Entreprise de culture des algues

26 juin 2006
01m 59s
Réf. 00740

Notice

Résumé :

Trois jeunes Costarmoricains de Loguivy de la Mer ont créé une entreprise de culture d'algues : Aleor. Ils exploitent de manière très scientifique une concession de 4 hectares dans la baie entre la côte et l'île de Bréhat mise à disposition par les affaires maritimes. La caméra les suit sur zone pour effectuer leur première récolte.

Date de diffusion :
26 juin 2006
Source :

Éclairage

Par la qualité de ses eaux, la côte bretonne est parmi les plus riches du monde en algues. Activité innovante, sa culture se développe en Bretagne. À l'image de l'entreprise Aléor implantée depuis 2006 dans la baie de Saint-Brieuc, la région accueille une trentaine d'entreprises dont c'est la spécialité. Sa production annuelle de 70 000 tonnes fait de la Bretagne la première des régions productrices d'algues marines en Europe.

L'exploitation industrielle des algues en Bretagne est l'héritière des usages traditionnels connus chez les populations côtières et insulaires depuis le Moyen-âge. L'exploitation des ressources maritimes était un aspect important de l'économie locale de ces populations.

Traditionnellement, la récolte des algues était l'activité des goémoniers qui récoltaient de mai à octobre le goémon sur les côtes ou en mer, à bord de petites embarcations. Une fois recueilli, le goémon était séché sur la grève. Les algues étaient utilisées comme combustibles ou engrais pour la terre. La production de carbonate de sodium à partir des cendres d'algues, utilisée dans la fabrication du verre, est la première forme d'exploitation industrielle de cette ressource, qui contribue à relancer dès le XVIIème siècle l'activité des goémoniers.

C'est ensuite à l'implantation de l'industrie agro-alimentaire dans les Côtes-d'Armor au milieu du XXème siècle que l'on a dû le plus important développement de l'exploitation des algues en Bretagne. Le goémon est alors récolté puis transformé industriellement en additifs alimentaires, les alginates. Dans les années 1950, le nombre de goémoniers en Bretagne s'élevait alors à plusieurs milliers. Par la suite, l'activité des goémoniers confrontée à une phase de mécanisation, connaît une forte diminution de la main d'œuvre. Activité réputée dangereuse, la récolte en mer est en déclin depuis les années 70.

La culture organisée des algues marines, ou algoculture, est une nouvelle forme d'exploitation de la ressource. La culture des algues est un secteur d'innovation varié, visant à la fois à la production d'algues comestibles mais aussi d'algues destinées à la cosmétique ou encore à la production de sources d'énergie renouvelable (biocarburants).

Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2

Pauline Jehannin

Transcription

Journaliste
Pour les créateurs d'Aléor, c'est un grand jour, celui de leur première récolte. Sur leur concession, située aux larges de Loguivy-de-la-mer à quelques encablures de l'île de Bréhat, ils vont ramasser 50 kilos d'algues destinées à un laboratoire de la région. Sur les filières qu'ils ont installées voilà quelques semaines, deux variétés d'algues ont déjà prospéré et notamment cette "laminaria digitata" connu sous le nom de "fouet de sorcier" qui s'est développée naturellement, il est vrai que toutes les conditions sont réunies.
Olivier Bourtourault
Ici, on a une double chance, d'abord la côte nord bretonne c'est une des 5 meilleures zones au monde pour la qualité de ses eaux, pour la culture de l'algue, et c'est pour ça qu'on a une diversité naturelle, dans cette baie-là, il y a plus de 800 espèces différentes d'algues. Et l'autre chance, c'est qu'ici à l'abri de l'île de Bréhat, on a une circulation de courant qui fait qu'on a toujours de l'eau très propre et qui convient parfaitement en composition pour la croissance des algues.
Journaliste
A terme, ce sont quatre familles d'algues qu'Olivier Bourtourault et ses 2 associés d'Aléor entendent cultiver. En partenariat avec des chercheurs de l'université de Caen, ils ont déjà implanté une autre laminaire, la "saccharina" ou "baudrier de Neptune", dont les débuts sont prometteurs. Mais pour l'heure, pas question de s'endormir sur ses lauriers et de traîner sur l'eau. Il s'agit de livrer la première commande rapidement, le client a besoin d'une algue fraîchement sortie de la mer.
(Bruits)
Journaliste
Même si le projet économique est encore en phase de rodage, les débouchés existent, que se soit dans la cosmétique, l'alimentation ou encore la thalassothérapie.
Jean-Yves (de) Chaisemartin
Il y a plus de clients que ce qu'on ne pourra en livrer et satisfaire au début, le défi c'est vraiment, c'est faire un effet boule de neige et de pouvoir satisfaire toujours plus de clients, avec une production qui sera, qui ira en s'accroissant.
Journaliste
Ça veut dire concrètement, il y a un marché, il y a une demande pour ce type de produit ?
Jean-Yves (de) Chaisemartin
Il y a une demande très importante pour de l'algue calibrée, constante et de qualité, ce qui aujourd'hui n'existe pas de manière rigoureuse.
Journaliste
D'ici 4 ans, l'ambition d'Aléor est de produire 200 tonnes d'algues à l'année. Si cela marche, une chose est sûre, il faudra prendre des récipients un peu plus grands.