La campagne de pêche à la coquille Saint-Jacques

08 mars 1972
03m 40s
Réf. 00291

Notice

Résumé :

La baie de St Brieuc est un haut lieu de pêche à la coquille Saint-Jacques. Cette pêche règlementée connaît des difficultés perturbant la campagne. Les pêcheurs, en grève, doivent trouver une solution auprès des mareyeurs, afin d'enrayer cette crise.

Date de diffusion :
08 mars 1972
Source :

Éclairage

La coquille Saint-Jacques est un mollusque vivant en Europe, dans le nord de l'Atlantique et la Méditerranée. Cependant, on la trouve principalement en Normandie, en Bretagne ou encore en Ecosse, en Irlande et en Angleterre. En France, sa pêche n'est autorisée que du 1er octobre au 15 mai. Cette réglementation sévère tient principalement au temps de croissance du coquillage. En effet, pour que la coquille arrive à maturité, deux années sont nécessaires en Manche, contre trois en Manche Ouest et Atlantique. La taille marchande est de 11 centimètres pour la Manche et de 10,2 centimètres pour la Manche Ouest et les autres gisements. C'est une taille communautaire qui s'applique à tous les pêcheurs européens. Pour pêcher la coquille, tous les bateaux doivent disposer d'un Permis de Pêche Spécial (PPS) et sur les gisements classés (Saint-Brieuc et Baie de Seine), une licence de pêche est également nécessaire. En revanche, la coquille n'est pas une espèce sous quotas de l'Union Européenne, et les pêcheurs français sont les seuls à s'interdire de pêcher l'été afin de préserver la ressource.

La principale technique employée pour la pêche à la coquille est celle de la drague (armature métallique qui permet de récupérer les coquilles enfouies) et la réglementation du diamètre minimum des anneaux (92 mm en 2004 pour la Manche) permet de limiter la prise de coquilles juvéniles. En France, les principaux ports de pêche de la coquille Saint-Jacques sont situés sur les littoraux normand et breton, la Normandie représentant plus de la moitié de la production française. La baie de Saint-Brieuc, qui est elle délimitée à l'ouest par l'archipel de Bréhat et à l'est par le cap Fréhel, occupe une surface d'environ 800 km2. Avec ses ports d'Erquy, Loguivy-de-la-Mer et Saint-Quay-Portrieux, elle représente 6500 des 16 000 tonnes de coquilles pêchées chaque année en France. Pour être précis, la coquille pêchée en baie de Saint-Brieuc est petite et sa croissance est rapide. Son corail se développe en février-mars et le rendement de sa noix est évaluée à 10% . En 2003, elle était encore vendue 2,15 euros le kilo.

