Un essai d'ostréiculture industrielle

23 décembre 1966
03m 17s
Réf. 00209

Notice

Résumé :
En passant d'une production traditionnelle sur ardoises à une production sur tables en sacs plastiques, l'ostréiculture des côtes vendéennes s'industrialise. Cette transformation améliorera la rentabilité et la productivité des parcs et démocratisera la consommation des huîtres dont la demande va croissante.
Date de diffusion :
23 décembre 1966

Éclairage

L’ostréiculture vendéenne est présente au nord autour de la baie de Bourgneuf (Bouin, Beauvoir, Noirmoutier) et au sud autour de la baie de L’Aiguillon. C’est une activité qui nécessite des rivages plats et des vasières qui abritent l’écosystème nourricier pour les coquillages. Jusque dans les années 1960, on y pratiquait l’élevage dit « à plat ». Les huîtres juvéniles, captées à l’état de larves sur des collecteurs disposés en mer, étaient alors importées depuis les côtes charentaises, avant d’être semées dans des parcs loués par les ostréiculteurs à l’administration maritime.
Les huîtres poussaient alors dans de véritables champs, implantés sur le domaine public maritime. Les inconvénients résidaient à la fois dans la perte éprouvée au moment des semis, dans le coût et le temps dépensés dans les opérations de manutention (les huîtres devenues adultes devaient être pêchées à la fourche) et enfin dans les risques de dispersion sous l’effet des houles de tempête.
Les années 1960 vivent l’avènement d’un mode de culture dit « surélevé », grâce à l’utilisation de poches en plastique rigide disposées sur des tables en ferraille. Les ostréiculteurs les remplissaient d’huîtres de même taille, dont ils surveillaient périodiquement la croissance et la mortalité, en gérant directement la quantité dans chaque poche. L’époque était alors à l’industrialisation des processus de production et l’on envisageait rien moins que la concentration des entreprises, sous l’effet d’une automatisation des opérations de tri et de calibrage.
Dans la réalité, seules les exploitations détenues à temps partiel par des pluriactifs du littoral, paysans ou artisans, incapables de financer les investissements nécessaires (tables en ferraille, poches) ne sont pas parvenues à passer ce cap. Si le métier adopta bientôt l’élevage surélevé qui est désormais devenu la norme, il est resté et reste encore très dépendant de ces importantes opérations de manutention et de tri manuel qui font aujourd’hui de l’huître un mets des tables de fêtes plus qu’une nourriture ordinaire.
Thierry Sauzeau

Transcription

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Journaliste
Le long de la côte vendéenne, à Bouin, à Beauvoir, à L’Aiguillon, on s’active sur les parcs à huîtres. Les fêtes de noël et du nouvel an amènent une consommation d’huîtres inhabituelle. D’année en année, la tâche des ostréiculteurs vendéens se renouvelle mais ne va-t-on pas, dans le domaine ostréicole, comme dans l’ensemble des autres secteurs de production vers une totale reconversion des techniques ? Certains en sont persuadés tel cet ostréiculteur de Beauvoir-sur-Mer connu pour son dynamisme.
Intervenant
Jusqu’à présent, l’ostréiculture était au stade artisanal. Mais je crois que elle est au tournant. Elle est au tournant et je pense qu’elle va devenir en stade semi industriel et au stade industriel dans l’avenir.
Journaliste
Cet ostréiculteur met à l’essai une nouvelle technique, on cultive l’huître sur des tables surélevées. Les ardoises fixées en hauteur voient les huîtres survivre sur les deux faces. En cas de tempêtes, le mouvement des fonds marins n’affecte pas les huîtres puisque celles-ci ne reposent pas sur le fond. Voici les huîtres mises maintenant en sac plastique, meilleure rentabilité, meilleur prix. Jusqu’ici, en effet, le naissain ramené de Charente était agglutiné sur des ardoises. Ces ardoises étaient jetées dans les parcs et la face de l’ardoise qui se couchait contre le sol devenait improductive. Les jeunes huîtres qui s’y développaient ont péri, vous le voyez parfaitement bien sur cette ardoise, de l’autre côté, il ne reste qu’une huître.
musique
(musique)
Journaliste
Huîtres industrielles, nous en reparlons maintenant.
Intervenant
Et je pense qu’on va la moderniser en faisant des cultures surélevées qui sont à l’abri des tempêtes. Et il est prouvé que lorsqu’on travaille les huîtres en culture surélevée, la pousse est environ de 25 pour 100 supérieure aux huîtres de sol. En plus de ça, ces huîtres-là auront une qualité supérieure et nous n’assisterons pas aux pertes allant de 30 à 50% que nous pourrions avoir sur les terrains.
Journaliste
Il y a évidemment un investissement de départ ?
Intervenant
Il y a là un très gros investissement de départ mais je pense que sur ce côté-là, les pouvoirs publics, les banques se rendront compte que c’est la solution d’avenir, et ils feront un effort pour aider les ostréiculteurs à refaire un métier.
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Journaliste
Le fait que les huîtres, par cette nouvelle culture, souffrent moins, sert leur croissance et l’on peut ainsi envisager de gagner un an sur le cycle habituel de quatre ans qui mène l’huître des mers de Charente aux consommateurs. Meilleur rendement avec une main d’oeuvre égale, meilleure rentabilité, l’ostréiculteur qui nous reçoit pense que l’on pourrait voir ainsi le prix des huîtres baisser de 15% à la consommation. Demeurera le problème des intermédiaires mais nous ne l’aborderons pas ce soir. L’ostréiculture, métier d’artisan sera-t-il demain en Vendée métier industriel, les investissements nécessaires conduisant aux concentrations d’entreprises, ce que nous avons vu semble probant. Déjà ces images de trieuses électriques, cette main d’oeuvre qui s’active nous dit que l’ostréiculture n’est pas à la veille de s’éteindre. Demain, l’huître doit être sur toutes les tables et non plus sur les tables des riches et jusqu’aux tables les plus modestes.
musique
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