Louison Bobet

28 juin 1969
01m 46s
Réf. 00151

Notice

Résumé :

Le cycliste Louison Bobet revient sur sa carrière. Durant 14 années il a participé à de multiples courses qui lui ont valu un beau palmarès. Il affirme néanmoins n'avoir jamais eu recours au dopage.

Date de diffusion :
28 juin 1969
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Éclairage

Interviewé en 1969 alors qu'il dirige un centre de thalassothérapie à Quiberon, Louison Bobet évoque sa carrière de champion cycliste : en 1955, il a remporté son troisième Tour de France. Il est le premier Français à réaliser le triplé. Si le belge Philippe Thys (1913, 1914 et 1920) était alors le seul à avoir inscrit trois fois son nom au palmarès de la Grande Boucle, le Français a pu se vanter d'être l'unique coureur à avoir enchaîné ses trois victoires.

En savoir plus :

Louis Bobet est né le 12 mars 1925 à Saint-Méen-le-Grand, un petit village d'Ille-et-Vilaine. Dès ses débuts amateurs, chacun reconnaît en lui les qualités d'un vainqueur potentiel du Tour, mais la guerre et l'Occupation interrompent brusquement son élan et le mènent jusqu'à la Résistance. Fort de deux succès d'étape dans le Tour en 1948, il devient évident que sa victoire au classement final n'est plus qu'une question de temps. Il la frôle en 1952, et sans doute aurait-il pu l'emporter sans un bris de dérailleur, alors qu'il dominait la situation. En 1953, il remporte la victoire et jusqu'en 1955, personne ne peut le détrôner de la plus haute marche du podium. Le cran et la détermination sans faille de Bobet l'ont sauvé du désastre en de nombreuses occasions. Dans le Tour 1948, il souffre d'une infection au pied et nombreux sont ceux qui prédisent son abandon. Pourtant, le Breton attaque en solitaire dans l'étape qui rallie San Remo (Italie) à Cannes (France).

Des trois victoires que Louison Bobet moissonna consécutivement dans le Tour de France, celle de 1955 est la plus belle, parce qu'obtenue dans la douleur. Auréolé de ses récentes victoires dans le Tour des Flandres, le Dauphiné Libéré et le Tour du Luxembourg et revêtu du maillot de champion du monde, il doit affronter une opposition bien plus musclée qu'en 1954. Surtout le champion breton souffre de la selle : cette blessure l'oblige à accomplir les quatre dernières étapes en danseuse et, peu s'en faut, est à deux doigts de le contraindre à l'abandon. Courageux, Bobet est aussi remarquablement soigné par le Briochin Raymond Le Bert et par le docteur Maros, médecin à Châtelaudren, sans lequel il n'aurait pu poursuivre sa route. Ce dernier, appelé d'urgence, débarque à Pau avec son savoir-faire et un appareil à ultrasons, connu seulement à l'époque d'un cercle d'initiés, qui fait des miracles. Selon des rumeurs, Bobet est en plein déclin et ses détracteurs les plus virulents estiment qu'il craquera après l'étape redoutée du Mont Ventoux, dit le "Géant ou chiant de Provence". Tant bien que mal, Bobet mène un train d'enfer dans le Ventoux et, à l'arrivée à Avignon, il reprend la tête de la course.

Professionnel de 1947 à 1961, le Breton enregistra 122 victoires et fut membre de plusieurs équipes telles que "Stella" de 1948 à 1955, "Mercier" de 1955 à 1960 et "Ignis" en 1961. Outre les succès précédemment cités, il faut également mentionner ses deux victoires dans le championnat de France sur route - en 1950 et 1951 -, les classiques Milan - San Remo en 1951 ou encore Paris - Roubaix en 1956. Au final, Bobet a marqué de son empreinte le cyclisme international, car sa présence dépassa largement le cercle du peloton. Ce sportif a apporté quelque chose de nouveau dans la compétition de haut niveau. Au départ, il n'était sûrement pas un surdoué comme Hugo, Koblet ou Fausto Coppi, mais sa volonté et sa soif de victoire ont fait de lui un sportif exemplaire. Il perfectionna l'approche et la préparation de ses courses, cherchant toujours l'amélioration dans la préparation physique, la diététique et le choix du matériel.

Lorsqu'il cessa la compétition - après un accident de voiture, le 15 décembre 1961, dans lequel il fut sérieusement blessé en compagnie de son frère Jean -, Louis Bobet entreprit une deuxième vie en ouvrant avec son frère un centre de thalassothérapie à Quiberon. Alors que beaucoup de Français découvrent cette thérapeutique, Bobet devient quant à lui un homme d'affaires prospère.

Fabien Lostec

Transcription

Louison Bobet
Tous les jours je revis avec ce passé car il n'est pas un jour où un curiste ou des curistes me disent "Ah, Monsieur Bobet tenez j'ai une photo de vous, vous me l'avez signée en 1950 ou 56", et même - c'est là que je vois que j'ai quarante-quatre ans - j'ai des jeunes filles, des jeunes femmes, charmantes, qui ont des enfants qui ont deux ou trois ans et qui ont elles vingt-trois ou vint-quatre ans : "Ah, Monsieur Bobet vous avez été mon idole dans ma chambre quand j'avais huit, dix ou douze ans, j'avais votre photo au-dessus de mon lit etc. Alors voyez-vous je suis toujours retrempé sans cesse dans cette ambiance sportive.
Journaliste
On dit bien souvent que on a pas gagné le Tour de France et on ne s'est pas dopé. Vous êtes-vous dopé ?
Louison Bobet
Je peux vous affirmer que je n'ai jamais touché à ces stimulants épouvantables qui en font des athlètes des épaves. Monsieur, j'ai quarante-quatre ans, j'ai fait dix tours de France, cinq tours d'Italie, j'ai fait, disputé une moyenne de... J'ai fait trente mille kilomètres par an à bicyclette pendant quatorze ans et je ne pense pas avoir un visage de ravagé.
Journaliste
Ce sportif étonnant, Jean-Paul Olivier, notre spécialiste, s'en souvient. Nous sommes en 1952, Louison Bobet est champion de France pour la deuxième fois. Il n'a pas encore vaincu le sortilège. Parfois irrégulier, il remporte néanmoins de nombreuses épreuves mais on l'attend au Tour de France. Ici, toujours en 1952, il va remporter Paris-Côte d'Azur. Echappé avec l'Italien Zamboni, il gagne l'étape à Vergèse. L'année suivante, ce sera sa série d'étourdissants succès dans la Grande Boucle, en 53, 54, 55.
Inconnu
En 54, il sera champion du monde, au faîte de sa gloire, devant Schaer, à Solingen.