Le général de Gaulle à Pleumeur-Bodou

19 octobre 1962
07m 43s
Réf. 00206

Notice

Résumé :

Le président de Gaulle, en voyage en Bretagne, visite la station de télécommunications spatiales de Pleumeur-Bodou. Dans son discours, il évoque l'immense fierté que représente cette station. [Document muet en début et en fin de sujet].

Date de diffusion :
19 octobre 1962
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

La science dans le bocage... ainsi pourrait-on décrire le radôme de Pleumeur-Bodou. Après plusieurs siècles de relative discrétion du patrimoine scientifique matériel en Bretagne, les quarante dernières années du XXe siècle connaissent une mutation spectaculaire, à partir du tournant symbolique, spectaculaire et très médiatisé, du radôme de Pleumeur-Bodou, lieu de la première liaison par satellite le 11 juillet 1962. La visite du général de Gaulle, alors président de la République, en témoigne.

Le choix de la région de Lannion, voulu par le directeur du CNET, Pierre Marzin, originaire de la région, et facilité par la politique de déconcentration voire de décentralisation, favorise la création de plusieurs établissements d'enseignement supérieur (Supélec à Rennes en 1972, Ecole nationale des télécommunications à Brest en 1977), le développement d'innovations techniques ayant des répercussions dans la vie quotidienne : en 1987, la Bretagne est au premier rang mondial avec 80% de son réseau téléphonique "électronisé" et le Minitel est expérimenté en Ille-et-Vilaine. L'essor des fibres optiques confirme Lannion dans son rôle de centre mondial des télécommunications numériques. D'autres initiatives viennent étoffer les pôles de recherche traditionnels comme l'INRA en agronomie ou la création par la ville de Rennes du Centre de culture scientifique, technique et industrielle (devenu Espace des sciences), d'ampleur rapidement régionale. C'est également à cette époque que les collectivités locales, en général associées aux Chambres de commerce et d'industrie, commencent à développer des technopoles dont la Bretagne possède aujourd'hui la plus forte concentration française. Télécommunications bien sûr mais aussi bio-industries et génie maritime, l'alliance du high-tech et des spécificités bretonnes se concrétise à Rennes avec la création de Rennes-Atalante en 1983, zone d'innovation la plus importante de la région. Le lien entre science et économie doit plus aux initiatives locales qu'à l'État. Signes qui ne trompent pas, la science est aujourd'hui enjeu politique de pouvoir et objet d'étude. Désaffecté depuis 1987, le radôme de Pleumeur-Bodou abrite en partie le Musée des télécommunications, basé à Pleumeur-Bodou. Si l'on est loin de l'eldorado technologique espéré un temps, d'autres centres d'innovation et de recherche scientifique ont pu être implantés à partir de cette expérience.

Bibliographie :

- Alain Croix, "Scientifique" dans Alain Croix, Jean-Yves Veillard, Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, éditions Apogée, 2000.

- Jean-Jacques Monnier, "Pierre Marzin et la révolution lannionaise (1954-1974)", Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, avril 1995, p.87-96.

Fabien Lostec

Transcription

(Silence)
(applaudissements)
Charles Gaulle (de)
Merci, merci, merci. C'est avec une satisfaction profonde, et j'ajoute avec fierté, que nous inaugurons ce matin, ce menhir, autrement dit ce symbole de la très grande réussite qui vient de se révéler à Pleumeur Bodou. Très grande réussite, technique d'abord, combien c'est évident, même pour un profane, quand il arrive qu'on puisse remarquer et s'expliquer cette immense synthèse de la mécanique, de la physique, de la chimie, de l'optique, de l'électricité, de l'électronique, qui permet une réalisation pareille. Et aussi, quand on constate cet ajustement incroyable de toutes les activités, de toutes les initiatives, et j'ajoute de tous les dévouements, qui ont permis de le faire fonctionner. Réussite nationale. Il est parfaitement vrai que cette station de Pleumeur Bodou a été accomplie avec le concours de nos amis et alliés américains, qui ont pris l'initiative spatiale, en raison des moyens qu'ils ont et de leur qualité, à toute sorte d'égards, en particulier scientifique et technique. Mais il n'en est pas moins vrai que la part nationale dans cet accomplissement est éminente et saisissante, et qu'elle inspire à celui qui la voit, et d'abord je dois le dire à moi-même, une immense fierté, et comme je le disais au début ,une profonde satisfaction. Il n'est pas vain, d'ailleurs, que ceci ait lieu sur le sol de la Bretagne. Il y a toute sorte de raisons pour lesquelles ce qui se passe en Bretagne, quoi que parfois l'on dise, est particulièrement cher à toute la France. Il y a ici une oeuvre nationale fondée, installée sur le sol breton, une de plus, en cela aussi je vois un grand symbole. Enfin, c'est une réussite internationale. Il va de soi que ces rapports, directs, constants, établis entre des continents, grâce à tout ce qui se fait ici, en même temps que cela commence à se faire ailleurs, est pour les rapports entre les hommes, pour leur compréhension réciproque, pour leur amitié, quelque chose qui sera probablement décisif. Le jour vient où il sera bien difficile d'imaginer la guerre, quand tous les hommes, où qu'ils soient, seront en contact direct les uns avec les autres, se verront tels qu'ils sont, et se comprendront, autrement dit, seront les uns pour les autres, des hommes. Encore une fois, je me félicite d'être venu ici. J'adresse les compliments de, de la France, à ceux qui ont participé à cette grande oeuvre. D'abord bien entendu à messieurs les ministres, à aussi à monsieur Marzin, à ses collaborateurs, à tous les techniciens et ingénieurs qui ont participé à la réalisation. A toutes les industries françaises aussi, qui s'en sont mêlé. C'est encore une fois, pour moi, vraiment, et peut-être en ce moment surtout, une joie très grande d'avoir procédé à cette inauguration. Vive Pleumeur Bodou ! Vive la science française ! Vive la Bretagne ! Et vive la France !
(Applaudissements)
(Silence)