Manifestation pour l'enseignement privé

23 juin 1984
02m 21s
Réf. 00161

Notice

Résumé :

La réforme de l'enseignement suscite de vives réactions. L'enseignement confessionnel se mobilise contre le projet de loi Savary. L'école Blanche de Castille, à Nantes, prépare activement la manifestation qui aura lieu demain à Paris.

Date de diffusion :
23 juin 1984
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

La loi dite "de la séparation de l'Eglise et de l'Etat" est à l'origine de la scission de l'enseignement en France, entre l'école publique et l'école privée. Le sujet a toujours été brûlant, particulièrement dans l'Ouest, terre de religion. Alors que la loi Debré organise par contrat, depuis 25 ans, les rapports entre l'Etat et les établissements scolaires privés, en 1984, la nation rejoue le combat des "deux France" : le public contre le privé ! Il est vrai que depuis 1959, la gauche réclamait "la nationalisation" des écoles privées injustement financées, selon elle, par les fonds publics.

La France vit à gauche depuis trois ans quand le 24 mai 1984, les passions se raniment : le projet Savary, qui veut règlementer les rapports entre l'enseignement public et l'enseignement privé est adopté en première lecture par l'Assemblée Nationale. En réaction un mois après, les associations de parents d'élèves (APEL) et le comité National de l'enseignement catholique font descendre à Versailles 1 million de personnes. Le 12 juillet 1984, le président de la République annonce le retrait du projet Savary. Alain Savary démissionnera peu après.

Le sujet est à risques et les gouvernements de gauche et de droite sont vaccinés. En 1994, dix ans après l'échec de la loi Savary, François Bayrou mordra à son tour la poussière en tentant de réformer les lois Falloux. Il faut dire qu'actuellement une famille française sur deux scolarise un de ses enfants, à un moment au moins de sa scolarité, dans l'enseignement catholique. Celui ci représente plus de 90% des effectifs de l'enseignement privé sous contrat. Selon les chiffres du ministère de l'éducation, en 2002, près de 200.000 élèves sont passés d'un système à l'autre. En France, c'est en Bretagne que la part de l'enseignement privé est la plus importante avec 41,7% (part la plus faible : la Corse avec 6%).

Martine Cocaud

Transcription

Commentateur
L'Institut catholique Blanche de Castille à Nantes, pendant que les élèves planchent sur leur copie, dans une salle voisine, les parents mettent au point leur déplacement à Paris. Problèmes d'organisation, d'encadrement, de logement, de sécurité, tout est passé en revue.
Organisateur (1)
Pour localiser déjà l'endroit où seront les différentes, les différentes villes.
Organisateur (2)
Les cars démarrent à 3 h du matin...
Organisatrice (1)
Ici de la cour.
Organisateur (2)
Ici de la cour, à 3h du matin. Nous aurons l'autorisation pour garer les voitures ?
Organisatrice (1)
Oui, bien sûr, vous passerez la clé comme la dernière fois.
Organisateur (2)
Oui. Ce badge est offert gratuitement.
Colette Lignon
Y aura pas de navettes à Montparnasse ?
Organisateur (2)
Il n'y aura pas de navettes à Montparnasse en principe, non.
Commentateur
Des réunions identiques se sont déroulées dans les 450 écoles privées de la Loire Atlantique. Une mobilisation symbolisée par quelques chiffres. Du département près de 40 000 personnes se sont inscrites pour monter à Paris. 4 trains spéciaux, 200 cars, sans compter les voitures particulières. Ici depuis des mois, parents et enseignants s'estiment mobilisés.
Enseignante (1)
Nous prenons les moyens que nous avons à notre disposition qui sont les manifestations de rue, maintenant, comment réagira le gouvernement, comment est-ce qu'on pourra envisager autre chose, ça reste à voir, à déterminer.
Enseignante (2)
Ce qui est très choquant, c'est la différence entre bon... entre ce qu'on avait promis aux gens et puis ce qui s'est passé réellement, quoi.
Journaliste
Est-ce que vous pensez que c'est la place de prêtres ou de soeurs dans une manifestation ?
Colette Lignon
Alors, je puis vous dire que nous n'avons jamais, nous ne sommes jamais descendus dans la rue mais précisément, pour cette question de la liberté de l'enseignement et de la possibilité pour les familles de choisir l'éducation qu'ils veulent pour l'éducation de leurs enfants. Nous y sommes allés et à la manifestation du 24, 8 soeurs ici qui travaillent dans l'école vont participer.
Commentateur
Au siège de l'U.N.A.P.E.L, bureau centralisateur, la direction doit faire face à toutes les demandes. Du trajet de la manifestation, à l'alimentation nécessaire pour la journée de dimanche. Sans oublier les gadgets et plus sérieux, les consignes concernant la sécurité. Un Leitmotiv, les respects des slogans, tout slogan politique est selon les organisateurs formellement interdit.
Organisteur (2)
Alors je vous marque le départ 7h30.