine est confronté aux différences entre les deux pays d'un point de vue culturel, mais aussi réglementaire.

Date de diffusion :
25 janvier 2003
Source :
FR3 (Collection: Alpes 3 )

Éclairage

Le reportage, présenté au Journal de France 3 Alpes en 2003, s'ouvre sur une présentation élogieuse et de superbes images, au travers de nombreux travellings et panoramiques, sur les sommets les plus prestigieux du domaine skiable des Portes du Soleil. Localisé sur la frontière franco-suisse (à cheval entre le département de la Haute-Savoie et le Canton du Valais), ce regroupement transfrontalier de stations implique une gestion complexe qui est exposée par le biais d'interviews d'acteurs : élu, pisteur, douanier, directeur de remontées mécaniques. Aujourd'hui, le domaine des Portes du Soleil compte 12 stations et non 14 comme indiqué dans le reportage, du fait d'un regroupement de trois stations suisses en une (Val d'Illiez / Les Crosets / Champoussin). Le nombre de remontées mécaniques a diminué passant de 220 en 2003 à 195 en 2014, car les infrastructures ont été modifiées pour permettre d'augmenter le débit des passagers transportés. Ainsi, les téléskis plus lents sont remplacés par des télésièges ; les télésièges anciens sont quant à eux remplacés par des télésièges débrayables avec un nombre de sièges plus important et surtout des installations plus rapides. En revanche, l'étendue de ce vaste domaine skiable n'a pas changé (400 km2).

A en croire Georges Marietan, le maire de Champéry, commune suisse, la raison de ce « mariage » serait historique : la tradition de contrebande développée entre la Suisse et la France dans les années 1940/1950. Ne serait-ce pas plutôt un « mariage de raison », une alliance économique fructueuse ? Le maire complète son propos en indiquant que cela permettait de « voir beaucoup plus grand en particulier du côté suisse ». Les retombées économiques de cette alliance sont évidemment fructueuses pour les partenaires, qui se sont alliés sur d'autres types de produits touristiques hors neige, notamment pour la saison estivale.

Comme le souligne le commentateur, la Suisse a « un pied dans l'Europe, un pied en dehors », cette phrase est d'autant plus vraie depuis son entrée dans l'Espace Schengen, en décembre 2008. En 2003, période de tournage, les contrôles d'identité sont relativement fréquents, de l'ordre d'une fois par semaine, bien que le douanier helvète les juge occasionnels. Cette adhésion garantit la libre circulation des personnes aux frontières, cependant, elle n'exclut pas les contrôles aléatoires notamment de marchandises. C'est pourquoi, on croise parfois encore des douaniers sur les pistes du domaine des Portes du Soleil. En revanche, cela n'a changé en rien le fonctionnement des engins d'entretien des pistes qui restent soumis à des déclarations préalables, où les normes de sécurité dont la réglementation reste spécifique à chaque État.

Le système de répartition des recettes de vente des forfaits est très pointu, il se base sur la fréquentation des installations, mais aussi sur des règles complexes en fonction du type d'appareils, ceci pour encourager les stations à investir en faveur de nouvelles installations plus performantes. La mise en place de forfaits magnétiques a grandement contribué au développement du système de répartition, dans la mesure où il permet de compter les passages des skieurs. Le reportage montre d'ailleurs des images de ces machines.

Le journaliste pointe avec une certaine ironie les différences de cultures entre les pays ; il se plaît à rapporter les paroles du directeur de Télé Morgins, Jacques Nantermod, caricaturant les retards aux réunions des Français face à la ponctualité suisse qui montrent que les regroupements ne font pas disparaître les anciennes rivalités ou tout du moins les anciennes méfiances. Ces traces tiennent cependant plutôt du folklore face à l'économie générée par cette structure. En 2013, l'économie globale des Portes du Soleil représente entre 600 et 700 millions d'euros, été et hiver. Ce chiffre d'affaires justifie aussi le terme de « géant » utilisé au début du reportage pour présenter ce domaine skiable.

