La tragédie des 24 heures du Mans

11 juin 1955
02m 03s
Réf. 00167

Notice

Résumé :

Un terrible accident s'est produit lors des 24 heures du Mans. La Mercedes de Pierre Levegh s'est encastrée dans la zone de ravitaillement et a explosé. 80 morts et 100 blessés sont dénombrés. Malgré ce drame, la course a continué toute la nuit.

Date de diffusion :
11 juin 1955
Source :
FR3 (Collection: Cocktail )
Personnalité(s) :

Éclairage

En 1906 naissait l'Automobile Club de la Sarthe, qui devint très vite l'Automobile Club de l'Ouest (ACO). Après avoir été le principal organisateur du premier grand prix de l'Automobile Club de France dans la Sarthe, Georges Durand songe déjà à une exceptionnelle épreuve : "Les 24 Heures du Mans". Le Mans ne peut inscrire à son crédit la création des "24 Heures", formule née en effet aux États-Unis. Cependant l'ACO, seul, a su l'entretenir et la défendre au plus haut niveau mondial de l'endurance automobile.

Le 26 mai 1923 avec 16 marques automobiles sur la ligne de départ, le premier coup d'envoi est donné. Des prémices de cette course, l'histoire a retenu la victoire 100 % française du tandem Lagache et Léonard, aux commandes d'une Chenard et Walker à la moyenne de 92 km/h. Les sportsmen anglais, totalement séduits par la formule de compétition, qui laisse alors le champ libre aux gentlemen-drivers, réagiront dès l'année suivante, avec Duff et Clément, sur une Bentley qui mettra en échec une armada médusée de La Lorraine et de Chenard. La Lorraine (en 1925 puis 1926) prendra certes une revanche cinglante, avant que Bentley n'affiche sa supériorité jusqu'en 1930.

Du coup, l'industrie italienne se mettra en branle pour donner une plus juste réplique à cette domination anglo-saxonne et durant quatre années (1931, 1932, 1933 et 1934), la célèbre marque milanaise Alfa-Roméo ne laissera que quelques miettes à ses adversaires. Un autre constructeur d'origine italienne à la fin des années 1930, Ettore Bugatti arrive sur le circuit avec ses célèbres tanks type 57 et va inscrire deux succès retentissants (1937 et 1939), pulvérisant le record à la distance, tout près des 140 km/h de moyenne, lors de sa première victoire. La Seconde Guerre mondiale va stopper net l'effort de l'industrie automobile qui du côté français peut compter sur Delahaye (victoire en 1938), Delage ou Talbot pour faire briller ses couleurs. Il faudra patienter dix ans avant que le public ne soit à nouveau convié dans l'enceinte du circuit sarthois.

Sous les yeux du président de la République Vincent Auriol et dans un cadre rénové, le 25 juin 1949 marque pour la course un nouveau départ. Le nom de Ferrari va entrer officiellement dans l'histoire de la compétition. Le succès populaire gagne les 24 Heures. À partir de 1951, la course bascule inéluctablement vers les grandes marques, investissant des budgets de plus en plus importants sur la notoriété du Mans et enrôlant les meilleurs "volants". Les noms de Jaguar (1951 et 1953), Mercedes (1952) et à nouveau Ferrari (1954), s'inscriront peu à peu dans l'imaginaire populaire, grâce à l'impact des 24 Heures. Nombre de britanniques découvrent alors le Vieux continent en débutant leurs vacances au Mans et dans la campagne sarthoise, histoire d'applaudir aux triomphes de Jaguar (1955, 1956 et 1957) ou d'Aston-Martin (1959). Mais l'heure italienne avec le constructeur Enzo Ferrari va bientôt sonner. Alors que Ferrari accumule les victoires, un homme a décidé de lui succéder au palmarès des 24 Heures. Depuis 1964, Henry Ford II s'est juré de remporter le match Europe-Amérique, destiné à lui ouvrir définitivement le grand marché mondial de l'exportation. Dans la deuxième moitié des années 1960, la Ford GT 40 est sanctifiée sur le circuit sarthois.

L'ère moderne, c'est Matra qui va l'inaugurer en fanfare, avec un triptyque (1972, 1973 et 1974). Ère où les succès français (Renault en 1978, Rondeau en 1980, Peugeot en 1992 et 1993) se feront plutôt rares si l'on veut bien prendre en compte l'écrasante domination de Porsche (10 victoires en 20 ans) et une hiérarchie sans cesse basculée à partir de 1986 : Jaguar (1988 et 1990), Mercedes (1989). Fête populaire, enjeu sportif et commercial, tout suggère que les 24 Heures demeurent, d'abord et avant tout, une grandiose fête de l'automobile.

Martine Cocaud

Transcription

Commentateur
Le samedi 11 juin, 60 voitures prennent le départ des 24 Heures du Mans 1955. 300 000 spectateurs sont là, pour qui les premiers tours de la ronde fantastique, sont sans qu'ils s'en doutent, le prologue du plus grand drame du sport automobile. Qui sait parmi la foule, que cette Mercedes numéro 20 pilotée par Levegh, va ici même, à l'entrée de la zone des ravitaillements, exploser et semer la mort.
(Silence)
Commentateur
La mort est passée et les documents de la télévision française tournés par nos camarades [Rebuffat et Lariaga] ainsi que ceux d'un cinéaste amateur, permettent de revivre ces minutes dramatiques.
(Silence)
Commentateur
Les gendarmes improvisent des linceuls.
(Silence)
Commentateur
Les morts et les blessés jonchent le terrain.
(Silence)
Commentateur
Les secours s'organisent spontanément. Un prêtre même apporte les derniers réconforts ou la bénédiction de la foi. Tout devient hallucinant, 20, 40, 50, 80 morts, 100 blessés graves. La Mercedes du malheureux Levegh se désintègre littéralement, criblant encore tout l'alentour d'éclats de magnésium. Durant près de 3 heures, les ambulances, les sauveteurs, les brancardiers, transporteront les victimes vers les hôpitaux par les routes restées heureusement libres parce que la course continue.