Témoignage de Louis Marc, industriel finistérien

06 octobre 1964
03m 16s
Réf. 00024

Notice

Résumé :

Louis Marc, jeune entrepreneur breton spécialisé dans l'industrie de la conserverie, est confiant quant à l'avenir industriel de la Bretagne. Il a su créer une activité prospère. Il commercialise sa production en France et sur le Marché Commun.

Date de diffusion :
06 octobre 1964
Source :
Lieux :

Éclairage

L'industrie de la conserverie est ancienne en Bretagne ; elle s'est développée dès le XIXe siècle. Les légumes et le poisson fournirent la matière première. Puis, au début du XXe siècle, commencent à émerger des entreprises à capitaux familiaux qui, à côté des conserves de légumes et de poisson, développent les conserves de viande de porc telle l'entreprise Hénaff (le pâté Hénaff) à Pouldreuzic dans le Finistère. Dans ce dernier cas, cette production deviendra essentielle.

L'entreprise décrite ici est également une entreprise familiale, mais son développement se heurte à l'état de l'agriculture bretonne en 1964 et à l'évolution économique européenne. A cette date, l'agriculture bretonne est incapable de fournir suffisamment de viande de porc le contraignant à en importer d'Amérique du sud principalement. L'élevage porcin en Bretagne est encore essentiellement un élevage fermier représentant 20% de l'élevage français. Toutefois, il commence à se moderniser en instaurant des formules contractuelles entre exploitations de naisseurs et exploitations d'engraisseurs.

Plus significatif est la mise en place, puis la croissance spectaculaire des élevages porcins hors-sol dès 1965. En quinze ans, la production porcine de Bretagne double et se structure. Cette évolution est rendue nécessaire par un acteur nouveau : la Communauté économique européenne ou Marché commun. En effet, la libéralisation des échanges, l'abaissement progressif des droits de douane depuis le début des années soixante favorisent le commerce à l'intérieur de la Communauté. Cette situation nouvelle facilite les exportations comme l'a bien compris cet industriel. Elle entraîne aussi une modernisation des élevages, suivie un peu plus tard, de l'organisation des éleveurs en groupements de producteurs. Du côté de l'industrie, on assiste à la concentration des entreprises de la conserverie, et, au-delà, de tout le secteur de l'agro-alimentaire, sous forme de coopérative ou de grands groupes privés d'envergure nationale, voire internationale.

Jacqueline Sainclivier

Transcription

(Silence)
Louis Cohic
Louis Marc, vous êtes un de ces jeunes industriels bretons à croire en l'avenir industriel de la Bretagne.
Louis Marc
Oui, j'y ai toujours cru et je me suis lancé dans la conserverie il y a quelques années et ma foi, j'ai très bien réussi puisque en démarrant avec des moyens très réduits au départ, j'arrive en ce moment avec 125 employés et tout va bien.
Louis Cohic
Des jeunes ?
Louis Marc
Je suis content du résultat. Tous des jeunes. J'ai 40 ans, j'ai 6 employés à la Caisse des cadres, je suis le plus vieux des 6.
Louis Cohic
Quels sont les produits que vous fabriquez ?
Louis Marc
Principalement les pâtés de viande. Enfin, tout ce qui concerne le porc en général. Et je fabrique pas mal de conserves de viande et en même temps, je me suis lancé dans une affaire de triperie en 1958 et ma foi, j'ai aussi très bien réussi dans la triperie. D'ailleurs, je participe au concours international de la triperie à Caen tous les ans et depuis 3 ans de rang, j'ai eu un premier prix 3 années consécutives.
Louis Cohic
Ce qui est un joli...
Louis Marc
A force, ça m'a aidé beaucoup pour la vente de mes produits et j'arrive même en ce moment à être un petit peu à court de matières premières. Si bien que je suis obligé de... ... d'importer de ces produits dont il me manque pour satisfaire ma clientèle. Aussi bien d'Amérique du Sud, d'Argentine principalement et aussi de l'Amérique du Nord et d'Europe centrale.
Louis Cohic
Où vendez-vous vos produits ?
Louis Marc
Et bien, je vends évidemment dans la région ici où j'ai une clientèle régionale. Je vends dans toutes les régions de France également principalement sur Paris. Mais enfin, j'ai pensé que à un certain moment, on est tellement de conserveurs en France et principalement en Bretagne, que c'est plus possible de, si on veut agrandir son affaire, de rester sur le plan régional, aussi, je me suis penché principalement sur le Marché commun. J'ai commencé d'abord par l'Angleterre. Il y a deux, trois ans, j'ai eu l'occasion de faire deux foires expositions à Londres. Ma foi, ça m'a bien aidé, je travaille gentiment avec les Anglais mais quand même, je dois dire, l'Allemagne est devenu mon plus gros client principalement depuis la libéralisation des échanges, c'est-à-dire au mois d'octobre 63.
Louis Cohic
Quelles sont les quantités que vous exportez ?
Louis Marc
Une moyenne, c'est assez variable mais on arrive à faire une moyenne de 100 tonnes par mois environ de conserves. Ce qui correspond puisqu'il y a que différents formats, des petites et des grandes boîtes, j'arrive à faire une moyenne de 400 000 boîtes environ par mois.
Louis Cohic
Vous croyez en l'avenir ?
Louis Marc
Ah j'espère oui, bah je pense. Parce que de toute façon, j'ai fait un effort pour y arriver, remarquez que ça n'a pas toujours été facile parce que il faut tellement... Il faut être tous les jours sur la brêche et la paperasse, il en faut un petit peu. J'aime autant vous dire que pour faire l'exportation, c'est pas, comme on dit, c'est pas toujours de la tarte. Mais enfin, on arrive très bien, c'est pas...
Louis Cohic
Je vois derrière vous une... une tripière, est-ce que c'est une récompense ?
Louis Marc
C'est-à-dire, c'est une maquette si on veut de la tripière d'or, c'est un petit peu l'emblème de mon diplôme que j'ai ici en face d'ailleurs et qui indique à peu près la même chose. Et ma foi, j'ai eu la chance d'avoir, comme je vous l'ai déjà dit tout à l'heure, le premier grand prix national dans la catégorie conserveur toujours.
Louis Cohic
C'est votre fierté ?
Louis Marc
Je suis très fier.
Louis Cohic
Qu'un Breton ait pu battre un Normand sur leur terrain.
Louis Marc
Ah ça vous pensez, quand on a donné le palmarés la première année, évidemment j'étais inconu à Caen et les Normands ont fait un, comme on dit, un drôle de nez, enfin j'en étais très fier pour ma part.