Le Chantier Jeanneau repris par ses employés

24 mars 1987
02m 34s
Réf. 00116

Notice

Résumé :

En Vendée, les Chantiers Jeanneau, propriété américaine depuis 1969, sont mis en vente. Le directeur Michel Richard a proposé aux 1350 salariés un rachat de l'entreprise. Les salariés ont accueilli cette proposition favorablement.

Date de diffusion :
24 mars 1987
Source :
FR3 (Collection: Soir Nantes )

Éclairage

Célèbre pour sa participation aux courses à la voile, le chantier Jeanneau est une entreprise de bateaux de plaisance fondée aux Herbiers (Vendée) par Henri Jeanneau en 1963. Entreprise familiale, elle se développe rapidement et se lance dans l'aventure des "Formule 1" de la mer. Après plusieurs victoires à son actif et six ans plus tard, elle a quatre usines et près de 1 300 salariés. Elle est alors rachetée par un groupe californien qui poursuit son développement. En 1987, le groupe américain veut se recentrer. Se pose alors la question du rachat. Or, le gouvernement socialiste au pouvoir depuis 1981 est en partie l'héritier de conceptions autogestionnaires de l'entreprise. La loi du 9 juillet 1984 qu'il promulgue, permet la reprise de l'entreprise par ses salariés. C'est cette solution qui est proposée par le président du directoire en raison de la bonne santé financière du chantier Jeanneau. Lors d'un vote, 84% des 1 281 salariés de l'entreprise approuvent ce projet de reprise par les salariés. Un holding au capital de 60 millions de francs est alors créé et les salariés en détiennent 51%. Plusieurs victoires viennent renforcer sa renommée : tour de France à la voile, victoire de Philippe Poupon dans la Solitaire du Figaro, Vendée Globe, etc. Toutefois, depuis 1991, le chantier Jeanneau connaît des difficultés et accumule les dettes avec un nouveau dirigeant. C'en est fini de l'aventure commencée en 1987. En 1995, Jeanneau est racheté par son concurrent vendéen Beneteau, mais la marque subsiste.

Jacqueline Sainclivier

Transcription

Présentatrice
C'est certainement une aventure passionnante que vont vivre les salariés des chantiers Jeanneau implantés aux Herbiers en Vendée. La Direction a en effet proposé au personnel de reprendre le capital après la mise en vente de l'entreprise par son propriétaire américain. C'est la première fois qu'une entreprise d'une telle dimension en arrive à cette situation.
Monique Josselin
Entreprise familiale et régionale à l'origine, Jeanneau est devenu en 20 ans, l'un des plus grands constructeurs de bateaux de plaisance au monde. Avec 4 usines, 1300 salariés, un chiffre d'affaire de 480 millions de francs dont 180 à l'exportation, 5000 bateaux livrés chaque année, un taux de croissance propre à éveiller les appétits, en 1969, la société vendéenne passe sous contrôle américain. Aujourd'hui, le groupe californien recentre ses activités et met en vente Jeanneau.
Josselin
Lear Siegler, LSI, donc, a lui-même était repris par un groupe un peu plus gros, un groupe financier qui s'appelle [Force Manitel] et à cette occasion est obligé de recentrer ses activités et donc a décidé de céder une douzaine de ses entreprises, nous sommes sur cette liste.
Monique Josselin
Est-ce que cela veut dire que l'entreprise Jeanneau reviendrait entre des mains françaises sous peu ?
Michel Richard
Et bien, nous faisons tout pour cela, parce que bien entendu, à partir du moment où nous apprenons ici que il y a une forte chance que nous changions de propriétaire, et bien on en a réfléchi à se dire, bah au fond, est-ce que ce n'est pas une opportunité, une occasion d'organiser ce qui s'appelle un RES, c'est-à-dire un Rachat d'Entreprise par ses Salariés, telle que le prévoit la loi de juillet 84.,
Monique Josselin
Mais alors pour vous, c'est presque une chance à saisir ?
Michel Richard
C'est une opportunité tout a fait importante parce que ça ne se produit pas deux fois dans une vie, une chose comme ça. Je crois qu'on a tout à fait l'occasion d'organiser ce rachat et pourquoi le faire finalement. Le faire, je crois, parce que c'est l'occasion peut-être de donner aux 1300 personnes qui constituent Jeanneau, la chance, excusez-moi le terme, mais peut-être de «s'éclater» un petit peu en se retrouvant propriétaire de leur propre entreprise.
Monique Josselin
L'idée lancée par le président du directoire a rencontré un écho plus que favorable dans les rangs du personnel, qui attend cependant jusqu'à vendredi pour faire connaître sa décision.
Philippe Coutant
A priori, l'affaire semble intéressante pour tous les salariés.
Monique Josselin
Oui, mais ils ne savent pas encore quel est le montant de la reprise. Ça les inquiète pas ça ?
Philippe Coutant
Non, non, je pense qu'ils font énormément confiance donc à notre dirigeant actuel, M. Richard.
Monique Josselin
Non mais confiance, c'est une chose mais est-ce qu'ils vont pouvoir, est-ce que cela va être à leur hauteur ?
Philippe Coutant
Vous savez, ils seront informés vendredi prochain donc de tous les chiffres et c'est eux qui prendront leur décision.
Monique Josselin
Le coût de la transaction sera donc révélé vendredi mais la réalisation de cette opération est également soumise à une décision de la Direction du trésor qui donnera sa réponse sous deux mois.