La fête de la transhumance à Die

26 juin 1993
02m 29s
Réf. 00081

Notice

Résumé :

Le reportage présente le passage par Die, dans la Drôme, de 2200 moutons venus de Saint Martin de Crau en camion pour se rendre dans les pâturages des plateaux du Vercors, qui sont très prisés. Les troupeaux sont confiés à un berger jusqu'au mois d'octobre. Une fête accompagne ce rituel annuel qui attire de nombreuses personnes. Cette fête de la transhumance est devenue une tradition à Die.

Date de diffusion :
26 juin 1993
Source :
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Éclairage

Le reportage du JT Rhône Alpes soir, diffusé le 26 juin 1993, plonge directement le spectateur au cœur du sujet : la 3ème édition de la fête de la transhumance à Die. Temps fort de l'événement, la caméra filme les milliers de moutons qui traversent les rues de la commune, sous le son des sonnailles. La foule, composée de badauds et de touristes, appareils photos et caméras en bandoulière, est avant tout familiale. Fête populaire, elle « a une nouvelle fois connu un franc succès ». En effet, depuis 1991, à l'occasion de la montée en alpage des troupeaux, Die célèbre la transhumance. Cette fête a été initiée par de nombreux acteurs scientifiques et culturels (1), en collaboration avec des professionnels de l'élevage, qui souhaitaient rendre compréhensible aux yeux du grand public cette activité de transhumance et montrer ainsi la richesse des savoir-faire pastoraux.

Die est en effet au cœur d'une zone de grandes transhumances, et, à l'arrivée de l'été, les bêtes montent sur les hauts plateaux du Vercors pour se nourrir d'une herbe bien grasse après la fonte des neiges. Elles en redescendent entre septembre et novembre, avant que l'hiver arrive à nouveau.

L'événement est aussi l'occasion pour les nombreux commerçants de vendre sur les étals des marchés les produits du terroir dont la fameuse Clairette. Afin d'illustrer ce phénomène, le reportage s'attarde sur un marchand tout sourire, entouré d'une foule de touristes. L'afflux des visiteurs contribue en effet à dynamiser les commerces et l'artisanat local mais aussi à remplir les lits touristiques en permettant un élargissement de la saison. La valorisation de ce patrimoine constitue désormais une voie d'avenir pour le développement local de ces territoires ruraux. Ce levier économique, à travers la « mode » croissante de l'agrotourisme auprès des urbains, pose la question de la reconversion de ces territoires . Cette « mise en patrimoine » sera d'ailleurs reconduite en 1997 avec la 1ère édition de la fête de la clairette.

Cependant, la multiplication de ce type d'événement peut entrainer une tendance à la « folklorisation », prétexte au développement d'animations locales. Le reportage, d'une certaine manière, y participe. L'une des dernières séquences montre, sous un soleil radieux, des personnes assises autour d'une table, célébrant l'événement autour d'un verre. Cette ambiance « buvette » est là pour nous montrer que l'atmosphère est détendue, conviviale et familiale, le monsieur en chapeau, foulard rouge et chemise semble avoir revêtu un habit traditionnel. La journaliste insiste, l'objectif est de « rassembler les gens autour de ce qu'ils ont en commun, l'envie de faire la fête » et de « rappeler à tous une tradition qui disparait ».

Afin d'éviter l'écueil d'un regard passéiste et nostalgique sur cette tradition, il est important de montrer que la profession reste « vivante » et qu'elle constitue un phénomène économique et social important. Pour ce faire, une maison de la transhumance a été créée en 1997 pour continuer de soutenir les éleveurs, sensibiliser le public et produire de la connaissance . Cependant, rien ne remplace la nécessité d'interventions économiques dans ce domaine. Le reportage n'évoque que très brièvement ces aspects « une profession qui souffre et qui vit essentiellement des subventions [...]», mais là n'est pas l'objet du reportage puisque la journaliste ajoute « [...] mais qui garde le sourire ». Véronique Christophe, éleveuse, est interviewée et rappelle les conditions de sa profession. Elle ne s'ennuie jamais, « il y tant de choses à voir », même si elle évoque aussi la pénibilité du travail et ses contraintes. Le reportage ne fait également pas état des enjeux actuels de la profession tels que la présence du loup, source de conflit entre les éleveurs et les mouvements écologistes.

