La Cité radieuse de Rezé, trente ans après

12 décembre 1987
03m 08s
Réf. 00169

Notice

Résumé :

Dans les années cinquante, à Rezé près de Nantes, l'architecte Le Corbusier a créé la Cité Radieuse. Ces appartements ingénieux proposaient un confort moderne. Témoignages d'habitants vivant dans cette cité depuis de longues années.

Type de média :
Date de diffusion :
12 décembre 1987
Source :
FR3 (Collection: Cap à l'Ouest )

Éclairage

La Cité radieuse de Rezé, dans la banlieue de Nantes, est l'oeuvre de Le Corbusier. Construite en 1955, elle se calque sur le modèle de la Cité radieuse de Marseille érigée en 1947.

Cette "unité d'habitation" se compose d'une barre de béton armé élevée sur pilotis, abritant sur 17 étages près de 300 appartements duplex avec terrasses, des "villas" en hauteur. Généreusement pourvus en équipements (école, commerces, blanchisseries, installations de loisirs), la Ville radieuse devait offrir un environnement complet, être "une machine à vivre". Conformément à cet état d'esprit, Le Corbusier a d'ailleurs mis au point une gamme de mesures harmoniques "à l'échelle humaine" : le Modulor. La plupart de ses réalisations sont ainsi basées sur les proportions d'un homme d'une hauteur de 1, 83 m dont la main s'élève à 2,26 m du sol (niveau du plafond). Son assise est fixée à 0,70 m et il s'accoude debout à 1,13 m ou 1,40 m.

Il existe seulement cinq "Cité radieuse" dans le monde : Marseille, Rezé, Briey-en-Forêt, Berlin et Firminy. "L'unité d'habitation, ça c'est un navire" disait Le Corbusier : "chacun y aura la liberté complète de ses gestes, l'isolement de son foyer, chacun sera libre".

En savoir plus :

Né en Suisse en 1887, Charles-Edouard Jeanneret travailla en France sous le pseudonyme de Le Corbusier. Il incarne incontestablement l'une des inaluences majeures de l'architecture du XXe siècle. Avant 1939, sa réputation reposait à la fois sur quelques villas édifiées pour de riches commanditaires, et sur ses livres, notamment Vers une architecture (1923) et La Ville radieuse (1935). Il y proclamait une sorte d'utopisme par l'architecture, prédisant une ère où des solutions drastiques aux problème sociaux seraient autoritairement appliqués grâce à la science et à la technique, où les populations habiteraient dans des villes planifiées répondant à tous leurs besoins, dans des environnements ensoleillés, lumineux et aérés. Le Corbusier vouait une véritable foi pour le béton, à rapprocher de ses années d'apprentissage auprès de l'architecte Auguste Perret (un des premiers architectes français à avoir employé le béton armé pour la construction).

En matière d'architecture, Le Corbusier était pour l'abolition de la rue, la séparation de l'habitat et de l'industrie, les impératifs de lumière, d'air, de campagne verdoyante. Tous ses projets architecturaux reflètent son souci du mode de vie de ses clients et témoignent de sa manipulation subtile des espaces ouverts et des différences de niveau. Cette phase de sa carrière atteint son apogée dans la Ville radieuse ou Cité radieuse, où il a pu mettre enfin en pratique ses idées sociales.

Bibliographie :

- Le Corbusier, Le Modulor II, la parole est aux usagers, Boulogne, Architecture d'Aujourd'hui, 1955.

- Le Corbusier, Architecture du bonheur, l'urbanisme est une clef, Paris, Presses de l'Ile de France, 1955.

Maud Moulin

Transcription

(Silence)
Commentatrice
Si la conception de la maison radieuse était révolutionnaire pour l'époque, celle des appartements ne l'était pas moins. Les appartements étaient réalisés en Duplex dans l'esprit d'une maison individuelle et ils eurent tout de suite beaucoup de succès auprès des premiers habitants.
M. Vitu
1956, c'est l'époque où le logement à Nantes est très difficile et mon administration a fait une réservation de 30 appartements dans cet immeuble. Il faut dire que je suis pas venu ici parce que le Corbusier, c'était quelqu'un de génial, j'ignorais complètement le nom, il faut être honnête et quand on m'a proposé l'appartement, je suis venu, ma femme et moi, nous sommes venus, ça nous a plu et nous avons dit oui.
Journaliste
M. Vitu, vous êtes l'un des plus anciens habitants de cette cité ?
M. Vitu
Oui, c'est exact, je suis pas rentré vraiment dans les tous premiers, mais dans l'année qui a suivi l'inauguration, quoi.
Journaliste
Alors vous êtes entré en quelle année ?
M. Vitu
1956.
Commentatrice
Chose remarquable pour l'époque, l'isolation phonique était parfaite. Les cuisines étaient pourvues de hottes aspirantes, du jamais vu.
Habitante
L'escalier, on est entrain de le décaper en ce moment... c'est pour ça qu'il est comme ça.
Journaliste
Il est d'origine, c'est d'origine ?
Habitante
C'est d'origine, oui, c'est les chênes, les chênes de... A l'origine, nous avions un petit placard... Le voici. Qui permettait au commerçant de livrer directement sans avoir besoin de sonner à la porte et d'ouvrir la porte.
Journaliste
Alors il donne à l'extérieur !
Habitante
On montre, on... Il donne à l'extérieur et le commerçant avait un pass et il ouvrait la porte, il avait... il voyait la commande parce que le soir on mettait une petite commande. Et le lendemain, quand on se levait, on avait le pain, on avait le lait dans le placard.
Journaliste
Bien, alors nous sommes dans une ancienne chambre d'enfants que vous avez, dont vous avez retiré la séparation. Alors maintenant qui devait... mais alors avant, c'était une chambre d'enfants qui avait des petites ouvertures particulières là.
Habitante
C'est ça, les enfants pouvaient eux-même sortir seul sur la loggia en ouvrant cette petite porte qui était à leur grandeur.
Journaliste
Et il y avait ça dans chaque chambre ?
Habitante
Dans chaque chambre, oui, de chaque côté, puisque la chambre, cette grande pièce était deux pièces à l'origine.
Journaliste
Et ils aimaient ces petites dimensions à leur hauteur ?
Habitante
Ah oui, ça ils s'amusaient beaucoup.
Commentatrice
Certains habitants ont complètement remanié l'aménagement intérieur de leur appartement.
(Musique)
Journaliste
Et ça fait combien d'années que vous êtes ici ?
Habitant
14 ans.
Journaliste
Vous êtes content quand même !
Habitant
Très, très content, oui. Moi, je pense pas... On avait eu un petit projet d'avoir une maison, en fin de compte, bien réfléchi, on a abandonné le projet, on a remodifié notre appartement correctement et je pense qu'on va rester ici maintenant.
Journaliste
Et vous habitez à combien dedans ?
Habitant
A 3, 3 personnes.
(Musique)