L'envers des Sables

05 novembre 2004
06m 37s
Réf. 00204

Notice

Résumé :
René Clouteau, natif des Sables d'Olonne, a entrepris d'y faire revivre les anciennes salines. Il aime aussi sa ville dont il nous fait découvrir ses quartiers : celui de la Chaume, autrefois occupé par les marins et pêcheurs, considéré aujourd'hui comme le coeur des Sables et celui de l'Île Penotte, aux ruelles décorés de mosaïques de coquillages.
Type de média :
Date de diffusion :
05 novembre 2004
Personnalité(s) :

Éclairage

Le pays d’Olonne possède une histoire très particulière, entre sable, vase, terre et mer. La mer en a été le principe primitif de création. C’est elle qui a accroché aux rochers de La Chaume les sables qui ont d’abord donné naissance à une île. Du bras de mer qui la séparait du continent, il reste le port actuel et les bassins qui conduisent, au marais situés au nord, entre l’Ile d’Olonne et les plages de la côte. La Chaume s’est développée à partir du XIIe siècle, autour du prieuré Saint-Nicolas, à l’initiative du seigneur Savary de Mauléon. Le quartier a préexisté aux Sables d’Olonne. Le sel a été la première richesse économique de la région. Puis la pêche a pris le relais, les morutiers d'abord et, plus tard, les bateaux de pêche au thon et à la sardine. Ces poissons étaient mis en boîte dans 14 conserveries, dont 12 implantées à La Chaume. Les travailleurs de la mer, les marins, les pêcheurs vivaient dans le quartier de la Chaume, ce qui explique en partie l’identité très forte qui subsiste autour de ce quartier. Le reportage tourné dans les pas d’un enfant du pays, en 2004, s’appuie sur une mémoire locale très consciente de l’histoire de ces différents quartiers.
Dans les ruelles et les bistrots du quartier de la Chaume, c’est ainsi toute l’identité chaumoise qui se révèle. Les natifs ne se saluent-ils pas d’un « comment vas-tu frère ! » bien authentique ? René Clouteau a grandi ici. Surnommé « Bec d’anguille » quand d’autres étaient chaffrés (surnommés) « Mache-croûte » ou « Bifteck », il fait partager le caractère particulier du bourg. Il parcourt les ruelles, dont le dessin sinueux était dédié à briser le vent. Elles abritent selon lui un mode de vie très spécifique, une sociabilité fondée sur le proximité de maisons basses, séparées de murs plus destinés à briser le vent qu’à dissimuler leurs occupants des regards indiscrets. C’est à partir du rocher où s’est développé La Chaume que Les Sables d’Olonne, dont le site n’était qu’une dune jusqu’au XVe siècle, ont pu se développer. Cette genèse de la ville, ancrée dans l’histoire de leur quartier, fait la fierté des Chaumois.
Une fois franchi le bras de mer médiéval, qui est aujourd’hui le chenal d’accès au port, la quiétude du quartier de La Chaume laisse place à l’animation de la sous préfecture de Vendée, Les Sables d’Olonne, port de pêche moderne et station balnéaire. Pourtant, nichées en centre-ville, à quelques mètres de la plage, au détour de ruelles étroites et biscornues, les maisons sont décorées de mosaïques faites de coquillages multicolores. Oeuvre d'une artiste locale Mme Arnaud-Aubin, ces mosaïques de coquillage de l'Ile Penotte offrent aux visiteurs l’agrément d’une performance artistique inscrite à la fois dans le style balnéaire et dans un art de vivre traditionnel, où il fallait savoir prendre son temps.
C’est en mariant mémoire et temps présent que René Clouteau a décidé de faire revivre les salines du pays d'Olonne, enfouies sous des tonnes de limon et d'argile après que les ostréiculteurs aient déserté « la Chnoue » (le chenal, en patois local).  Il a fallu restaurer les vieux chemins, les bassins et leur réseau hydraulique abandonnés en 1955 par les derniers sauniers alors que ces marais salants étaient attestés à l’Olonne depuis le Moyen Âge. Au XVIIe siècle, les morutiers locaux (une centaine de navires) en ont été les principaux clients. La passion de René Clouteau pour son petit pays a été finalement bien récompensée : en 2015, il a été fêté comme il se doit à l’occasion des 30 ans des salines du Pays d’Olonne. Le renouveau des salines a restauré le trait d'union perdu entre Les Sables d'Olonne et Olonne-sur-mer, et il est parvenu à fusionner modernité et histoire, défense de l'environnement et pédagogie, tout en recréant une activité chargée d’une forte symbolique et d’une importante empreinte mémorielle.
Thierry Sauzeau

