Louison Bobet, entrepreneur

28 juin 1969
02m 33s
Réf. 00412

Notice

Résumé :

L'ancien cycliste Louison Bobet a troqué son maillot de sportif pour la casquette de chef d'entreprise. Il évoque sa reconversion et son besoin d'entreprendre. A Quiberon, il a ainsi ouvert un centre de thalassothérapie.

Date de diffusion :
28 juin 1969
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Éclairage

Louison Bobet est sans conteste un des grands champions cyclistes français, à l'instar des Bernard Hinault, Jacques Anquetil ou encore Bernard Thévenet, qui ont construit leur palmarès et leur popularité sur les routes du Tour de France. Mais une fois la retraite sportive arrivée, l'ancien champion s'est aussi distingué pour avoir parfaitement réussi sa reconversion, en devenant le directeur de deux centres de thalassothérapie, l'un à Quiberon et le second à Biarritz.

Né à Saint-Méen-Le-Grand le 12 mars 1925, le jeune Bobet ne se destine pas naturellement à la carrière de coureur cycliste qu'on lui connaît. Il débute en effet comme mitron dans la boulangerie familiale, effectuant à l'occasion des livraisons à vélo. Mais ses talents de coureur cycliste se révèlent rapidement et il devient champion de France amateur en 1946, avant de débuter sa carrière professionnelle en 1947 dans l'équipe Stella. Il gagne pour sa première année professionnelle quatre courses, dont le Tour du Finistère, mais ne parvient pas à achever son premier Tour de France puisqu'il abandonne au soir de la 9ème étape. Cependant la saison suivante confirmera l'immense potentiel du futur champion avec une 4ème place au classement général final du Tour de France 1948, assortie de deux victoires d'étapes et de neuf jours en maillot jaune.

Hormis un nouvel abandon en 1949 dans la dixième étape de la Grande Boucle, les années 1950 verront l'avènement progressif de Bobet. Son palmarès commence à sérieusement s'étoffer à partir de 1950 avec son premier titre de champion de France qu'il parviendra à conserver l'année suivante. Il parvient aussi à obtenir son premier podium sur le Tour de France, en remportant la troisième étape et le maillot du meilleur grimpeur. S'il ne termine que 20ème l'année suivante en gagnant encore une étape, il devient un des favoris du Tour de France et peut lutter avec les plus grands de l'époque, Fausto Coppi, Gino Bartali ou encore Hugo Koblet.

Louison Bobet gagne son premier Tour en 1953 ainsi que deux étapes, un Tour symbolique puisque c'est celui du cinquantenaire de la victoire de Maurice Garin en 1903 dans le tout premier Tour de France. Remportant également l'épreuve en 1954 et 1955 ainsi que six étapes supplémentaires, il devient le premier coureur à remporter trois Tours de France consécutifs. Ces trois années seront les plus belles années sportives de sa carrière puisqu'il devient aussi en 1954 champion du Monde. Au cours de ces trois années il emportera quarante-trois courses sur les 122 épreuves cyclistes qu'il totalisera dans sa carrière, parmi lesquelles plusieurs courses prestigieuses comme le Tour des Flandres et le Dauphiné Libéré en 1955. Pendant ces années, Louison Bobet jouit d'une forte popularité comme en témoigne sa première place au classement de champion des champions français, réalisé par le journal L'Equipe, en 1953 et 1954. Une popularité née de ses exploits sportifs, mais aussi de son courage et de sa détermination sans faille qui lui permettront de gagner des courses malgré des problèmes physiques, comme le Tour 1955 qu'il parvient à remporter malgré une blessure à la selle qui le contraint à disputer les quatre dernières étapes en danseuse alors que tout le monde le voyait abandonner. A partir de 1956, et hormis une victoire sur une classique prestigieuse, Paris-Roubaix, Louison Bobet est moins dominateur et gagne moins de courses. Cette tendance se confirme sur le Tour de France qu'il ne disputera plus que deux fois entre 1956 et 1961, date de sa retraite sportive, pour seulement obtenir une 7ème place en 1958 et abandonner en 1959. Lorsqu'il stoppe sa carrière en 1961 suite à un accident de la route avec son frère cadet Jean, lui aussi coureur cycliste, Bobet possède néanmoins un des plus grand palmarès du sport cycliste français avec 122 courses à son actif, qui témoignent de ses multiples talents car il est à la fois excellent rouleur et grimpeur.

