Le festival des Vieilles Charrues à Carhaix

07 juillet 1995
01m 17s
Réf. 00363

Notice

Résumé :

La 4ème édition du festival des Vieilles Charrues débute ce soir. Durant trois jours Carhaix va vivre au rythme de la musique et du théâtre de rue. Ce festival, qui est né d'une plaisanterie entre amis, se veut éclectique et accessible à tous.

Date de diffusion :
07 juillet 1995
Source :
FR3 (Collection: Locale Iroise )
Personnalité(s) :

Éclairage

Avant d'être un des plus gros rendez-vous musical d'Europe, le festival des Vieilles Charrues n'était qu'une kermesse au bord de l'eau. A l'origine de l'événement, il y a des amis, qui décident de se retrouver chaque été pour fêter la fin de l'année scolaire. En 1992, ils organisent une fête à Landeleau, près de Carhaix, un pied de nez aux rassemblements des vieux gréements de Brest. C'est un petit succès où le bouche à oreille entre amis a bien fonctionné. D'abord privées, les festivités s'ouvrent l'année suivante au public. Pour l'heure, on trouve quelques fanfares, mais il s'agit plutôt d'un grand banquet festif accompagné de jeux décalés, avec notamment le "tirer de charrues". En 1994 c'est 5000 personnes qui se pressent au bord de l'eau pour participer à l'événement. L'association des Vieilles Charrues convient qu'il faut changer de site pour des questions de sécurité ; la mairie de Carhaix propose alors son champ de foire. La physionomie du lieu incite les organisateurs à trouver de nouvelles attractions. Ils programment ainsi trois jours de musique. L'association Tamaris, qui avait organisé un festival du même nom à la fin des années 1980, vient prêter main forte à cette initiative.

Dès le départ, "Les vieilles charrues" se veulent éclectiques ; la programmation touche à tous les genres. Les groupes bretonnants partagent l'affiche avec des chanteurs plus connus. Des stars internationales sont même conviées à Carhaix. La venue de James Brown en 1997 confirme un succès jusque là jamais démenti. Le festival doit encore une fois déménager pour accueillir des festivaliers de plus en plus nombreux. Le site de Kerampuilh, à quelques kilomètres de Carhaix, en pleine nature, est retenu. Plusieurs scènes sont installées, les concerts se multiplient et la formule s'institutionnalise. Une majorité de 18/25 ans compose le public, mais grâce à une programmation toujours diversifiée, les familles se rendent aussi au festival. Des milliers de bénévoles permettent le bon fonctionnement de l'événement et le festival est souvent salué pour sa convivialité.

Mais au-delà de la manifestation culturelle, les Vieilles Charrues participent à la vie économique de tout un territoire. Au cœur du projet, il y a l'idée qu'il est possible de vivre et de travailler en centre de Bretagne, d'échapper à l'image d'une région déserte. Avant les organisateurs de Vieilles Charrues, des artistes se sont battus pour "vivre et travailler au pays". On pense à l'aventure de l'Unité de Production Cinématographique en Bretagne (UPCB) de René Vautier, mais aussi plus récemment au travail de développement économique autour du livre qui est mené à Bécherel. Cette volonté de rester en Centre Bretagne peut être aussi animée par des convictions "identitaires", ou de forts sentiments d'appartenance à une région, comme pour le barde Glenmor ou encore l'écrivain Xavier Graal. Dans tous les cas, le festival les Vieilles Charrues contribue au développement culturel du territoire. Tout au long de l'année, l'association cherche à valoriser le patrimoine et la mémoire du pays de Carhaix. Cinq chercheurs mettent en place des politiques de conservation et de valorisation au sein "des mémoires du Kreiz Breiz". L'association a également aidé à financer l'implantation d'un lycée bilingue Diwan à Carhaix. Mais les bénéfices du festival sont aussi du côté des entrepreneurs locaux qui profitent du succès de l'événement. Bien plus qu'un festival, les Vieilles Charrues se veulent aussi un projet de vie : "Derrière les Vieilles Charrues, c'est tout un territoire, toute une population qui a décidé de se retrousser les manches pour montrer aux habitants des pays du Centre Ouest Bretagne que des choses étaient encore possibles dans cette Bretagne intérieure que d'aucuns disaient moribonde" clament les organisateurs du festival.

Soline Levaux

Transcription

Journaliste
Ar Re Yaouank en concert ce soir à Carhaix. Ils participent à la quatrième édition du Festival des Vieilles Charrues. Trois jours de fêtes, musique et théâtre de rue, avec en tête d'affiche les Blues Brothers et les Silencers. Ce festival est né en 92, l'histoire d'une plaisanterie qui a fait son chemin.
Yann Rivoal
Alors que Brest rassemblait des centaines et des milliers de vieux gréments, on s'est dit, bon, dans les terres, il ne se passe pas grand chose et puis pour faire une farce, on s'est dit, on va faire un rassemblement de vieilles charrues et puis on a invité nos copains qui ont, eux-mêmes, invité leurs copains et on s'est retrouvé à 500. On s'est dit qu'il y a peut-être quelque chose à faire.
Journaliste
Près de dix mille personnes sont attendues sur les trois jours pour ce festival qui se veut éclectique et pas cher, 30 francs la soirée, un prix rarement pratiqué pour ce genre d'événement.
Yann Rivoal
Surtout qu'ici, on n'a pas seulement qu'un public jeune, on a vraiment un public familial etc. Donc je crois que chacun pourra se retrouver au travers des différents styles musicaux. Bon, les prix ne peuvent barrer la route à personne.
(Musique)