Le pays Gallo

01 mai 1988
02m 14s
Réf. 00876

Notice

Résumé :

Interview d'Albert Poulain, conteur et musicien, sur le pays Gallo : sur un ton humoristique, il en explique les limites géographiques ainsi que la langue.

Type de média :
Date de diffusion :
01 mai 1988
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Personnalité(s) :

Éclairage

Albert Poulain est né en 1932 à Pipriac (35) dans une famille rurale où cultures française et gallèse se côtoient. En 1956, à une époque où il travaille à Paris, il crée avec Roger Gauthier l'association « Couesnon-Rance-Vilaine » (CRV), dont le regard est tourné sur la Haute-Bretagne. L'association organise des bals et surtout la fête des Bruyères, qui font jouer des groupes folkloriques à Paris où en Bretagne gallèse.

C'est le point de départ d'un engagement au service de l'identité gallèse qui va se traduire entre autres par la collecte des traces de la culture populaire dont celles des traditions orales. Albert Poulain va oeuvrer avec Donatien Laurent, Gouillon de Matingon, Claudine Mazéas etc... Enfin installé en Bretagne en 1959 comme maître d'oeuvre, il participe à l'amélioration de maisons rurales, et consacre ses loisirs à la collecte des chants mais aussi des photos du bâti, autour de Pipriac. Il se rapproche des cercles celtiques, de Georges Gicquel de la JEB (Jeunesse Etudiante Bretonne) et participe à leurs sorties afin de relancer le chant gallo. Il s'affirme alors comme un interprète capable de subjuguer son auditoire. Dans les années 1970, poussé par Chérif Khaznadar, alors directeur de la maison de la culture de Rennes, il se lance vers les contes dont il démarrera la collecte. C'est dans la foulée qu'il va recevoir la première Bogue d'Or du tout jeune festival de la Bogue, animé par le Groupement culturel des Pays de Vilaine (GCPVB). Puis ce sera le début des assemblées de chant dans les communes redonnaises, qui permettent de multiplier les collectes de chants et de contes. Une vraie dynamique se crée autour de l'identité gallèse dans les années 70.

Il continue aujourd'hui à animer des rencontres, à réaliser des disques de « chantous » et à oeuvrer avec Dastum, qui dynamise le mouvement de collecte depuis les années 90. Cette capacité à chercher les sources puis à les interpréter sans artifice donne une dimension patrimoniale exceptionnelle à son œuvre qui est reconnnue à l'étranger. La fête de la Bogue, la fête du chant traditionnel de Bovel, et les soirées au café chez Paulette de Pipriac, sont de belles occasions de constater la vitalité de la culture gallèse, toujours vivante.

C'est ce bel exemple de Patrimoine Culturel Immatériel que nous avons voulu illustrer par une sélection de trois extraits (un interview, un conte, un chant).

Martine Cocaud – CERHIO – UHB Rennes 2

En savoir plus :

Albert Poulain, Cahiers de route, PUR et DASTUM, 201 (avec un CD de chants).

Contes et légendes de Haute-Bretagne, éditions Oues-France, 1995.

Martine Cocaud

Transcription

Présentateur
Et maintenant, Albert Poulain, le pays Gallo. Alors, Albert il est musicien, il est conteur aussi. Et le pays Gallo, Albert Poulain, vous, expliquez-nous quand même un petit peu où ça se trouve.
Albert Poulain
Ça part de Saint-Malo, Antrain sous Couesnon, c’est bien qui dans sa folie mit le Mont en Normandie. Ça va sur Fougère, il y a Saint-Hilaire-du-Harcouët, qui vous donne des allusions aux bois, en breton, ça va du côté de la Guerche, ça passe à Châteaubriant, Guémené-Penfao, Guémené-Penfao, qui veut dire en breton, la tête du hêtre, la colline du hêtre. Gwen menez, gwen blanc, menez, le mont, blanc, penfao, la tête du fao, c’est-à-dire du fao quoi ! Vous savez ce que c’est oui.
Présentateur
Non, je sais pas.
Albert Poulain
Et après, ça continue sur, bon je finis, enfin sur Clisson et puis Machecoul quoi, voilà.
Présentateur
Et dans le pays Gallo, on parle... le Gallo ?
Albert Poulain
Voilà, voilà, alors c’est, ben c’est ce qu’on appelle la langue romane, britto-romane, tout ce que vous voulez, il y a du roman dedans donc il y a du latin vulgaire. Et puis, il y a des mots bretons, il paraît qu’il y en a plus de 500 et puis des expressions bretonnes qu’ils ont sorties. Qui sont sorties du breton comme par exemple [inaudible], ça vous dit rien. Alors [inaudible], c’est un gars qui [inaudible] les [inaudible], C’est-à-dire, qui castre les vers de terre. Alors, vous voyez, un gars avec sa charrue, il passe, il coupe la queue du [inaudible]. Alors en breton, ça se dit pareil, un castreur de vers de terre, il tient la charrue, donc, un labourateur, non un cultivateur, voilà. Et puis bon ben, à côté de ça, c’est les vieux mots, ils fichent le camp les premiers, et puis les nouveaux reviennent quoi ! Il y a [inaudible], bulldozer, et cetera quoi, qui remplacent ceux qui étaient beaucoup plus vieux. Alors, nous de temps en temps, ben on en glisse dans les conversations, et puis on fait de la pollution.