Il s'achève sur un panorama des sommets du Vercors puis sur la commune de Die. En parallèle, la journaliste évoque l'association Drailles et ses actions en faveur des bergers.

(1) Dont André Pitte et Jean Claude Duclos

Pour aller plus loin :

- Blog La Buvette des Alpages

- Voir les objectifs la maison de la transhumance

Stéphanie Rouanet

Transcription

Marie Martine Chambard
Des animaux bien pacifiques à présent, ne dit-on pas doux comme un mouton ? Et bien, la transhumance, c’est le bien le signe que l’été s’installe. La montée des troupeaux de moutons des plaines des Bouches-du-Rhône vers les plateaux du Vercors a été l’occasion, pour la troisième année consécutive, d’une grande fête à Die hier soir et ce matin. Une fête qui rend cette tradition pastorale visible à l’heure où les transports d’animaux ne se font plus guère qu’en camions.
(Bruit)
Olivia Delpau
Si le petit Prince avait été là, nul doute qu’il aurait enfin compris à quoi ressemble un mouton. Un troupeau de 2200 bêtes, arrivé ce matin en camions de Saint-Martin-de-Crau, a déambulé dans les rues de Die pour la troisième année consécutive. La fête de la transhumance a une nouvelle fois connue un fort succès. Impossible de compter le nombre impressionnant d’appareils photos et vidéos en action. Une ambiance et un charme touchants, comment vous dire.
Inconnu
Pour moi, qu’est-ce c’est la fête de la transhumance ? C’est des moumou, c’est des moumou, c’est des moutons.
Olivia Delpau
Mais aussi des bergers et des éleveurs, pour qui les alpages du Vercors sont un lieu d’estivage très recherché. Ce voyage de la plaine à la montagne est indispensable aux éleveurs des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, du Diois et du Trièves, qui n’ont pas suffisamment de terrains. Ils confient leurs troupeaux à un berger jusqu’au mois d’octobre. Une profession qui souffre et vit essentiellement de subventions, mais garde cependant le sourire.
Véronique Christophe
Il y a quelques années, on se demandait si vraiment les gens avaient encore besoin de nous. Et de voir qu’il y a tant de foule qui vient chaque année de plus en plus, et puis on se dit, ben, on a quand même une raison d’être encore quoi, on doit continuer à exister.
Olivia Delpau
Exister, conserver des troupeaux, perpétrer une tradition, c’est bien là la seule vocation de ce rendez-vous. Rassembler les gens autour de ce qu’ils ont en commun, l’envie de faire la fête, histoire de rappeler à tous une tradition qui disparaît, plus qu’un métier, une seconde nature.
Véronique Christophe
Demain, j’irai garder pour me détendre et dans les brebis, ben, on oublie tout. On y est, on a le…, je ne sais pas, mais on a le plaisir d’être là dans la nature, on ne s’ennuie jamais. Les gens me disent, mais tu ne t’ennuies pas ? Mais non, pourquoi je m’ennuierais, il y a tant de choses à voir. Alors, il y a, bien sûr qu’il y a des jours que ce n’est pas marrant, qu’on en a marre, qu’on ne peut jamais sortir, que les bêtes c’est dur, que c’est un métier qui est très dur physiquement, il faut sortir par tous les temps ; mais en même temps, on a ce plaisir, on a le plaisir aussi au moment de l’agnelage, c’est vivant.
Olivia Delpau
Si ça, ce n’est pas de l’amour, je n’y comprends plus rien. Le troupeau sera demain dans les alpages pour se gaver d’herbes grasses pendant quatre mois. En attendant, l’association Drailles vous propose tous les mercredis soir de l’été de vivre l’intimité des bergers.