Préparatifs de la course Transatlantique

17 juin 1972
01m 27s
Réf. 00056

Notice

Résumé :

Entraînement du favori Alain Colas et d'Eugène Riguidel, avant le départ de la course transatlantique 1972. Colas, ancien équipier d'Eric Tabarly, naviguera sur le trimaran Pen Duick IV avec lequel Tabarly avait débuté la transatlantique 1968.

Date de diffusion :
17 juin 1972
Source :

Éclairage

En 1964, Eric Tabarly remporte sa première course transatlantique avec un bateau révolutionnaire, le Pen Duick II. Plus léger, plus maniable, plus rapide, le bateau du Nantais devance assez largement ses quinze adversaires et rallie Newport (Etats-Unis) après vingt-sept jours et trois heures de navigation. Tabarly devient le marin le plus célèbre de France, une légende.

Cependant, en 1966, il n'a pas suffisamment d'argent pour engager un architecte afin de dessiner sa nouvelle embarcation : il opère seul et façonne une goélette de 17 mètres 45 avec laquelle il envisage, quatre années après son succès historique, de s'aligner dans la "Transat" de 1968. S'inspirant assez largement de son prédécesseur, le Pen Duick III est tout de même novateur, avec une coque en aluminium, une nouvelle quille et une légère inalexion de la proue. Avec lui, Tabarly remporte plusieurs courses et devance à maintes reprises ses principaux adversaires, les marins anglais. Toujours en 1968, "Pépé" - surnom que donnent ses amis à Tabarly - offre aux marins le voilier le plus surprenant de sa génération : Pen Duick IV.

En compagnie de l'architecte André Allègre, il met en chantier le premier grand multicoque de course. Il est en aluminium, mesure un peu plus de 20 mètres de long et est équipé de deux mâts ailés. Achevé dans la précipitation, afin de prendre le départ de la "Transat" anglaise, le trimaran est abordé par un cargo dès la première nuit de course. C'est Alain Colas qui le mènera à la victoire sur l'Atlantique en 1972. Né en 1943 dans une petite commune de Nevers, Alain Colas fait ses études à Auxerre, puis Dijon et Paris, où il obtient une licence d'anglais et de lettres. A l'âge de 22 ans il part enseigner à Sydney. Là-bas, il monte à bord d'un voilier et découvre une nouvelle passion : une nouvelle vie commence.

Alain Colas débute comme simple équipier de Tabarly, à bord de Pen Duick III, engagé dans la course Sydney-Hobart. Il apprend à naviguer et découvre ces bateaux étranges et imprévisibles que sont les trimarans. Mais son ambition est de devenir seul maître à bord et de participer aux plus grandes courses. Il rachète Pen Duick IV à son maître et s'engage dans le monde des affaires pour financer l'opération. En 1972, le trimaran se prépare à affronter la cinquième course transatlantique et le 17 juin, sur la ligne de départ, tous les favoris sont là : on y retrouve Jean-Yves Terlain sur Vendredi 13, Jean-Marie Vidal sur Cap 33 et donc Alain Colas. C'est lui qui arrive en tête à Newport, en pulvérisant tous les records. A 29 ans, il remporte la course la plus célèbre du monde et à son retour, il fait la une de tous les journaux. La France découvre ce marin au parcours original, spontané, dynamique et doué du sens de la communication à l'inverse d'Eric Tabarly. Rentré depuis quelques mois à peine, Alain Colas annonce à la presse sa volonté de tenter le tour du monde en solitaire. Pen Duick IV est entièrement revisité et rebaptisé Manureva. Alain Colas n'a plus qu'un seul but : franchir le Cap Horn. Il l'atteint le 3 février 1974 et finit sa course un mois plus tard, en battant de trente-deux jours l'ancien record. En 1976, les deux complices se retrouvent au cours d'une nouvelle course transatlantique. A bord de son nouveau bateau, le Club Méditerranée, Alain Colas connaît son premier grand échec : il perd, devancé par Eric Tabarly. Mais déjà, Alain Colas songe à sa revanche.

La décision est vite prise : il prendra le départ de la toute nouvelle "Route du Rhum", lancée en 1978, où seront présents les skippers de la nouvelle génération, Poupon, Peyron et autre Pajot. A nouveau à bord du vieux Manureva repeint et équipé d'un gréement neuf, il prend le départ, fragilisé par une cheville douloureuse. Des communiqués réguliers font état du mauvais temps. Le jeudi 16 novembre, à 4 heures du matin, il annonce : "dans la nuit de mercredi à jeudi, j'ai dépassé la mi-course". C'est son dernier message. Perdu quelque part au large des Açores, Manureva ne répond plus.

Symbole cruel, en 1998, soit vingt ans après la mort d'Alain Colas, son maître, Eric Tabarly, disparaissait en mer, au large du Pays de Galles à bord d'un Pen Duick.

François Lambert

Transcription

Adnot Michel Claude
Transat 1968, Eric Tabarly abandonne Pen Duick III pour une nouvelle formule, le trimaran.
(Silence)
Eric Tabarly
Et dans les conditions normales de l'Atlantique Nord, je pense que le Pen Duick IV, ça devrait aller, quoi.
Adnot Michel Claude
Hélas, la première nuit de la course, ce sera l'accident mais regardez bien cette image de l'entraînement d'Eric, l'équipier de gauche, c'est Alain Colas.
(Musique)
Adnot Michel Claude
Alain Colas qui depuis 1968 navigue sur le Pen Duick IV qui maintenant lui appartient et avec lequel aujourd'hui, il a pris le départ de la transat édition 1972.
(Musique)
Adnot Michel Claude
Si nous parlons de lui, c'est qu'en temps réel, il est l'un des deux favoris avec Jean-Yves Terlain. C'est aussi parce qu'il a choisi à son retour de Nouméa de régler son bateau en Bretagne, sur la rance, plus exactement.
(Musique)
Adnot Michel Claude
Cette époque des préparatifs nous l'avons suivi avec un Colas mais aussi avec Eugène Riguidel, qui lui, originaire d'Arradon, réglait son bateau à la Trinité-sur-Mer.