Annulation du projet de centrale nucléaire à Plogoff

28 mai 1981
01m 39s
Réf. 00554

Notice

Résumé :

La décision d'annuler le projet de construire une centrale nucléaire à Plogoff a été confirmée en Conseil des ministres. Amélie Kerloc'h, maire de la commune, évoque l'émotion ressentie quand le ministre Louis Le Pensec lui a annoncé la nouvelle, dans la continuité de celle du 10 mai au soir.

Type de média :
Date de diffusion :
28 mai 1981
Personnalité(s) :

Éclairage

Dans les années 80, EDF prévoit la construction de deux centrales nucléaires : une au Pellerin près de Nantes, l'autre à Plogoff, dans le Finistère. En février 1980, à Plogoff, toute la population du village refuse l'installation qui doit s'effectuer à quelques encablures de la Pointe du Raz, face à l'île de Sein. Pendant tout l'hiver les habitants de Plogoff, soutenus par des sympathisants venus de la France entière, résistent et vont mener une guérilla face aux nombreuses forces de l'ordre, dont la présence les exaspère. Les plus grandes manifestations (plus de 100 000 personnes) se déroulent en mars 1981.

Ces actions prennent à contre-pied les grandes formations politiques de gauche et de droite qui n'ont pas pris fortement position contre le nucléaire. Pourtant, l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste mettront fin au projet de Plogoff et du Pellerin, sans compter que l'EDF révisera à la baisse ses prévisions en matière de production d'électricité utilisant l'énergie nucléaire.

En savoir plus :

Tudi Kernalegenn, Les chemins bretons de l'écologie. Luttes écologistes dans le Finistère (1967-1981), Yoran Embanner, Fouesnant, 2006.

Plogoff, des pierres contre des fusils, film de Nicole Le Garrec, 1980.

Martine Cocaud

Transcription

(Musique)
Journaliste
Il n'y aura donc pas de centrale nucléaire à Plogoff. La décision d'abandonner ce projet a été officellement confirmée au conseil des ministres hier. C'est le nouveau ministre de la Mer, Louis Le Pensec, qui devait annoncer lui-même la nouvelle au maire de Plogoff, Amélie Kerloc'h, qui au moment de l'enquête d'utilité publique, se trouvait au premier rang des manifestants qui s'étaient opposés aux forces de l'ordre. On comprend, dans ces conditions, son soulagement, au micro d'Henri Vincent, quand elle a appris la nouvelle.
Amélie Kerloc'h
Monsieur Le Pensec m'a donné la primeur de la nouvelle, puisque à 13 heures il me téléphonait en me disant ce qui c'était passé au conseil des ministres. Je suis restée sans parole. Je lui ai même dit, puisque nous nous connaissions, je lui ai dit : "Embrasse tout le monde!". Je ne pensais plus que j'avais affaire à des ministres. Et puis j'ai prévenu, donc, l'ancien maire, et après j'ai eu un petit moment de recul, je me suis dit "C'est pas possible, c'est pas vrai, ça peut pas arriver comme ça". Nous avons fait la fête le 10 mai, nous n'avions rien à envier à toutes les villes de France ; j'ai vu Paris, j'ai vu Lyon, Plogoff était dans la rue, tout comme ces villes. Alors maintenant, chacun a fêté chez soi, en petit comité, mais je crois que vous pouvez aller chez les voisins, vous verrez encore trinquer à la bonne nouvelle : Plogoff ne se fera pas.
Journaliste
Plogoff, qui attend maintenant le décret d'annulation, qui risque de poser de graves problèmes à EDF.
Inconnu
Mais François Mitterrand, au cours de sa campagne, avait indiqué qu'il entendait terminer les centrales en construction et ne pas mettre en oeuvre celles qui ne l'étaient pas.