Manifestation agricole à Pleyber-Christ

24 janvier 1984
01m 16s
Réf. 00126

Notice

Résumé :

23 ans après le 1er mouvement agricole, les agriculteurs manifestent violemment à Pleyber-Christ. Leur leader Alexis Gourvenec prononce un discours virulent où il appelle l'ensemble de la profession à se mobiliser et à remonter sur les barricades.

Date de diffusion :
25 avril 1989
Date d'événement :
24 janvier 1984
Source :
FR3 (Collection: Rennes Soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

1961 : prise de la sous-préfecture de Morlaix par les paysans en colère. Ils veulent prendre en main le marché de leur production - les choux-fleurs en l'occurrence - qui dépend de nombreux intermédiaires. Aussi exigent-ils que les pouvoirs publics reconnaissent leurs associations de producteurs nouvellement créées. Les leaders du mouvement breton se nomment Gourvennec et Léon, ils seront emprisonnés quelques jours mais sortiront gagnants du bras de fer avec l'Etat. Les barrages routiers, les sabotages de lignes téléphoniques, les affrontement avec les CRS gagnent cependant toute la France pendant l'été.

1984 : nous retrouvons Gourvennec, toujours tribun de la colère paysanne. Là encore le mouvement est dur. Comment considérer ces flambées de mécontentement ?

La plupart des journalistes et chercheurs s'accordent sur le caractère spécifique, et persistant, des violences qui ponctuent les actions collectives paysannes, particulièrement dans le Midi et la Bretagne. Il est vrai que les agriculteurs font face depuis 30 ans à des mutations importantes sans se sentir toujours bien soutenus par les autres catégories sociales ou par l'Etat. Ils seront confrontés à de nombreuses réformes économiques : les quotas laitiers, les montants compensatoires en 1987, etc.

Mais cette violence a interrogé les sociologues. Ce registre a été dominant jusqu'aux années 70 alors que les années 80 seront mixtes : les agriculteurs organiseront de grandes manifestations pacifiques comme en 1982 à Paris, mais ils joueront aussi le coup de main comme en 1989. Toutefois, depuis le milieu des années 80, il semble que la mobilisation soit souvent associée à des opérations de communication et de séduction, et laisse une plus grande place aux négociations. Ce que ne nous laisse pas deviner cet extrait.

Bibliographie :

- Nathalie Duclos, Les violences paysannes sous la Ve République. Economica, 1998.

Martine Cocaud

Transcription

(Silence)
Membre (1) des forces de l'ordre
Les paysans par ici, tous les paysans ici là, les paysans par ici, tous les paysans ici là, hop, les non agricoles aussi.
Membre (2) des forces de l'ordre
Pour l'instant, j'évacue les gens qui sont vers la brigade, je les évacue de l'autre côté avec M. Gourvennec.
Membre (1) des forces de l'ordre
Quoi ?
(Silence)
Paysan
Et c'est une provocation, mon vieux... Ça aurait été Krasucki qui aurait été là, vous l'auriez pas tiré, voilà...
(Silence)
Alexis Gourvennec
Ça fait 30 ans qu'avec des [copels de Baroudon], pour une agriculture que l'on aime, pour une région que l'on aime, pour un pays que l'on aime, il n'y a pas de contradiction dans notre combat, quelque soit les responsabilités qu'on assume à un moment quelconque. Si à un certain moment, l'Etat français devient trop stupide, quelque soit les responsabilités que l'on a, on est bien obligé de remonter sur les barricades pour dénoncer les stupidités. Nous en sommes à ce point, s'il n'y a pas de compatibilité entre les fonctions, le choix est simple, nous serons sur les barricades, le temps qu'il faudra.
(Silence)
Journaliste
Alexis Gourvennec, 30 ans après ce que l'on a appelé la bataille de Bretagne, comme si rien n'avait changé.