Hommage du général de Gaulle à l'Ile de Sein
Notice
Le général de Gaulle, en visite à l'Ile de Sein, remet la Croix de la Libération à l'île. Il rend ainsi hommage au courage des Sénans, les premiers hommes libres l'ayant rejoint à Londres.
Éclairage
Plus de six ans après l'appel du 18 juin 1940, le général de Gaulle, ayant alors quitté les affaires politiques, entreprend une visite sur l'île de Sein. Loin de ses appels à la réforme de l'État durant l'été-automne 1946, De Gaulle vient ici rendre hommage à l'épopée patriotique des Sénans, en 1940. En effet, après la signature de l'armistice le 22 juin 1940, quelques navires de pêche bretons ont cherché à fuir l'occupation et à rejoindre les ports anglais. L'évasion la plus spectaculaire est celle justement des 133 pêcheurs de l'Ile de Sein. Cette dernière comptait alors 1100 habitants. Coupés du continent, les Sénans, quelques heures avant l'arrivée des troupes allemandes le 24 juin 1940, se réunissent. Le maire et le curé les poussent à s'échapper pour éviter le recensement prévu par les Allemands. Les hommes non mobilisés décident alors de partir vers le Royaume-Uni à bord de leurs bateaux de pêche. Le plus âgé de cette expédition avait cinquante-quatre ans et le plus jeune quatorze ans. Ces hommes partent sur cinq bateaux de pêche et ils retrouvent dans les ports anglais de nombreux pêcheurs de Camaret, du Guilvinec et d'ailleurs. Le 5 juillet 1940 passant en revue les Forces Françaises Libres (FFL) réunies à Londres, le général de Gaulle aurait dit : "Mais l'île de Sein, c'est donc le quart de France !". C'est en effet, à peu de choses près, ce que les Sénans représentaient à cette date dans la France Libre. L'arrivée de ces pêcheurs bretons, entre autres, est précieuse car ils vont, durant l'été et l'automne 1940, débarquer les premiers agents de renseignement gaullistes ou britanniques sur le littoral breton en se mêlant aux flottilles de pêche. Les départs et évasions par mer sont une des caractéristiques de la Bretagne. Nombreux sont ceux qui forment par la suite le noyau initial des Forces navales françaises libres (FNFL). Paradoxe de l'histoire, l'île de Sein est la seule commune de France à avoir plus de morts militaires en 1939-1945 (27 morts) qu'en 1914-1918 (21).
Bibliographie :
- Christian Bougeard, Occupation, résistance et libération en Bretagne en 30 questions, La Crèche, Geste éditions, 2005.
- Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Rennes, Ed. Ouest France, 1989.