Nantes, champion de France de football

14 mai 1983
04m 01s
Réf. 00097

Notice

Résumé :

Le FC Nantes remporte son sixième titre de champion de France de football en battant Saint Etienne (4/2). Cette victoire ponctue une saison magnifique. L'entraîneur J.C Suaudeau est cependant affecté par le départ de Thierry Tusseau.

Type de média :
Date de diffusion :
15 mai 1983
Date d'événement :
14 mai 1983
Source :
A2 (Collection: Stade 2 )
Personnalité(s) :

Éclairage

Les années 1960 furent celles de la montée en première division pour le FCN Football Club de Nantes et des premiers titres de champion de France, sous l'égide du légendaire José Arribas. Les années 1970, quant à elles, voient le centre de formation du club porter ses premiers fruits.

Les valeurs de l'association ligérienne sont mises en exergue : mêlant jeunes talents formés au club et joueurs expérimentés, le groupe se nourrit de jeu collectif. Le plus difficile pour l'entraîneur est de trouver le "dosage" judicieux afin que l'alchimie fonctionne. C'est ce que fera à merveille Jean-Claude Suaudeau, ancien joueur du FCN devenu formateur puis entraîneur du même club. Né le 24 mai 1938 à Cholet (Maine-et-Loire), il prend la tête de l'équipe première en 1982 et choisit de ne pas bouleverser le groupe, dans un objectif de stabilité et de resserrement de l'effectif. Et pour sa première saison, l'entraîneur nantais parvient à offrir aux Canaris leur sixième titre de champions de France !

Les Nantais démarrent en trombe, malgré un premier match moyen à Mulhouse, un promu. Par la suite, ils enchaînent une série de huit victoires et pointent donc logiquement en tête du classement. Les accrocs sont finalement rares : seul Metz vient battre Nantes au stade Marcel Saupin, du nom de l'ancien président du club au tournant des années 1940-1950. Une défaite surprenante mais qui permet aux Nantais de rester concentrés et d'entamer de nouveau une bonne série d'invincibilité. Dans le creux de l'hiver, le FCN s'envole définitivement en battant très largement le rival bordelais, seul autre véritable prétendant au titre.

Cette victoire est avant tout celle d'une génération parvenue à maturité. Amisse, Bossis (étoile d'or France Football), Bertrand-Demanes, Halilhodzic (meilleur buteur du championnat avec 27 réalisations), Tusseau, Adonkor, José Touré. La plupart sont déjà de grands noms, sacrés pour la troisième fois après 1977 et 1980. Selon les supporters et Jean-Claude Suaudeau, ce Nantes-là est le plus complet et le plus fort que le club ait jamais connu, sur le plan des individualités. La déception est pourtant également au rendez-vous après la défaite en finale de coupe de France au Parc des Princes. Un match devenu mythique, considéré comme le plus beau du football français. Les Canaris veulent le doublé Coupe de France Championnat et font tout pour l'emporter face à un Paris Saint-Germain sur la pente ascendante. Les barbus nantais et Jean-Claude Suaudeau en tête, qui avaient décidés comme le veut la tradition de ne pas se raser avant la finale dominent une grande partie de la rencontre. Mais ce sont finalement les parisiens qui l'emportent. Après 1966 et 1973, le FCN est une nouvelle fois privé du doublé.

Mais la tristesse s'envole rapidement, car le sixième titre de champion de France assuré, le club s'apprête à participer à la Coupe d'Europe lors de la saison 1983-1984. Par ailleurs, ces futures rencontres se dérouleront dans une toute nouvelle enceinte : le stade de la Beaujoire, inauguré le 8 mai 1984. Quant à Jean-Claude Suaudeau, après un bref arrêt de 1988 à 1990, il entraînera à nouveau les Canaris de 1991 à 1997. En tant qu'entraîneur, au terme d'une saison 1994-1995 splendide, il décrochera au passage un second titre de champion de France. Le "jeu à la nantaise" a, à nouveau, émerveillé les foules et rythmé les séances du centre de formation. Ce dernier tente de préserver ses joueurs prometteurs et de résister aux assauts des recruteurs des clubs financièrement plus aisés.

