Le manger et les sabots de bois

16 novembre 1971
01m 51s
Réf. 00748

Notice

Résumé :

Extrait du film Le serrurier de Lannion, de André Voisin, où Louis Mercier évoque les sabots de son enfance.

Type de média :
Date de diffusion :
16 novembre 1971
Source :
ORTF (Collection: Les conteurs )
Personnalité(s) :

Éclairage

À la fois amusé et nostalgique, le témoignage de cet homme traduit l'attachement aux souvenirs de la vie paysanne, incarnés par les sabots de bois. Ces modestes objets d'antan accompagnaient les pas de chacun dans les tâches quotidiennes, à travers les champs et les chemins. Depuis toujours, les sabots de bois symbolisent le monde paysan. Petite bretonne qui chausse, même à la capitale, des sabots de bois, Bécassine ne contribua-t-elle pas à diffuser cette image de la paysannerie bretonne ? Signe de pauvreté, porter des sabots marque longtemps une distinction avec ceux qui ont des souliers, dans le monde de la ville, même si dans des familles, on possédait à la fois sabots et souliers, utilisés selon le lieu. Le sabot accompagne donc la paysannerie bretonne, son imaginaire et son identité, comme le montre également l'un des recueils de chansons réalisé en Basse-Bretagne au début du XXe siècle par Théodore Botrel et intitulé Chansons en sabots.

Dans les années 70, les sabots de bois ont laissé leur empreinte dans la mémoire d'un monde rural en cours de métamorphose. Ils ne rappellent pas seulement la dureté du quotidien et les modestes conditions de vie des campagnes. Le sourire du narrateur montre que le souvenir des sabots, associé à celui de la soupe aux pommes de terre, évoque également pour lui un univers rustique, ainsi que des usages, des gestes et des sensations d'autrefois. Dans un monde en bouleversement, où l'on se tourne vers les témoignages du passé, les souvenirs portés par cet objet ont de la valeur. Ils racontent à leur manière une histoire de la Bretagne, comme l'illustre également le documentaire réalisé en 1975, Au pays breton ou la mémoire en sabot, par Claude Fléoutier et Patrick Camus.

Bibliographie :

Au pays breton ou la mémoire en sabot, documentaire de Claude Fléoutier et Patrick Camus, 1975.

Pauline Jehannin

Transcription

Louis Mercier
Nous n'avions pas le confort du tout. Dans le manger même il y a des raffinements maintenant qu'il n'y avait pas, vous savez on mettait, le manger était constitué principalement par de la soupe, dans la soupe on met de tout. Il y en avait du pain, vous comprenez un bout de lard sur le pain et avec son couteau, parce que tout le monde avait un couteau du plus petit jusqu'au plus grand ils avaient tous un couteau n'est-ce pas et alors on prenait les patates avec la main sur la table il n'y avait pas de nappe il n'y avait rien du tout.
André Voisin
Pas d'assiette rien.
Louis Mercier
Pas d'assiette, rien du tout, ah non je n'ai pas connu ça non, non, comme on était en sabot de bois, par exemple, il n'y avait pas de chaussures, je n'ai pas connu de chaussures moi avant l'âge de 10 ans toujours. Il a fallu que je retourne en ville, j'allais travailler dans l'atelier de serrurerie en sabots sans chaussette ni rien vous voyez. Là aussi avec les sabots, vous allez me dire que c'est inconfortable j'ai jamais vu, trouvé rien de plus confortable que ça, parce que dans les sabots à la campagne d'abord c'est du bois ça isole de tout vous pouvez être dans la boue, vous pouvez être dans le purin, vous pouvez être dans la bouse de vache, tout ce que vous voulez, ça isole. Ce n'est pas comme le cuir qui aspire tout. Bon vous avez les pieds au sec, à condition de savoir encore mettre la paille dans ses sabots.
André Voisin
Il fallait savoir.
Louis Mercier
Il fallait savoir, c'était la paille d'orge que l'on mettait parce que c'est la plus chaude et alors il fallait serrer le pied dedans le plus possible, la paille dépassait comme ça et puis on coupait au couteau tout autour après [incompris]. Et vous faisiez un petit jour comme sur le devant pour ne pas que le bois blesse, voyez-vous et même il y avait un petit détail pour le cloutage en dessous, il y avait les clous en dessous évidement pour que pas qu'il s'en aille parce qu'on regarde il y a un clou près, on les mettait les uns à côté des autres comme ça ils ne partaient pas.
André Voisin
Ah oui ils se tenaient entre eux.
Louis Mercier
Ils se tenaient entre eux, ça n'arrivait pas à taper dans le caillou ça tapait sur la surface. Je prétends...