L'Ile de Gavrinis

24 mars 1984
03m 28s
Réf. 00314

Notice

Résumé :

Sur l'île de Gavrinis, dans le Morbihan, est situé un tumulus datant du néolithique. Cette sépulture mégalithique renferme un dolmen richement décoré.

Type de média :
Date de diffusion :
24 mars 1984
Source :

Éclairage

Les mégalithes sont l'expression visible d'un système cultuel et funéraire répandu du sud de la péninsule ibérique à la Scandinavie et aux pays baltiques entre 4500 et 2000 avant notre ère. Ces mégalithes sont particulièrement nombreux sur la côte sud, autour du golfe du Morbihan, où ils peuvent prendre la forme de dolmens à couloirs, de menhirs et de tumulus (Carnac).

A Gavrinis, un cairn (tumulus de pierres) est situé au sud de l'île. Construit vers 3500 av J.C, son diamètre est d'environ 50 mètres et il renferme un dolmen à chambre unique avec un couloir long de 14 mètres dont les parois sont ornées de gravures. Ce monument est considéré par les archéologues comme un des plus beaux monuments mégalithiques au monde car c'est un exemple caractéristique d'architecture néolithique. Certains mégalithes présentent de nombreuses gravures. Les dessins les plus fréquents représentent des outils très schématisés (hache). On peut trouver également des parties du corps humain (torse, seins...), rarement des animaux. Il y a également d'autres figures plus abstraites et d'interprétation plus délicate. Cependant, ces gravures ne sont qu'un reste de l'art mégalithique, les traces de peintures ainsi que tous les compléments en bois, vannerie ou textile ayant souvent disparu. Les pierres levées (menhirs), dont beaucoup furent détruites, sont hautes de près de 10 mètres et ont pu peser jusqu'à 350 tonnes. Elles ont été érigées entre 5000 et 1800 av JC, mais d'autres datent de l'âge de fer. Certaines sont associées à des sépultures, d'autres dressées sur des hauteurs ou points d'eau ont joué le rôle de marqueurs de paysage. Ces pierres peuvent être organisées en cercle (cromlech), ou en alignements plus ou moins complexes - dont ceux de Carnac (1200 pierres) sont les plus célèbres.

Martine Cocaud

Transcription

Présentateur
Vous disiez donc que c'était une grande époque, c'est aussi une grande époque sur le plan purement artistique. Vous allez voir des documents, des objets et des dessins de cette époque-là à travers un site vraiment extraordinaire, C'est une île du Golfe du Morbihan, c'est l'île de Gavrinis, regardez ces images.
Inconnu
L'île de la chèvre.
Intervenant
Alors cette île, ce que l'on peut en dire, c'est que ce n'était pas une île à l'époque. Parce que parmi les choses, les événements qui sont survenus depuis, il y a bien entendu une certaine montée du niveau de la mer, qui a isolé ce qui était une colline à l'époque. Et c'est tout à fait caractéristique que ce monument ait été installé sur une colline justement pour rehausser peut-être encore son volume architectural. Alors ici, nous pénétrons, nous prenons le rôle du vivant qui va rendre visite à ses morts et nous pénétrons par ce couloir qui aboutit à la chambre.
Présentateur
Alors qu'est-ce qu'on voit sur les murs, ces petites raies ?
Intervenant
Alors ce monument est tout à fait exceptionnel par son décor. Le décor des sépultures mégalithiques, des dolmens, est quelque chose de fréquent. Les monuments décorés sont nombreux, mais ici c'est tout à fait exceptionnel. On passe disons du stade du graffiti, de la simple figuration rudimentaire à véritablement des oeuvres d'art composées. Les motifs élémentaires sont sensiblement les mêmes, on retrouve je dirais presque quelques poncifs, des haches, des écussons, des crosses, des choses comme ça, Mais ici, ils sont organisés, habillés je dirais, ici vous avez une panoplie de ces haches qui sont des reproductions de haches en pierre polie. Et voyez comment le tableau est composé, on peut véritablement parler d'un tableau composé. Ici vous avez, l'artiste, parce qu'on peut vraiment l'appeler de ce nom, a brodé sur le thème de l'écusson, de la figure élémentaire qui serait la forme d'un écusson, et il a brodé autour de ce thème.
Présentateur
Et on peut dater donc Gavrinis de quelle époque à peu près ?
Intervenant
Gavrinis, c'est vraisemblablement un peu plus tardif que Douarnenez. Je dirais, on connaît la date de son abandon avec certitude, parce qu'il y a une datation radiocarbone précise, c'est aux alentours de pas tout à fait 3000 avant Jésus-Christ. Et le monument a probablement servi assez peu de temps, parce qu'il semble très homogène comme construction, Et c'est vraiment la réalisation d'un seul jet, à la différence de Douarnenez qui est beaucoup plus compliqué comme réalisation, qui a subi des remaniements.
Présentateur
Mais pour faire des choses comme celles-là, il fallait quand même avoir tout un niveau d'organisation sociale, un niveau de culture étonnant ?
Intervenant
Absolument, il fallait bien sûr un certain nombre de bras rassemblés, un certain nombre de bras, pour coltiner les pierres, pour mettre en oeuvre les gros blocs, les déplacer etc. Il fallait surtout un cerveau pour concevoir le plan, pour le tracer au sol, pour mettre en place les structures mégalithiques, les grandes dalles, et puis pour bâtir tout ce tumulus, toute cette colline artificielle.
Présentateur
Donc il y a eu l'équivalent des architectes des pyramides ?
Intervenant
Il y avait un architecte. Avec une architecture rudimentaire, il ne s'agit pas non plus d'imaginer des surhommes. C'étaient des hommes, la preuve c'est que quand on s'essaye à déplacer ou à manutentionner des gros blocs de dalles, de pierres comme ceux-ci, contrairement à ce que l'on peut dire, on y arrive.
Présentateur
On y arrive ?
Intervenant
On y arrive. Et je dirais même qu'on y arrive assez relativement facilement par rapport à des essais de reconstitution, d'autres prouesses techniques anciennes. Et donc, c'est bien quelque chose qui est tout à fait faisable par des hommes.