Les algues vertes en Bretagne

19 juin 1998
01m 57s
Réf. 00183

Notice

Résumé :

La pollution des algues vertes, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau, touche la côte bretonne. La commune de Binic, Côtes-d'Armor, est donc contrainte de nettoyer ses plages. Les riverains et la mairie ne sont pas contents, et ils l'expriment.

Date de diffusion :
19 juin 1998
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Le 29 juin 1998, une imposante manifestation se déroule à Binic. Elle réclame une véritable politique de l'eau et l'application de la circulaire "Voynet - Le Pensec", qui réglemente la multiplication des élevages hors sol et leur agrandissement. En effet, la côte de cette petite station balnéaire des Côtes-d'Armor est envahie d'avril à septembre par les algues vertes de type "ulva".

Si les caractéristiques de la côte - les faibles courants et les eaux littorales peu profondes - ont une inaluence indéniable, ce sont les nitrates agricoles qui provoquent cette prolifération et qui interdisent, dans de nombreuses communes, la consommation de l'eau du robinet.

En savoir plus:

Les nitrates proviennent à 60% de l'azote dégagé par les lisiers de porcs et les fientes de volailles, et à 40% des engrais utilisés en particulier pour cultiver le maïs nécessaire à ces élevages. Les protestations surgissent de toutes parts : celles des pêcheurs de coquilles Saint-Jacques car les naissains meurent, celles des commerçants qui vivent du tourisme car les vacanciers fuient, enfin celles de tous les habitants qui ne boivent plus que de l'eau en bouteille et qui regardent, consternés, les algues recouvrir le sable.

Il est vrai que le développement agricole breton s'est fait sur le modèle productiviste. En 1996, dans 71 cantons - soit le 1/3 du territoire régional- les apports d'azote par les animaux présents au 1er janvier 1994 dépassent le seuil règlementaire. Ils sont officiellement classés en "zone d'excédent structurel". Le syndicat Eau et rivières de Bretagne saisit Bruxelles dès 1992, qui lui donne alors raison. En effet, la Directive européenne, en 1973, avait fixé à 50 mg/l la concentration maximale en nitrates des eaux brutes utilisées pour la production d'eau potable. Elle prévoyait, en cas de dépassement de cette valeur maximale, la mise en place de plans de restauration de la ressource.

Les pouvoirs publics, régionaux et nationaux, ont beaucoup tardé à mettre en œuvre cette politique de protection des eaux. Il semblerait toutefois que la situation se soit arrangée depuis 1998 : les algues vertes sont actuellement beaucoup moins abondantes à Binic. Cette amélioration est à mettre en rapport avec l'action du conseil régional de Bretagne, qui en 2001 a mis en place avec l'agence Loire-Bretagne le programme "prolittoral" axé sur le traitement et la prévention pour lutter contre la prolifération des algues.

Martine Cocaud

Transcription

Commentateur
A marée haute, la plage de l'avant-port à Binic s'orne d'un cordon d'algues vertes. Ces algues bien que totalement inoffensives offrent un spectacle peu engageant, pour se baigner ou simplement profiter de la plage, il faut une bonne dose de courage.
Riveraine (1)
On pouvait pas, elle venait jusqu'ici, les algues, donc, on pouvait même pas descendre, on était obligé de rester en hauteur. Non mais enfin. C'est le premier jour où on redescend...
Riveraine (2)
C'est vraiment malheureux pour le tourisme.
Riveraine (3)
Non, y a pas beaucoup de gens qui se baignent ici, non, non. Ils jouent au ballon, c'est beaucoup... et maintenant, le maire, il instaure plus des jeux, du volley-ball mais y a pratiquement personne dans l'eau.
Commentateur
De mai à septembre, tous les 3 jours, la commune doit utiliser les grands moyens pour nettoyer la plage. L'été 95, année record, on a ainsi ramassé plus de 5 000 mètres cubes d'algues et cette année, la récolte s'annonce aussi importante.
Ramasseur d'algues
Une dizaine de camions à peu près, hier et ce matin, je suis à mon troisième camion, là.
Journaliste
Et il va en falloir combien encore ?
Ramasseur d'algues
Oh à peu près 3 ou 4 environ, à peu près, à enlever.
Commentateur
Coupable de cette prolifération d'algues qui touche toute la Bretagne, l'agriculture intensive, les nitrates en excès dans la terre sont lessivés par les pluies et servent de combustible à l'algue verte. Mais les habitants du littoral accusent aussi les pouvoirs publics d'avoir laissé faire.
Yvon Batard
Le producteur, lui, à partir du moment où il n'a pas de contraintes particulières et bien il produit, il fait son métier. Mais lorsque on lui a pas fixé de règles ou lorsque on lui a pas imposé le respect de ces règles et bien, on en subit les conséquences.
Commentateur
Et les communes du littoral ne veulent plus subir, jusqu'à présent elles étaient plutôt discrètes sur la question craignant de voir fuir les touristes. Désormais, elles parlent haut et fort de préjudice et attendent des mesures car les touristes commencent à se lasser et cherchent ailleurs des plages sans algues.