Fouilles archéologiques dans une ancienne grotte marine

03 septembre 2001
02m 18s
Réf. 00320

Notice

Résumé :

Une grotte marine a été découverte à Plouhinec. Elle abritait des restes d'hommes pré-néandertaliens. Les fouilles archéologiques menées par des étudiants bénévoles, sous la direction du CNRS, révèlent notamment le mode de vie de ses premiers hommes.

Date de diffusion :
03 septembre 2001
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes midi )

Éclairage

Le site de Menez-Dregan (commune de Plouhinec dans le Finistère) a fait l'objet de sondages en 1988 et 1989, et il est fouillé depuis 1991. C'est une ancienne grotte marine dont le toit s'est progressivement effondré et dont l'ultime cavité, colmatée par des sédiments pléistocènes (période géologique contemporaine du paléolithique), ferme un couloir d'abrasion. Il a donné de nombreuses informations sur l'habitat du paléolithique inférieur.

La première occupation humaine sur le site date de 465 000 ans. Les hommes ont abandonné puis réoccupé plusieurs fois ce site en abandonnant leurs outils lithiques (objets en pierre transformés intentionnellement). La troisième et dernière occupation date, elle, de 350 000 à 400 000 ans. Ce lieu participe donc à la connaissance des premiers peuplements de l'Ouest. Ici, les vestiges sont principalement des galets aménagés, des galets fracturés et des galets à enlèvement isolés, ainsi qu'un outillage léger. Ils ont été laissés probablement par des humains isolés et nomades et ils ne correspondent sans doute pas à un véritable peuplement.

Des "structures" datant de 450 000 ans attestent de foyers entretenus par l'homme. Il s'agirait alors des plus anciens connus dans le monde. Enfin, associé à l'outillage lithique, les chercheurs ont pu retrouver des traces de dents et d'ossements de grands mammifères, démontrant ainsi que l'homme préhistorique de Menez-Dregan consommait de grands herbivores (un périssodactyle).

Martine Cocaud

Transcription

Journaliste
Nous restons dans les pierres mais remontons de quelques milliers d'années en allant dans le Finistère, à Plouhinec. Annie Tribouart et Valérie Lucas, reportage dans une ancienne grotte marine.
Annie Tribouart
Le sentier est bien connu des randonneurs qui foulent, sans le savoir, un territoire fréquenté par l'homme pré-néandertalien. Et là où le néophyte n'aperçoit que de vulgaires galets, l'archéologue découvre des éclats de silex taillés il y a 500 000 ans. Pour comprendre comment se présentait le site à l'époque de ses premiers habitants, il faut se rendre à une centaine de mètres de là. Avant que la voûte ne s'effondre, il ressemblait, en effet, à cette cavité marine. Au gré des variations climatiques, la mer et les hommes se sont succédés. Lors de l'occupation marine, les courants ramenaient du large des galets et des silex. Bien des siècles plus tard, lorsque les hommes se réappropriaient la grotte, ils trouvaient, ici, la matière première pour la fabrication de leurs outils, et un abri pour leur survie.
Stéphane Hinguant
On peut imaginer que sur des promontoires comme ceux-ci, dans ces abris, ils pouvaient dominer une petite plaine littorale, lorsque la mer était éloignée à 10 ou 15 kilomètres de la côte actuelle, plaine dans laquelle il pouvait y avoir le gibier qu'ils pouvaient éventuellement chasser ou plutôt charogner.
Annie Tribouart
De ces vies, il ne reste qu'un mille-feuilles de couches successives, dans lequel les anthropologues tentent de lire le quotidien de ces hommes. A Plouhinec, l'examen de ces strates sombres a mis en évidence des traces de foyer. Ce sont les plus anciennes connues à ce jour.
Stéphane Hinguant
On a, par exemple, ici, dans la couche 7, une lentille de sable fortement rubéfiée, fortement brûlée, rougie par l'action du feu. Donc le foyer était simplement abrité derrière ces blocs effondrés, et c'est la preuve évidente que l'homme, ici, a utilisé le feu à une époque déjà très très ancienne.
Annie Tribouart
Les travaux sont effectués par une dizaine de bénévoles, pour la plupart étudiants en archéologie.
Autre
C'est un silex, silex en une fois.
Annie Tribouart
Toutes les pièces trouvées, outils ou éclats de silex, feront l'objet d'un relevé indiquant leur position sur le site. Ces coordonnées spatiales seront exploitées plus tard. Elles serviront à resituer chaque objet dans son contexte. La fouille va durer encore un mois. Ce sera trop court pour épuiser toute la richesse du site.