Sklaerenn Scuiller

Transcription

Michel-Claude Adnot
De Saint-Quay-Portrieux à Erquy, la baie de Saint Brieuc est un des hauts lieux de la pêche à la coquille saint-jacques. Pour la campagne 71-72, ce sont 400 unités représentant un personnel de 750 marins qui s'étaient faits connaître au rôle de l'inscription maritime. La réglementation concernant cette pêche est très stricte, puisqu'elle ne permet que 2 heures de pêche 4 jours par semaine, du mois d'octobre à la fin mars. Il est donc rare, même par gros temps, de voir les coquilliers rester à quai une huitaine de jours.
Inconnu 1
Les bateaux sont au port pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la tempête. Depuis mercredi soir jusqu'à hier soir, lundi, les bateaux étaient en grève. Et hier soir, au cours d'une réunion du comité local sur la proposition de ce comité local, l'administration a décidé de suspendre la pêche aux coquilles saint-jacques.
Michel-Claude Adnot
Il y a donc eu, hier soir, un changement dans l'attitude des pêcheurs, mais d'abord, pourquoi étaient-ils en grève ?
Inconnu 1
Les pêcheurs sont en grève pour une différence de 40 centimes au kilo entre le prix réclamé par eux et le prix proposé par les mareyeurs.
Inconnu 2
Il y a quelques marayeurs qui ont donné 2,80, alors automatiquement, comme ça fait vraiment trop cher, nous ne pouvons pas suivre alors ils ont été obligés de baisser.
Michel-Claude Adnot
Et comment se fait-il qu'ils donné à 2 francs 80 du kilo ?
Inconnu 2
Ben, c'est un simple mareyeur qui a pris 3, 400 kilos de coquilles et qui a donné 2,80 un jour, et alors les autres ont pensé suivre, mais alors vraiment dans le marché de verre, on pourrait suivre dans le marché de verre, mais alors c'est l'usine... l'usine, elle ne marche pas.
Michel-Claude Adnot
Vous, vous ne pouvez pas suivre ?
Inconnu 2
L'usine... Moi, pour l'instant, pour la congélation et pour ma fabrication, ça fera un peu cher.
Inconnu 1
Le seul souci que nous avons, c'est obtenir un prix qui ne met pas en péril la rentabilité de nos bateaux.
Michel-Claude Adnot
Croyez-vous que ces 8 jours seront suffisants pour trouver une solution ?
Inconnu 2
Ecoutez, une chose est certaine, c'est que les coquilles, elles sont pêchées, mais y a pas encore un corail énorme. Vous voyez ? Il y en a même beaucoup qui n'ont pas de corail du tout. Et donc, un jour, la coquille sera vraiment belle, c'est ce que nous espérons. Cette année, elle a vraiment du retard. Les autres années, elle était déjà plus coraillée. Si on arrête 8 ou 15 jours, et qu'on peut récupérer ces 15 jours en avril, nous espérons que la coquille sera nettement plus belle.
Michel-Claude Adnot
Et vous avez des entrevues avec l'administration sur ce plan ?
Inconnu 2
Oui, nous avons des entrevues. Nous en avons eu hier encore une réunion.
Michel-Claude Adnot
Pour prolonger la période de la pêche ?
Inconnu 2
Pour prolonger la période de la pêche.
Michel-Claude Adnot
Et ça sera possible ?
Inconnu 2
Nous espérons qu'on sera compris. Ce qui nous manque dans les Côtes du Nord, ce sont des criées, parce qu'il n'y a pas de doute, ce serait le marché le plus logique qui pourrait exister.
Michel-Claude Adnot
Les mareyeurs sont d'accord avec les pêcheurs ?
Inconnu 2
Beaucoup de mareyeurs sont d'accord pour que les criées existent. Et ce serait, aussi bien pour le pêcheur que pour le mareyeur, je crois que ça serait une chose vraiment valable.
Michel-Claude Adnot
Pour l'instant, il n'y en a aucune ?
Inconnu 2
Aucune pour l'instant qui n'est créée. Nous devons les créer, là, justement, nous avons eu... l'administration a eu un rendez-vous avec la Chambre de commerce et nous espérons que de ce côté-là nous serons entendus.
Michel-Claude Adnot
Il apparaît donc que les deux parties considèrent comme indispensable d'aménager le mode de commercialisation de cette pêche. Cet aménagement ne pouvant intervenir avant la prochaine saison. Mais vous qui êtes patron pêcheur, quand pensez-vous que pourra être trouvée une solution à la crise qui bloque la campagne actuelle ?
Inconnu 1
Je pense qu'elle pourra intervenir au cours d'une réunion qu'on doit avoir avec les mareyeurs et éventuellement les conserveurs, vendredi prochain, à Saint Brieuc.
Michel-Claude Adnot
Et quels seront les problèmes traités alors ? Quelle est la solution que l'on peut apporter ?
Inconnu 1
Ecoutez, nous, nous sommes toujours fermes sur nos prétentions. Nous ne voulons reprendre la mer qu'à un prix minimum de 2 francs 50. Si messieurs les marayeurs, à ce moment-là, ont révisé le leur. Nous pourrons peut-être reprendre la mer lundi.