Les succès de Bobet ne se limitent pas à sa carrière sportive. Encore coureur cycliste, il faisait déjà preuve d'un excellent sens des affaires en gérant son image. En effet lorsqu'il change d'équipe en 1955, passant de Stella à la firme Mercier, il obtient de son nouvel employeur de faire figurer son nom accolé à celui du sponsor, sur le maillot de l'équipe. Ses qualités de gestionnaire et d'entrepreneur se manifestent aussi dans son approche des compétitions sportives, puisque sûrement moins doué et talentueux que d'autres coureurs comme Coppi, Bartali ou Koblet, il compense ce déficit par la préparation minutieuse de chacune de ses courses. Ainsi il était attentif au moindre détail, cherchant sans cesse à améliorer son alimentation, sa préparation physique ou encore le choix de son matériel. Sa reconversion parfaitement réussie témoigne aussi de ce sens aigu des affaires puisqu'il crée un établissement de thalassothérapie à Quiberon puis à Biarritz, tout en gérant une société d'engineering proposant ses services pour la création d'établissements du même type dans le monde entier.

Frédéric Martin

Transcription

Journaliste
Louison Bobet, aviateur pilote, voilà une surprise pour beaucoup d'entre vous. Passionné d'aviation, Louison Bobet a troqué le vélo pour l'avion. Après avoir passé tous ses brevets de pilote, l'avion n'a plus de secret pour Louison. Ce mode de locomotion était d'ailleurs devenu nécessaire à Louison Bobet, Président Directeur Général de l'Institut de thalassothérapie de Quiberon et Président Directeur Général d'une société d'engineering implantant des institutions de thalassothérapie du même type que le Quiberonnais dans le monde entier.
Louison Bobet
J'ai troqué la tenue du sportif pour celle d'un homme d'affaire et maintenant, je dirige un institut de thalassothérapie à Quiberon. Evidemment sur un plan professionnel, ça a été très lourd. Vous savez, j'ai plongé mais j'ai fait trembler mon entourage et mes amis parce que je n'avais aucune formation pour devenir chef d'entreprise ou directeur d'une société comme ceci. Et j'ai mis, je ne vous cache pas, tous mes deniers, que j'avais mis de côté pendant ces tours de France et ces épreuves sportives. Et alors là, j'ai découvert beaucoup de choses, mon tempérament de battant, de gagneur et mon ambition, je vous l'avoue très humblement. Après que je me suis assez bien adapté à ce genre de vie trépidante.
Journaliste
Oui, battant, gagneur, il est bien tout cela. Et la réussite de son entreprise, de son institut de thalassothérapie le prouve. Il est toujours près de ses clients, il est le sportif adulé, l'ami mais aussi le confident de ses clients. Et c'est chaque fois avec regret qu'il le quitte. Vous allez le constater dans quelques instants.
(Musique)
Louison Bobet
Vous avez pédalé ce matin, combien de kilomètres vous avez fait?
Curiste
12 Km environ, sur le circuit de [incompris].
Louison Bobet
C'est très bien ça. Monsieur va mériter son diplôme.
Curiste
Je vous remercie.
Louison Bobet
Vous terminez quand madame ?
Curiste 2
Je termine demain, 10 jours de cure.
Louison Bobet
Demain, avec beaucoup de regret j'espère.
Curiste 2
Ah oui bien sûr. Je ne pense qu'à revenir.
Journaliste
Vous avez revendu le vélo ?
Louison Bobet
En 1961, le 15 décembre, un accident de la route cruel et ce qui m'a amené à cette reconversion que vous voyez aujourd'hui.
Journaliste
Est-ce que l'accident de la route a déterminé la reconversion ?
Louison Bobet
Certainement. Remarquez, j'y pensais beaucoup car j'ai toujours été un peu préoccupé par la reconversion. Enfin, il y a des exemples assez douloureux de mes aînés. Et, lorsque j'ai eu cet accident qui a précipité justement pour moi, une nouvelle vie, et bien je n'ai pensé qu'à une seule chose aussitôt, c'est revenir d'abord en Bretagne.