Landerneau : maréchal-ferrant : ferronnier d'art

05 octobre 1967
04m 15s
Réf. 00890

Notice

Résumé :

Visite chez le maréchal ferrant, qui présente son métier, pose un fer à un cheval. Il s'occupe des fers d'une écurie de course, ce sont des fers sur mesure. Comme son métier tend à disparaître, il fait désormais de la ferronnerie d'art.

Date de diffusion :
05 octobre 1967
Source :

Éclairage

Le discours tenu dans ce petit film tourné en 1967 met en scène une conséquence rarement évoquée de la modernisation des campagnes : celle des tracteurs qui ont remplacé les chevaux, ordonnant ainsi la quasi disparition des maréchaux-ferrants de village ou au mieux leur évolution, puisque leur savoir faire a permis à certains d'explorer le travail de la forge et de la ferronnerie d'art.

Traditionnellement le maréchal-ferrant ferrait le pied des chevaux et des bovins toutes les six à dix semaines, et ce depuis le IXe siècle avec l'apparition de la ferrure à clous. Le travail se faisait en plusieurs temps : le déferrage qui consiste à enlever l'ancien fer, le parage de la corne pour mettre le pied d'aplomb, l'ajustage à chaud du fer selon la forme du sabot, puis la « portée à chaud » sur le pied et enfin le brochetage et le rivetage des clous. L'artisan que nous voyons dans le film est expérimenté puisque non seulement il installe des fers commercialisés sur un cheval de trait, mais il en forge - et c'est plus rare - certains sur mesure pour des chevaux prestigieux. Actuellement cette pratique a quasiment disparu, de même que les forges de village puisque les maréchaux-ferrants sont maintenant itinérants et se déplacent de haras en haras.

Mais, contrairement à ce que laissait supposer le film, le métier lui n'a pas disparu, bien au contraire. D'une part parce qu'aucune autre méthode alternative au ferrage (fer plastique, collage etc..) n'a été jugée satisfaisante et d'autre part parce qu'il y a toujours des chevaux !... même s'ils ne sont plus voués au travail de la terre. Certes le maréchal de village n'est plus mais comme les chevaux sont considérés comme de plus en plus précieux, le savoir-faire des bons maréchaux-ferrants est recherché et le profession s'est normalisée par l'instauration d'un BEPA, activités hippique, option maréchalerie et d'un C.A.P. Agricole option Maréchalerie. Selon l'institut de la maréchalerie (compagnons du Devoir) on compte actuellement 1700 maréchaux-ferrants en France.

Martine Cocaud – CERHIO – UHB Rennes 2

Martine Cocaud

Transcription

(Silence)
(Bruit)
Journaliste
Ne vous dérangez pas, nous allons parler de votre métier, continuez !
Nicolas
Oh, mais ça ne me dérange pas du tout.
Journaliste
Monsieur est le teneur de pied ?
Nicolas
Oui, enfin, c’est le propriétaire du cheval qui fait ce métier-là actuellement.
Journaliste
Alors, Monsieur est cultivateur.
Intervenant
Oui !
Journaliste
Et le métier de teneur de pied a disparu ?
Nicolas
Oh oui, ma foi, on ne trouve plus personne qui voudrait faire ce métier. C’est un métier extrêmement dur et ma foi, personne évidemment ne voudrait le faire.
Journaliste
Oui, c’est pour ça d’ailleurs que le métier de maréchal-ferrant disparaît peu à peu avec les chevaux, bien sûr.
Nicolas
Oui, évidemment, je crois qu’ils vont disparaître en même temps le maréchal-ferrant et le cheval.
Journaliste
Oui, mais vous avez trouvé la formule pour vous reconvertir et ne pas disparaître.
Nicolas
Ah ça oui, heureusement d’ailleurs parce que autrement, pour moi, c’était la fin.
Journaliste
Vous avez transformé votre métier en ferronnier d’art.
Nicolas
On s’est un petit peu, on a évolué en somme vers le fer forgé, vers la ferronnerie.
Journaliste
Vous avez encore quelques chevaux ?
Nicolas
Oui, on a encore quelques chevaux. Il nous arrive de ferrer, je ne sais pas, peut-être 3, 4 dans la semaine quoi, c’est tout.
Journaliste
Et vous avez également une écurie de courses ?
Nicolas
Oui, il y a une écurie de courses que l’on ferre toutes les semaines. On y va 2 ou 3 fois par semaine.
(Bruit)
Journaliste
Nous voici maintenant en plein travail de forge. Mais avant de quitter le domaine du cheval, Monsieur Nicolas, nous allons parler d’un cas particulier, vous chaussez sur mesure.
Nicolas
Oui, ce sont des... c’est une ébauche de fer de cheval de course, de galopeur.
Journaliste
Ce sont des fers très légers.
Nicolas
Très légers, ça ne doit pas peser 100 grammes.
Journaliste
100 grammes, et combien de temps il dure ?
Nicolas
Oh, environ une quinzaine de jours.
Journaliste
C’est vraiment une spécialité que vous avez là.
Nicolas
Oui, ça c’est quand même autre chose à ferrer que ce qu’on a vu tout à l’heure.
Journaliste
Parce que chaque cheval a un fer différent ?
Nicolas
Ah, évidemment, chacun a sa pointure, c’est un fer de devant ça.
Journaliste
Evidemment, ça nous amène à la ferronnerie et au travail d’art que vous effectuez. Nous voyons vos compagnons derrière qui travaillent. Le plus jeune a juste, là-bas, quelques ouvrages. Il vous est venu d’un service de travail spécialisé ?
Nicolas
Oui, oui oui, il a été en apprentissage dans un centre accéléré, et puis de serrurerie. Ensuite, il est venu chez moi.
Journaliste
Et il y a 5 ans qu’il est chez vous maintenant ?
Nicolas
Y'a 5 ans qu’il est chez moi.
Journaliste
Votre autre compagnon, lui est, paraît-il, est un parachuté ?
Nicolas
Ah lui, oui, il a été dans le légume dans Saint-Paul, comme pas mal de Saint-politains d’ailleurs. Puis, il est venu chez moi, et depuis ma foi, regardez son travail.
Journaliste
Et ça lui plaît, c’est son travail.
Nicolas
Ça lui plaît.
Journaliste
Qu’il s’approche et il fasse voir ce qu’il est en train de faire actuellement.
(Bruit)
Nicolas
Ce sont des panneaux de porte là.
Journaliste
Des panneaux de porte ?
Nicolas
Des panneaux de porte, oui.
Journaliste
Et vous avez beaucoup de commandes ?
Nicolas
Oui, on a beaucoup de commandes.
Journaliste
Elles viennent de loin ?
Nicolas
Elles viennent d’assez loin.
Journaliste
Oui, il paraît que vous avez une visite de Saint-Cyr Coetquidan ?
Nicolas
Ah oui !
Journaliste
Saint-Cyr-l’Ecole ?
Nicolas
Saint-Cyr-l’Ecole, oui.
Journaliste
Après que vous avez parlé à la radio, vous avez été interviewé aussi à la radio, et un client vous est venu de là-bas ?
Nicolas
De là-bas, oui.
Journaliste
Ce qui prouve que votre métier intéresse beaucoup.
Nicolas
Oui, certainement, et qu’il n’y a plus tellement de forgerons.
Journaliste
Oui, je comprends.
Nicolas
On a du mal à trouver quelqu’un, quand même, pour faire un travail un petit peu spécial quoi.
(Silence)
(Bruit)