Lauranne Jacob

Transcription

Fabrice Liegard
Alors sur le toit de nos Alpes toujours, il existe un autre mariage, apparemment heureux lui aussi, un mariage plus ancien que celui que nous venons de voir. Sur la frontière franco-suisse, et bien, c’est encore la neige qui est à l’origine d’une union qui a largement dépassé les frontières. Une union féconde, puisqu’elle a donné naissance à l’un des géants des Alpes, le domaine de ski des Portes du Soleil.
(Musique)
Fabrice Liegard
L’empreinte des géants, 14 stations, 210 remontées mécaniques, plus de 100 000 lits, là, à tutoyer le bleu du ciel, les portes sont grandes ouvertes depuis 40 ans maintenant. Oui, ici à deux pas du soleil, mais au confin des étoiles du drapeau de l’Europe.
Guy Kawezinski
On est cerné par la Suisse là, tout ce qui est autour, c’est Suisse, voilà. Et de ce coté, tout ce qu’on voit là, c’est français.
Fabrice Liegard
Le rêve de quelques-uns au début des années 60 est devenu réalité, qu’elles s’appellent Morgins ou Champéry coté helvète, Avoriaz ou Châtel côté français, six stations suisses et huit françaises roulent sous la même bannière.
Georges Marietan
Le besoin s’est fait sentir du côté suisse, et je pense qu’il y a une raison historique par le fait que nous avons, du côté suisse, une longue tradition de contrebande. La contrebande était une activité très répandue dans les périodes de 40-50. Beaucoup de Suisses se sont familiarisés avec la partie française à cette époque et se sont dit que pour le ski, finalement, ces pentes devaient aussi servir et permettre de créer un domaine skiable qui, permettait en tout cas, du côté suisse, de voir beaucoup plus grand.
(Bruit)
Fabrice Liegard
Un pied dans l’Europe, un pied en dehors. C’est ce qui vaut aux skieurs des Portes du Soleil de rencontrer fréquemment, au départ des télésièges, des hommes en bleus qui tournent parfois à gris verts à l’arrivée.
Inconnu 1
Hollandais !
Jean Moix
Hollandais ! Oui.
Fabrice Liegard
Dites-moi, les contrôles, ça ne rigolent pas ici !
Jean Moix
Non, c’est du contrôle tout à fait normal qu’on fait ; on vient occasionnellement, une fois par semaine. Au départ de chaque station, c’est bien spécifié que tout skieur doit avoir ses papiers d’identité.
(Bruit)
§Jean-Pierre Calvet
La contrainte des Portes du Soleil, c’est que toute cette organisation se fait sous contrôle des douanes. C’est-à-dire que les douanes sont là, bien sûr, pour contrôler les échanges, que ce soit les échanges de personnes ou les échanges de matériels. Pour le matériel qui passe la frontière d’une façon permanente, c’est-à-dire, par exemple les dameuses, on fait une déclaration préalable en début de saison. C’est-à-dire quoi une déclaration préalable ? On déclare le matériel, son numéro de série, son numéro de châssis. Mais par contre, chaque fois que nous avons à passer la frontière occasionnellement, nous faisons une déclaration à chaque fois, journalière.
Fabrice Liegard
Idem pour les télésièges ou téléskis qui franchissent la frontière. Doit-on se référer aux normes de sécurité suisses ou françaises ? Avant la construction de ce télésiège, par exemple, la question est restée en suspend pendant 2 ans ; le temps de fructueux débats entre les administrations des 2 pays. Mais tout arrive à qui sait attendre, les représentants des stations suisses à l’association du domaine des Portes du Soleil en savent quelque chose.
Jacques Vantermod
Oui, il n’est pas rare qu’en début de séance on ne soit qu’entre Suisses, alors que les réunions ont lieu en France, au début il n’y a que les Suisses.
Fabrice Liegard
C’est le choc des cultures alors, entre France et Suisse ?
Jacques Vantermod
C’est assez…, bon maintenant, on l’habitude depuis le temps qu’on y est, c’est vrai, mais il y a quelques différences, il faut le reconnaître.
Fabrice Liegard
Si l’on blague volontiers sur la ponctualité suisse, on ne rigole pas, en revanche, avec les gros sous. Les Portes du Soleil, c’est un chiffre d’affaires de 100 millions de francs suisses, environ 70 millions d’euros. De millions qui passent et repassent la frontière environ cinq fois dans l’année, répartition des recettes oblige.
Jacques Vantermod
Il peut y avoir parfois jusqu’à 20 à 30% de la recette qui passe d’un pays à l’autre, d’une station à l’autre, en fonction de la répartition qui, comme vous le savez, est basée sur les passages. Alors de bonnes pistes amènent du monde sur une station, donc, il y a peut-être une station qui perd un peu. A la fin du décompte, c’est les masses qui transitent entre les pays ou entre les stations.
Fabrice Liegard
Petit domaine aura mis 40 ans, cette année, à devenir grand, géant même. 400 kilomètres carré aux portes de l’Europe, du grand blanc.