Le centre nautique des Glénans

16 avril 1958
09m 51s
Réf. 00327

Notice

Résumé :

Depuis une dizaine d'années, un centre nautique s'est installé sur l'archipel des Glénans. Ce centre accueille tous les ans des stagiaires venus apprendre les techniques de navigation. Ils participent également aux corvées et à la vie sur l'île.

Type de média :
Date de diffusion :
16 avril 1958
Source :

Éclairage

Rattaché administrativement à la commune de Fouesnant, l'archipel des Glénans s'étend à une dizaine de milles de Concarneau. Cinq îles, couvertes d'oiseaux marins, Saint-Nicolas, Penaret, Le Loc'h, Drennec et Cigogne, avec nombre d'autres îlots, délimitent un lagon.

En 1947, Hélène et Philippe Viannay, ainsi que d'anciens membres de la Résistance, proposent la création d'un Centre de Formation Internationale avec des stages, des échanges, des centres de loisirs. Un centre d'initiation à la voile est crée sur l'île du Loc'h, et accueille 120 stagiaires issus de la Résistance, des F.F.L., de Rhin-Danube, des camps. Le Centre nautique des Glénans est né, œuvre collective créée dans le souci de dispenser aux jeunes de l'après-guerre un enseignement humaniste de fraternité et de liberté. Il est reconnu d'utilité publique en 1974.

Des moniteurs bénévoles dispensent des cours de voile et des stagiaires participent à plusieurs campagnes de pêche au thon à bord de dundees concarnois. Alors que la voile est encore le plus souvent un loisir d'esthètes fortunés, l'esprit Glénans apparaît. Face à la mer, les stagiaires, généralement des étudiants, gomment les différences et nouent des tissus d'amitié, participant à tous les aspects de la vie quotidienne et préparant la "voile pour tous". Rapidement, le Centre nautique s'étend à l'archipel, gagne le littoral breton, puis la Corse en 1969, l'étang de Thau et l'Irlande.

Le Centre Nautique des Glénans a certainement donné à l'archipel des côtes de Cornouaille un renom sur tous les océans. A plusieurs générations de stagiaires, il a donné un esprit. Il a produit le Cours des Glénans, bible des premiers plaisanciers, et les prototypes qu'il fait lancer, tels que le Cotre, le Vaurien, la Caravelle, le Corsaire, ont révolutionné la plaisance et contribué à populariser ce type de navigation désormais ouvert au plus grand nombre.

Bibliographie :

- Erwan Le Bris du Rest, "Glénan (îles de)", dans Alain Croix, Jean-Yves Veillard, Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, Editions Apogée, 2000.

- Louis-Pierre Le Maître, Les Glénans, histoire d'un archipel, Plomelin, Editions Palantines, 2005.