En 2004-2005, Nantes a battu tous les records en disputant sa quarante-deuxième saison consécutive en championnat de France de première division. Ancré dans le cœur des Bretons et des habitants du grand ouest, le FCN est un des plus grands clubs de l'histoire du football français.

Fabien Lostec

Transcription

Jean-Michel Larque
Onze canaris tout fraîchement auréolés de leur sixième titre de champion ont bien mérité l'ovation finale des 25 000 spectateurs de Marcel Saupin. Un homme pourtant n'a pas voulu assister à ce tour d'honneur d'une équipe dont il est l'âme et la tête pensante. Coco Suaudeau puisque c'est de lui dont il s'agit, est arrivé au terme d'une journée pas comme les autres, préférant s'isoler dans le silence des vestiaires. Une journée qu'il avait commencée tôt le matin au centre d'entraînement de la Jonelière, le coeur du FC Nantes et où seul, avec ses espoirs, son trac, il avait mis au point les dernières dispositions tactiques sans pouvoir chasser une terrible angoisse.
Jean-Claude Suaudeau
J'ai pas le temps de... d'éprouver justement ces, ce bonheur qui devrait être le mien aujourd'hui. J'ai pas, je peux pas me défouler comme sont amenés à le faire les joueurs parce que, s'ils sont très concentrés et angoissés parfois et crispés. Ils ont la chance de se libérer sur le terrain, ce qui n'est pas toujours le cas pour l'entraîneur et principalement pour moi, cette saison où j'ai toujours eu beaucoup d'autres choses à faire et c'était nouveau aussi et ça se passe à l'intérieur et ces moments de joie ou de bonheur, je crois que je les éprouverai avec les vacances.
Jean-Michel Larque
Une heure avant le coup d'envoi, Coco Suaudeau a transmis son message, dans le secret des vestiaires, Bertrand Demanes et Bossis règlent leur crampon. Halihhodzic a préparé ses chevilles pour les duels.
(Silence)
Jean-Michel Larque
Quant à Tusseau, il reçoit les derniers soins du kiné, sa tête est encore à Nantes. Pendant que la foule n'a d'yeux que pour ses favoris qui vont débuter le match, Suaudeau gagne son banc de torture. Dix minutes après le coup d'envoi, Fabrice Poulain, malin et adroit, donne à Coco Suaudeau sa première bouffée d'oxygène. Nantes est en route pour le titre.
(Silence)
Jean-Michel Larque
En deux occasions, Suaudeau pense que son brésilien José Touré va réussir le chaos. Une tête sur l'extérieur du poteau droit et juste avant le repos, un retourné sur le poteau gauche. Dès la reprise, Rio, l'un des vieux grognards de Suaudeau exécute une volée plat du pied, Nantes s'envole.
(Silence)
Jean-Michel Larque
L'inquiétude va saisir une fois encore l'entraîneur des jaunes, Saint-Etienne réagit et se remet en selle.
(Silence)
Jean-Michel Larque
Mais Halilhodzic, le buteur nantais, se réveille. A 3-1, Suaudeau, croit plus que jamais au titre. Signe du destin, la chance va sourire au nantais sur le 4ème but de Halilhodzic. Suaudeau est cette fois-ci libéré. Et pendant que les verts se permettent un baroud d'honneur, Suaudeau apprend le départ de l'un de ses internationaux, Thierry Tusseau, pour Bordeaux. Ce groupe qu'il a réussi à forger commence déjà à se lézarder. Décidément, il n'y a pas d'entraîneur heureux.
Jean-Claude Suaudeau
De l'avoir connu aussi jeune comme je l'ai connu, d'avoir parcouru autant de chemin ensemble et de se retrouver parce, parce que je l'avais quitté là et il était devenu professionnel et de le retrouver et d'avoir pensé faire beaucoup de choses au niveau professionnel avec moi et puis qu'il me quitte comme ça, je crois que c'est encore plus terrible pour moi que pour lui. Je sais pas, c'est ce que je ressens aujourd'hui.
Jean-Michel Larque
La joie l'emporte quand même sur cette déception, j'espère.
Jean-Claude Suaudeau
Dans la mesure où vous en parlez, c'est difficile. Je pense à Thierry et j'ai déjà oublié qu'on est champion. C'est dommage d'ailleurs mais c'est comme ça.