Le Pardon de Sainte Anne d'Auray

26 juillet 1969
01m 49s
Réf. 00043

Notice

Résumé :

Le 26 juillet, la paroisse de Sainte Anne d'Auray fête sa sainte patronne, Anne. Ce grand pardon rassemble de nombreux pèlerins, notamment des femmes qui viennent célébrer la mère de la Vierge Marie.

Date de diffusion :
26 juillet 1969
Source :

Éclairage

Sainte-Anne, mère de la Vierge Marie, est vénérée à Sainte Annne d'Auray, petite commune du Morbihan, depuis le Ve siècle. Le pèlerinage qui attire tant de monde dans les années 1960 a commencé au XVIIe siècle, à la suite des apparitions de Sainte-Anne à Yves Nicolazic, un pieux laboureur habitant le modeste hameau de Ker-Anna. Elle lui aurait demandé de reconstruire sa chapelle, détruite au début du VIIIe siècle par les barbares. Le 7 mars 1625, il découvre une antique statue de la bienheureuse dans le champ du Bocenno. L'évêque de Vannes, après enquête, reconnaît l'authenticité de ces apparitions et autorise la construction d'une chapelle en l'honneur de cette dernière. Devenue trop petite pour accueillir les pèlerins, elle est remplacée par la basilique actuelle durant la seconde moitié du XIXe siècle (1865-1872). A son sommet se dresse une statue de bronze représentant la Sainte, un flambeau à la main. "Mère de toute espérance, consolatrice de toute affliction", Anne est considérée comme la sainte patronne des Bretons, d'où ce dicton : "Mort ou vivant, à Sainte-Anne une fois doit aller tout Breton". Selon une légende peu orthodoxe, Sainte Anne serait née en Bretagne. Pour la préserver des brutalités de son époux noble, elle fut transportée par les anges à Nazareth. Anne et Joachim eurent un enfant, Marie, la mère de Jésus. Après cette naissance, Anne serait revenue mourir en Bretagne. En fait, il est probable qu'il y ait là une association de deux cultes : celui de Sainte-Anne, venu du Moyen-Orient au moment des Croisades, et celui d'Ana, mère des dieux celtes.

Pour en savoir plus :

Les premiers missionnaires qui évangélisèrent l'Armorique propagèrent une grande vénération pour Sainte-Anne. De plus, Sainte Anne d'Auray étant le seul endroit au monde où la mère de Marie serait apparue, les pèlerins commencèrent à affluer dès la fin des années 1660. Au fil des siècles, Sainte-Anne d'Auray est devenue le premier lieu de pèlerinage en Bretagne (plus de 800 000 pèlerins par an) et le deuxième en France après Lourdes. Précédé la veille d'une procession aux flambeaux, le Grand Pardon de Sainte-Anne a lieu chaque 26 juillet. Mais cela n'empêche pas la petite commune d'accueillir des pèlerins de mars à octobre, c'est-à-dire durant la période des pèlerinages qui mobilisent tous les diocèses et les paroisses de Bretagne.

D'après les traditions, les croyants, en geste de pénitence, doivent gravir à genoux, les marches du double escalier qui mène à la basilique, tout en chantant l'Ave Maria. Au centre de la vaste esplanade qui fait face à la basilique, à l'endroit où la mère de Marie serait apparue pour la première fois à Nicolazic, se trouve la fontaine de Sainte-Anne dans laquelle les pèlerins viennent boire et se laver le visage . Dans une Bretagne encore profondément catholique, le succès est toujours plus important jusqu'aux années 1960.

De 1962 à 1965 a lieu le concile de Vatican II, qui invite à renouveler les pratiques religieuses et à ouvrir l'Eglise au monde. La diversification du monde catholique breton et la chute de la pratique dominicale sont très nettement perceptibles, surtout dans les campagnes. Beaucoup de dévotions liées au culte marial, à la divinité du Christ, beaucoup de processions disparaissent. Cette disparition est progressive, liée à la fois à l'évolution du mode de vie et au vent de réforme qui souffle à l'intérieur même de l'Eglise.

Après 1968 et une contestation qui touche aussi certains membres du clergé et certains croyants, des prêtres et des fidèles reprochent aux processions leur caractère ostentatoire et triomphaliste, peu en accord avec leur mission d'aide aux plus pauvres, les discours tiers-mondistes sur la pauvreté, et les simplifications des cérémonies réclamées par Vatican II. Elles disparaissent progressivement et seuls quelques pardons, tels que celui de Sainte-Anne d'Auray ou de Saint-Yves de Tréguier, réussissent à se maintenir et à rassembler plusieurs milliers de fidèles. Malgré un recul de la pratique religieuse, ils attirent toujours autant la population. Le 20 septembre 1996, le pape Jean-Paul II, en pèlerinage à Sainte Anne d'Auray, demandait aux 150 000 pèlerins qui se présentaient devant lui d'"être les bâtisseurs de l'Eglise dans les générations nouvelles".

François Lambert

Transcription

MUSIQUE