Déclaration d'Henri Fréville

19 octobre 1976
02m 36s
Réf. 00215

Notice

Résumé :

Le sénateur-maire de Rennes Henri Fréville annonce qu'il ne se représentera pas aux prochaines élections municipales. Il continuera cependant à défendre ses idées grâce à son mandat de sénateur. Pour lui succéder, il a nommé Jean Pierre Chaudet.

Date de diffusion :
19 octobre 1976
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Personnalité(s) :

Éclairage

Henri Fréville est né le 4 décembre 1905 à Norrent-Fontes dans le Pas-de-Calais. Il fut professeur agrégé d'histoire au lycée de garçons à Rennes à partir de 1932 ; puis, de 1949 à 1971, il enseigna l'histoire moderne à la Faculté de lettres de Rennes, devenue ensuite l'Université de Rennes II. Durant cette période, il soutint sa thèse sur l'intendance de Bretagne de 1689-1790 qui se voulait, comme l'indique le titre, un essai sur l'histoire d'une intendance en Pays d'Etats au XVIIIe siècle. Il étudia également le comportement des nationalistes bretons durant la Seconde Guerre mondiale à partir de documents de l'administration militaire allemande, récupérés dans les locaux de l'hôtel Majestic. Il fonda par ailleurs l'Institut armoricain de recherches historiques.

Résistant, il fut désigné dans la clandestinité (1943) pour prendre les fonctions de directeur régional à l'Information à la Libération. A ce titre, il assistait Victor Le Gorgeu, commissaire de la République pour la Bretagne ; il devait entre autres délivrer les autorisations de paraître pour la presse écrite et radiophonique de sa circonscription. Démocrate-chrétien avant la guerre, il participa à la fondation du MRP (Mouvement républicain populaire) ; élu conseiller municipal de Rennes en 1947, il en fut le maire de 1953 à 1977. Président du conseil général d'Ille-et-Vilaine de 1966 à 1976, il exerça aussi plusieurs mandats nationaux comme député de la première circonscription d'Ille-et-Vilaine dix années durant, de 1958 à 1968, puis sénateur de ce même département de 1971 à 1980. Un an avant de déclarer son retrait de la vie politique en 1976, il fut la cible d'un attentat du Front de Libération de la Bretagne (FLB) ; ses travaux d'ancien universitaire en sont probablement l'une des causes. Décédé le 15 juin 1987 à Rennes, la ville ne tarda pas à l'honorer. Le 10 mai 1993, l'avenue de Crimée lui fut dédiée et fut donc rebaptisée avenue Henri Fréville, avant qu'une station du métro ne porte également son nom quelques années plus tard.

Fabien Lostec

Transcription

Henri Fréville
Je pensais depuis longtemps, je vous l'ai dit, à ne plus être candidat aux fonctions de maire, ni même de conseil municipal , parce que je pense qu'à un certain âge il faut avoir la loyauté de parler directement à ses électeurs et de leur proposer la création d'une municipalité plus jeune, nouvelle, ample, c'est mon propos. Et ensuite, j'avais depuis longtemps l'intention de publier un certain nombre de volumes qui sont prêts, et qui représentent plus de 30 ans de recherche. Enfin, j'aspire à utiliser mes 4 dernières années de sénateur pour défendre à la tribune et ailleurs, euh des idées qui me sont chères, et d'autre part je dois vous dire que la publication d'un livre récent, dans lequel j'ai été mis à mal moralement, a fait que je me suis décidé beaucoup plus vite à prendre la résolution que vous connaissez, de façon à être libre. Car j'entends euh faire respecter mon passé et j'entends aussi faire cesser des attaques qui portent un énorme préjudice non seulement aux personnes mais également à la cité pour laquelle j'ai donné le meilleur de moi-même.
Journaliste
Vous avez cité un nom pour vous succéder.
Henri Fréville
Oui. Jean-Pierre Chaudet.
Journaliste
Jean-Pierre Chaudet est républicain indépendant, alors est-ce que vous soutenez une élection politique ?
Henri Fréville
Oh ! Ce n'est pas le républicain indépendant que j'ai mis en avant, c'est d'abord l'honnête homme, l'homme compétent. Comme on ne s'improvise pas ... euh maire, et si je le propose, c'est parce qu'aussi il est susceptible de réunir, par son tempérament, par son caractère, par son ouverture, tous les, tous ceux qui se rallient de près ou de loin à ce qu'on appelle maintenant la majorité présidentielle, mais bien au-delà. Car mon sentiment profond, c'est qu'il faut aller, il faut aller très loin euh vers la gauche, si vous permettez que j'emploie ce terme. Je ne peux pas concevoir pour ma part, qu'une municipalité puisse être réduite aux dimensions seulement d'une majorité, fût-elle une majorité parlementaire.
Journaliste
Monsieur Henri Fréville quitte donc, va donc quitter la municipalité de Rennes, mais devient un militant.
Henri Fréville
Oui, je redeviens un militant euh, un militant fidèle aux principes qui ont toujours été les siens. Et si vous permettez que je le dise avec un peu de, un petit peu ... d'émotion, c'est un militant démocrate-chrétien qui va reprendre son bâton de pèlerin.