Réaction d'Henri Gourmelin à l'élection de François Mitterrand

11 mai 1981
01m 33s
Réf. 00220

Notice

Résumé :

Henri Gourmelin, leader UDB, se félicite de la victoire de François Mitterrand. Malgré des divergences, il espère que cette élection apportera des avancées pour l'emploi, la culture bretonne, Plogoff et la régionalisation, avec l'autonomie du peuple breton.

Date de diffusion :
11 mai 1981
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

L'UDB ou Union Démocratique Bretonne est un parti politique autonomiste de gauche breton. C'est un des seuls partis autonomistes de France métropolitaine à participer à un exécutif régional.

Après un discours assez radical lors de sa création, l'UDB a progressivement adopté un programme autonomiste modéré. Il connaît sa période faste dans les années soixante-dix, mais est ensuite confronté à une crise importante suite à son échec retentissant aux élections législatives de 1978 et à la rupture de l'union de la gauche dans laquelle l'UDB se situait résolument. Ces évènements pèsent sur la croissance du parti qui se ralentit, en dépit de résultats encourageants aux élections cantonales de 1979. Sous l'inaluence d'hommes comme Henri Gourmelin, l'UDB élabore alors une stratégie plus autonome, visant à associer l'ensemble des forces de gauche favorables à la régionalisation. A cet instant, le parti condamne fortement le terrorisme du FLB, au contraire des autres partis de gauche. Cette attitude pousse un certain nombre de jeunes à s'éloigner de lui et à rejoindre des structures plus radicales, tandis qu'une partie de ses énergies militantes se tourne vers l'action culturelle et notamment Diwan.

Paradoxalement, la victoire de la gauche en 1981 accentue encore la démobilisation. Même si la décentralisation, l'abandon du projet de construction d'une centrale nucléaire à Plogoff et la suppression de la peine de mort vont dans le sens de ses propositions, l'UDB pèse peu sur les décisions d'un PS triomphant. Son utilité ne semble plus évidente et un certain nombre de ses responsables rejoignent même le parti de la rose. L'UDB hésite alors sur la conduite à tenir. Au congrès de Nantes, au lendemain de l'élection de François Mitterrand, une ligne fondée sur le concept de "Bloc progressiste" est adoptée et l'ancienne direction est mise en minorité. Henri Gourmelin devient alors porte-parole mais de nouveaux problèmes et scissions ne tardent pas à voir le jour, affaiblissant encore davantage le parti. Après une décennie 1990 difficile, le parti semble connaître depuis le début du XXIe siècle un renouveau se manifestant par une progression du nombre de ses militants et une amélioration de ses résultats électoraux.

Fabien Lostec

Transcription

Serge Emmanuel Chappelle
La dernière réaction politique émane d'une formation régionale, l'union démocratique bretonne. Elle aussi avait pris fait et cause pour François Mitterrand, par conséquent elle se félicite de son succès et place ses espoirs dans une nouvelle réforme régionale.
Herri Gourmelen
Une première remarque s'impose je crois, c'est que la régionalisation est une idée relativement neuf, neuve pardon, pour les partis de la gauche française, alors qu'elle est le fondement même, si l'on peut dire de l'action de l'UDB. Il est certain qu'il y a des points de rencontre, il est certain qu'il y aura également des points de divergence entre la gauche française et l'UDB sur ce domaine.
Journaliste
Quelles sont pour vous, les priorités, les urgences ?
Herri Gourmelen
Les urgences, nous les avons définies lors de notre campagne de résistance à Giscard, qui a ma foi, réussi. Ces urgences étaient d'abord l'emploi et le niveau de vie, qui sont pires en Bretagne que dans le reste de la France. Nous avons également dénoncé la fausse solution que représente le nucléaire et nous disons et nous affirmons que Plogoff ne se fera pas. Nous avons également dénoncé le nucléaire militaire, et là c'est encore un point de divergence avec nos partenaires de la gauche française. Et l'emploi, et aussi, et aussi, la culture bretonne car on doit, la gauche doit donner les moyens au peuple breton, effectivement, de définir lui-même les besoins en matière culturelle.
Journaliste
La région, un premier pas vers l'autonomie ?
Herri Gourmelen
La région, effectivement, une régionalisation hardie, en prenant des thèmes que nous défendons seuls, ça fait 15 ans. La suppression des préfets, l'assemblée régionale au suffrage universel, c'est je crois une étape vers l'autonomie socialiste du peuple breton.