Sklaerenn Scuiller

Transcription

(Musique)
Journaliste
Rien ne nous empêche de remonter quelque temps en arrière. Pour l'équipe de réalisation des Quatre coins, c'est dans le pont de Concarneau qu'il se situe.
(Musique)
Journaliste
C'est là, en effet, que toute notre équipe s'est embarquée sur les cotres de croisière du centre nautique des Glénans, afin de vous ramener les images que les circonstances atmosphériques ont rendues particulièrement dures. Il y a déjà plus de 10 ans que le petit archipel ds Glénans, à 10 miles au large de la côte bretonne, retenait les premiers membres du centre nautique. Actuellement, ce sont plus de 2000 stagiaires qui viennent chaque année apprendre à connaître la mer. Qu'ils séjournent aux îles de Penfret, de Drénec ou au Fort Cigogne, ou qu'ils naviguent sur la Sereine, sur l'Arche, sur les cotres ou sur les corsaires, ils sont tous animés d'une foi et d'un esprit d'équipe tels que l'un d'entre eux a pu nous dire, d'une façon plaisante : « Désormais, il n'y aura plus que deux catégories de Français : ceux qui ont fait un stage au Glénans et ceux qui en ont fait plusieurs ». Et l'on comprend mieux la passion qui peut animer tous ces jeunes lorsque, comme nous l'avons fait, on se joint à eux pour partager leur vie sur les deux petits îlots. Fort Cigogne a 200 mètres de long et Penfret, un kilomètre. Lorsque, après une traversée agitée où l'on a lutté seconde après seconde, contre la mer, contre la pluie, contre le vent, tirant sur des écoutes, des drisses, des haussières, on aperçoit enfin l'île de Penfret limitée par son phare et son sémaphore, on peut penser que tout est terminé. Détrompez-vous, c'est là que tout commence. Nous entrons de plain-pied dans la vie quotidienne du camp : nous passons des tentes dortoir des stagiaires à la salle commune, où, tandis qu'un moniteur fait un cours sur le calcul des marées, les jeunes épluchent les légumes pour le déjeuner.
(Musique)
Journaliste
Nous en retrouvons d'autres déchargeant les bateaux de service de leurs cargaisons comestibles, car il faut ici, comme partout, du pain, des légumes, de la viande et des fruits.
(Musique)
Journaliste
Mais il faut aussi entretenir les bateaux. Cet ancien canot de sauvetage qui s'appelle le Petit Chose va être échoué pour être nettoyé par un groupe de stagiaires, tandis que d'autres s'affairent autour d'une caravelle ou d'un vaurien, ou bien encore vont scier sur l'épave d'un vieux thonier, le bois qui servira à faire la cuisine et à sécher les vêtements trop mouillés.
(Musique)
Journaliste
Mais il n'y a pas, aux Glénans, que des corvées. Il y a, avant tout, la navigation et son corollaire, la sécurité. Depuis la cabine de quart, deux stagiaires surveillent à la jumelle les évolutions des bateaux, prêts à signaler le moindre incident. Le temps s'est remis au beau et malgré un vent assez fort, l'embarquement sur les caravelles, les vauriens, les corsaires ou les baleinières se passe bien.
(bruits)
Journaliste
Les moniteurs enseignent les manoeuvres. Et, chacun à son tour, les élèves s'exercent au virement de bord.
(Musique)
Journaliste
Ils s'initient aux règles de la navigation en escadre, et découvrent qu'il est plus compliqué et plus dur d'exécuter les manoeuvres sur une baleinière à deux mâts que sur une petite caravelle.
(Musique)
Journaliste
Le grand air, l'effort physique, tout cela creuse l'appétit. Le retour aux îles pour l'heure des repas ne peinera personne, surtout si le vent arrière facilite les choses.
(Musique)
Journaliste
Ici, c'est la tour de Fort Cigogne que nous saluons, avant de faire retentir les voûtes des casemates d'une animation qu'elles avaient oubliée depuis quelques siècles. Tandis que notre quart de surveillance n'évoquera que bien pacifiquement la vigie chargée de signaler les escadres anglaises.
(Musique)
Journaliste
Mais ce sera dans un puits où déjà se ravitaillèrent les marins de Louis XV que nous irons quérir l'eau qui nous est nécessaire. Les stagiaires des Glénans partagent le fort avec un groupe de pêcheurs professionnels qui vivent là 9 mois par an, ne regagnant la terre qu'un jour par semaine pour y vendre les homards qu'ils ont pris dans leurs casiers. Stagiaires et pêcheurs s'entendent bien, car ils sont liés par cet élément commun, la mer, dont les uns vivent et que les autres aiment.
(Musique)
Journaliste
Et lorsque cette mer se déchaîne, comme cela fut le cas pendant ce camp de Pâques, car nous étions en période de très grande marée, c'est alors que le centre cesse d'être simplement une école de navigation pour devenir une école de volonté et d'énergie.
(bruits)
Journaliste
Embarquer devient un problème quand il s'agit de monter nombreux sur des petits canots, drossés par les rouleaux pour atteindre les baleinières ou les cotres qui sont mouillés un peu plus au large.
(bruits)
Journaliste
Mais les jeunes y parviennent. Et ils continuent à s'entraîner en dépit des vents de force 7 ou 8, contents et fiers de réussir à dominer des éléments déchaînés.
(bruits)
Journaliste
Le retour à la terre s'avérera aussi difficile. Mais lorsque aura retenti le dernier « Paré à mouiller ! », « Attention, mouille ! », et lorsque le bateau aura été mis à l'abri, alors le jeune stagiaire des Glénans aura compris qu'en dehors de sa condition physique qu'il a améliorée, de la nouvelle science maritime qu'il a acquise, des camarades qu'il s'est fait, du caractère qu'il s'est endurci, il se sera fait, en plus, une amie : la mer.
(bruits)