Transcription

Journaliste
Voilà, alors Georges, je suis sur l’eau, sur le chenal qui coupe la ville en deux. Derrière moi Les Sables et devant le quartier de la Chaume, le coeur véritablement des Sables-d’Olonne. Alors, pour y accéder, soit on fait tout le tour, ce qui est un peu compliqué, soit on emprunte ce petit bac très pratique pour les Sablais qui vous dépose directement au pied de ce quartier très pittoresque. Autrefois, c’était le fief des marins et des pêcheurs, aujourd’hui, un enfant du pays a redécouvert sous la vase un trésor enfoui, l’or blanc d’Olonne.
bruit
(bruit)
René Clouteau
Elle s’échappe un peu, un peu de, fleur de sel revêche, parce qu’elle fuit un petit peu devant l’outil, alors évidemment, elle est peut-être bien dans son milieu, alors elle se défend, mais je l'aurai.
Journaliste
Quand René a décidé de faire revivre les salines du pays d’Olonne, elles étaient enfouies sous des tonnes de limon, abandonnées depuis près de 50 ans. Il a fallu fouiller, retrouver les vieux chemins à la recherche du passé.
bruit
(bruit)
René Clouteau
Au Moyen-âge, on peut dire que le sel dans le pays d’Olonne, c’était la première richesse avant la pêche. Et cette économie du sel était prise par les maraîchers, qui avaient un pied dans la terre à faire leur culture, et l’été, un pied aussi sur le marais. La perle de la ville est cachée dans le fond, comme dans les petites ruelles de la Chaume. Et c’est vrai que c’est le d’antan. La vie ici, aujourd’hui, avec ces couleurs, n’a pas changé depuis des siècles.
musique
(musique)
Journaliste
Au XVIIe siècle, grâce au sel du Pays d’Olonne, 100 navires morutiers mouillaient dans le port des Sables. Puis, la morue a laissé la place à la sardine et au thon. Les travailleurs de la mer, les marins, les pêcheurs, habitaient le quartier de la Chaume. La Chaume, c’est le berceau de la cité, un éperon rocheux autour duquel se sont dessinées les Sables-d’Olonne. Au siècle dernier, on y trouvait encore 12 des 14 conserveries de la ville. C’est vrai que les vieux pêcheurs le désertent un peu, mais le quartier a gardé leur marque. Ici, on n’est pas Sablais, on est Chaumois.
bruit
(bruit)
René Clouteau
Quand on rentre dans un bistrot de la Chaume, l’exclamation, c’est souvent ça va-t-y frère, voilà. Donc, on est, on est des gens on est entre nous et c’est vrai que y'a de la franchise prône sur les quais de la Chaume.
bruit
(bruit)
René Clouteau
On est Chaumois si on est né à La Chaume, voilà.
Journaliste
On ne devient pas Chaumois.
René Clouteau
On devient amis, on devient camarades mais on n’est jamais Chaumois si on n’est pas né à La Chaume.
musique
(musique)
Journaliste
C’est là qu’il a grandi, le petit René, dans la commune libre de La Chaume. A l’époque, on l’appelait Le petit bec d’anguille. Aujourd’hui encore, tout le monde a son petit nom, la Fouine, Mache-croûte, Beefsteak, et les ruelles aussi. On peut descendre vers le port, les yeux perdus dans la Rue des Regards, ou s’égarer dans la Rue de l’Amour, pour finir dans la Rue des Soupirs. Elles sont si étroites, ces ruelles, qu’elles ne sont que des lieux de passage. Les gens, eux, vivent derrière les murs de pierres, à l’abri des regards.
René Clouteau
Ils aiment se cacher derrière les murs mais les portes sont souvent ouvertes, et c’est une communauté de gens qui vivent quand même très près les uns des autres, les murs n’y changent pas grand-chose. C’est un endroit aussi de rencontre, on ne peut pas rater celui qui vient en face, on ne peut pas croiser quelqu’un dans une ruelle de La Chaume et ne pas lui dire bonjour, même si on ne le connaît pas. Donc, automatiquement, l’espace crée la convivialité.
bruit
(bruit)
Journaliste
Etre Chaumois, cela n’empêche pas de quitter de temps à autre sa presqu’île et ses ruelles étroites pour rejoindre Les Sables, le plus grand quartier de la ville. Il faut alors traverser le petit bras de mer qui sépare les deux rives. Il y a très longtemps, cet autre quartier était une dune de sable entourée par la mer. Aujourd’hui, elle n’est plus ouverte sur l’océan que d’un seul côté et pour y arriver, il faut traverser l’île Penotte, un vieux quartier coincé entre le port et la plage et recouvert de coquillages.
musique
(musique)
Intervenante
Je vais faire un cerf-volant parce que l’oiseau ne me plaît plus. Il est un peu raide, alors là, je vais faire une petite fille, ce sera un cerf-volant.
bruit
(bruit)
Intervenante
Ça fait bien cheveux, ça !
bruit
(bruit)
Intervenante
Ça, ce sont des verres usés recouvrant les rochers. Il n’y a jamais la dimension qu’il faut. C’est là.
Journaliste
Alors là, c’est plutôt les coquillages qui viennent d’abord ou c’est l’idée qui vient d’abord, comme ça se fait ?
Intervenante
Ecoutez, c’est toujours, écoutez, moi, je le dis, c’est une histoire d’amour entre l’idée et le coquillage. J’ai beaucoup de coquillages dans des boîtes, bon, et puis, je n’en ai pas envie, et après, des fois, j’ai une idée et je n’arrive pas à décoller parce que je n’ai pas le coquillage. Alors, ce qui est bien, je vais me promener et il suffit que je trouve deux coquillages, par exemple, qui vont faire deux yeux, et là, ça y est, ça démarre, quoi !
musique
(musique)
bruit
(bruit)
René Clouteau
C’est un petit peu la mer qui rentre dans la ville par les coquillages, partout où on retrouve cette quiétude de notre ville ancienne, ce sont des endroits qui sont prisés par les gens de la Chaume et des Sables d’Olonne. C’est par-là qu’on retrouve l’âme du pays.
musique
(musique)