La vie en campagne

Cet extrait provient d'un superbe film, Le pays breton ou la mémoire du sabot, tourné dans le centre Bretagne en 1975. En évitant les stéréotypes, cet extrait témoigne du changement de mode de vie que connaissent alors les campagnes bretonnes.

Deux mondes se côtoient :

- Celui des hommes, qui parlent breton entre eux dans la cour de ferme lors de la tuerie du cochon. Toutes les exploitations bretonnes élevaient alors deux ou trois cochons qui étaient nourris à base de farine, de glands ou de pommes de terre écrasées dans du petit lait récupéré lors de la fabrication du beurre. Une fois engraissés, les animaux fournissaient la viande sous forme de salaison et de charcuteries. La scène se passe dans l'intimité de la ferme, et si deux voisins sont venus donner un coup de main, l'ambiance est bien éloignée de celle des réjouissances si souvent représentées. Seuls les hommes sont occupés par l'abattage puis par la découpe de la viande, les femmes n'intervenant que pour préparer ensuite la charcuterie.

- Celui des femmes et des enfants : tout le monde parle français - avec d'ailleurs un accent et des tournures bretonnes - puisque le camion "Barbe-bleue" est installé dans la cour de ferme. Ces camions bleus, qui ont participé au maintien du Groupe textile Mulliez Frères de Roubaix face à la concurrence des pays émergents, sont depuis 1955 un élément familier des campagnes : ils ont été - et ils sont encore parfois pour ceux qui n'ont pas d'automobile - le seul moyen de se vêtir dans les campagnes reculées. C'est en partie par leur intermédiaire que la mode citadine a diffusé : toutes les petites filles ont porté des blouses écossaises à col blanc dans les années 70 ! Si la fréquence des "tournées" a diminué, ce réseau passe toujours dans les campagnes bretonnes, apportant vêtement et linge de maison.