Le jardin botanique de Brest

13 juin 2005
04m 18s
Réf. 00720

Notice

Résumé :

Le jardin botanique du Stang Alar a été crée par Jean Yves Lesouef qui voulait sauver les plantes en voie d'extinction. Spécialisé dans la conservation des plantes menacées, ce jardin botanique a le statut de conservatoire. D'autres parcs ont été créés sur le même modèle.

Date de diffusion :
13 juin 2005
Source :
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Après 30 ans d'action, le Conservatoire Botanique de Brest peut se féliciter du résultat de son investissement. Ce « SAMU des plantes » a su prendre de l'ampleur, œuvrant ainsi pour la sauvegarde d'espèces végétales menacées d'extinction. À la tête de sa direction scientifique jusqu'en 2005, Jean-Yves Lesouëf fut à l'initiative de la création du tout premier Conservatoire Botanique de France en 1975. Selon l'estimation des botanistes, 20% de la flore existant sur la planète serait menacée d'extinction. Si l'homme met en danger la biodiversité, il peut aussi agir pour sa protection. La démarche pionnière de Jean-Yves Lesouëf s'inscrit dans cette prise de conscience. À l'époque de la naissance de son projet, celui-ci trouva un soutien déterminant auprès de la SEPNB, association régionale de protection de la nature, ainsi que du Ministère de l'Environnement et de la communauté urbaine de Brest. Depuis 1990, le Conservatoire Botanique de Brest est agréé par le Ministère chargé de l'Environnement comme Conservatoire Botanique National (CBN). Il a notamment été fer de lance dans la création de la fédération des Conservatoires botaniques nationaux, qui réunit les 6 autres conservatoires existants à l'échelle nationale.

Premier établissement dans le monde entièrement dédié à la préservation de la flore menacée, le Conservatoire est un lieu de connaissances scientifiques de la flore sauvage ou en danger, ainsi que de son habitat naturel. En premier lieu, le Conservatoire remplit la fonction de sauvegarde des plantes menacées à l'échelle régionale comme internationale. Au bilan de cette mission, le sauvetage semble réussi pour une quarantaine d'espèces. Il remplit également une importante mission d'expertise dans l'aménagement du territoire. Le Conservatoire détient aussi une vocation pédagogique importante par le biais de la sensibilisation du grand public envers les menaces qui pèsent sur la biodiversité. Parmi les réalisations du Conservatoire, le jardin aux 1500 espèces menacées le long de l'Elorn est un lieu bien connu des Brestois. Grâce à son climat océanique, Brest offre une terre d'accueil privilégiée pour les espèces menacées. Baptisé « Jardin du Stang-Alar », d'après le nom du vallon où il s'est implanté, il est destiné à la présentation au public de collections végétales organisées selon leur origine géographique. 1000 m2 de serres accueillent les espèces en voie de disparition provenant principalement de milieux insulaires et tropicaux, parmi lesquelles l'Hibiscus insularis et le Géranium de Madère. Le jardin du Conservatoire Botanique national de Brest reçoit une importante reconnaissance en 2009 lorsqu'il est classé « Jardin remarquable ».

Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2

Pauline Jehannin

Transcription

(Musique)
Journaliste
Aux portes de Brest, un jardin extraordinaire au sens littéral du terme, puisque créé pour sauver des plantes en voie d'extinction. Le Conservatoire botanique national du Stang-Alar a eu 30 ans le 15 juin dernier. Son concepteur est depuis toujours passionné par les végétaux et dès les années 70, conscient de la nécessité pour la planète de protéger sa biodiversité. A force de persuasion, il a réussi à convaincre les politiques de l'urgence à mettre en place une structure où seraient cultivées et conservées les essences en danger.
Jean-Yves Lesouëf
Ça, c'est une broméliacée du Pérou, Bolivie, c'est une des plus grandes du monde, ça fait 12 mètres de haut, vous vous rendez compte c'est quand même quelque chose. La floraison intervient... on dit 100 ans, mais enfin c'est...
Journaliste
Aujourd'hui, 10 mille espèces seraient menacées d'extinction dans le monde et 150 à 200 d'entre elles disparaîtraient chaque année.
Jean-Yves Lesouëf
A l'heure actuelle, nous faisons face à une extinction de masse telle que l'humanité n'en a jamais connue. Tout simplement c'est parce que il y a trop de, la population s'étend de plus en plus avec des besoins de plus en plus forts et on pèse de plus en plus lourdement sur le milieu, on a besoin de nouvelles terres sans arrêt, et parfois pour ne rien en faire d'ailleurs.
Journaliste
Le Stang-Alar a deux missions : une première mission de sauvetage au niveau international dans les cas extrêmes, il est alors comparable à un SAMU des plantes qui les met en culture quand elles risquent de disparaître. Et une seconde mission de sauvetage au niveau national cette fois. Il est alors agence de conservation en relation avec les autorités pour arriver à les maintenir in situ. Il couvre dans ce dernier cas trois régions programmes, la Bretagne, les Pays de Loire à l'exception de la Sarthe et la Basse Normandie. Trois régions seulement, parce que sur son modèle, 6 autres conservatoires ont vu le jour en France.
Jean-Yves Lesouëf
Quand une plante s'éteint, c'est des millions d'années d'évolution qui disparaissent, on ne peut en aucun cas revenir en arrière dans le temps. En fait, quand vous sauvez une plante, vous sauvez toutes ses années d'évolution et la promesse du futur d'évolution, également tout le futur de l'espèce, vous le conservez.
Journaliste
Ce sont des raisons météorologiques qui ont amené Jean Yves Lesouëf à installer le Conservatoire botanique à Brest. Le climat y est océanique avec des étés tempérés et surtout des hivers très doux qui permettent la mise en culture en extérieur de 2 à 3 fois plus d'espèces qu'il n'aurait été possible de le faire à Rennes ou à Fougères. Les plantes les plus fragiles, elles, sont abritées sous 4 serres où ont été recréés leurs milieux d'origine. Les essences tropicales sont du fait même de la richesse de la biodiversité de ses zones plus touchées que celles des autres régions.
Jean-Yves Lesouëf
Un sauvetage de plantes, ça peut être très rapide, mais dans la plupart des cas, si vous voulez, c'est une affaire de longue haleine. Certains sauvetages sont en cours depuis 30 ans et ce n'est pas fini.
Journaliste
Parce que pour Jean Yves Lesouëf et son équipe, l'aboutissement du sauvetage c'est bien évidement la réintroduction de la plante dans son milieu d'origine par le biais des graines qu'il faut donc réussir à obtenir. Au Stang-Alar, quand un pied mère a fructifié, quand après carottage des semences ont été retrouvées en terre ou quand elles leur ont été envoyées par les réseaux internationaux avec lesquels ils sont en contact, elles sont identifiées puis conservées dans des congélateurs au froid.
Intervenante
On gagne en temps de vie de la graine, on les conserve plus longtemps que si on les gardait à température ambiante ; là on les stocke à -18°, de 0 à -18°, plus on diminue la température, plus on gagne en temps de longévité de la graine.
(Bruits)
Journaliste
A l'automne prochain Jean Yves Lesouëf partira en retraite, heureux. Il sait qu'il a été un moteur dans la création de par le monde de structures identiques au Stang-Alar. Il sait aussi que grâce à son action et à celle de son équipe, une quarantaine d'espèces qui auraient disparu de la planète s'il n'avait pas été là, ont été sauvées.