Les employées saisonnières à Saint Jean de Monts

03 juillet 1964
45s
Réf. 00146

Notice

Résumé :

Durant la saison estivale, de jeunes vendéennes travaillent à St Jean de Monts. Pendant que les touristes profitent de leurs vacances, elles sont notamment employées en tant que serveuses. Certaines témoignent de l'apport du tourisme dans leur vie.

Type de média :
Date de diffusion :
03 juillet 1964
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Éclairage

Eté 1964 en Vendée : deux mondes se côtoient, celui des jeunes rurales en quête d'une vie meilleure, et celui des touristes, citadins en mal de repos. Les deux mondes commencent à se mêler, mais timidement.

A cette date, la France dans son ensemble bascule progressivement dans la société de consommation tandis que les congés payés dus au Front populaire en 1936 sont désormais de trois semaines. Les Français qui peuvent partir vont à la mer, leur destination préférée. La saison touristique dure deux mois, guère plus à l'époque mais elle occasionne un travail saisonnier qui est le bienvenu.

Les jeunes rurales sont souvent en surnombre dans l'exploitation familiale et envisagent facilement de travailler hors de celle-ci ; le travail saisonnier leur apporte un salaire complémentaire, des horaires qui leur paraissent moins astreignants que celui de l'agriculture. Plus encore, l'arrivée des vacanciers les sort de la routine, apporte une ouverture à laquelle elles aspirent. La mode, certes, - et on voit que leur coiffure suit les canons de la mode de l'époque -, mais plus encore elles aussi voudraient prendre des vacances un jour. Espérance modeste, mais révélatrice des conditions de vie et de travail du milieu agricole.

Dans les années soixante, si le monde agricole de l'Ouest s'est modernisé (eau courante, électricité), les conditions de travail restent difficiles : pas d'horaires, pas de congés. L'exode rural qui se poursuit en ces années là avait d'abord commencé par les jeunes filles qui voulaient des conditions de vie et de travail décentes et un revenu correct. Entre 1962 et 1968, le nombre d'agriculteurs dans l'Ouest a diminué de moitié ; en partie par départ à la retraite et plus encore par exode rural. Celui-ci est certes nécessaire pour permettre un agrandissement des exploitations mais le départ des jeunes filles remet en question la notion d'exploitation familiale au sens traditionnel et, implicitement, il révèle le souhait de voir leur travail reconnu, de participer elles aussi à la société de consommation qui leur apparaît comme un eldorado.

Jacqueline Sainclivier

Transcription

Serveuse (1)
Une moule et omelette 3...
Serveuse (2)
Deux soles, une moule, une américaine pour deux escalopes et un steak.
Serveur
Deux soles.
Serveurs
Une moule et deux soles.
Commentateur
Pendant deux mois de l'été, les jeunes paysannes se font serveuses.
Serveuse (3)
... des gens de ville, c'est normal quoi, même qu'on est dans un coin perdu de campagne, on veut suivre le mouvement sur tous les points de vue, sur la mode, sur...
Journaliste
Vous vous habillez d'une autre façon depuis qu'il y a les vacanciers ?
Serveuses
Certainement, oh oui, oui...
Serveuse (4)
Avec davantage de confort aussi.
Serveuse (5)
Oui avec le confort.
Serveuse (6)
On tente toujours, si on a pas pris de vacances jusqu'à maintenant, on tente quand même, on peut en prendre un peu un jour quoi.
Journaliste
Mais les garçons de Saint-Jean-de-Monts, ils ont changé aussi par rapport à vous ?
Serveuses
Oui... peut-être moins en proportion mais enfin, ça commence.