Glenmor à Glomel

22 mai 1969
03m 05s
Réf. 00347

Notice

Résumé :

Dans sa maison de Glomel dans les Côtes du Nord, Glenmor travaille sur ses projets musicaux. Il évoque ses origines et revient sur ses débuts. Il a débuté en 1959 en chantant dans les bistros. Son rêve était de devenir le barde de la Bretagne.

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Date de diffusion :
22 mai 1969
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Personnalité(s) :

Éclairage

Glenmor, de son vrai nom Emile Le Scanff, est né le 25 juin 1931 à Maël-Carhaix. Il fait son petit séminaire à Quintin puis part à Rennes chez les Pères Blancs pour poursuivre des études de philosophie. De son passage chez les religieux, il garde toute sa vie un profond anticléricalisme. Pourtant il ne cessera toute sa vie d'être croyant. En 1952, sa licence en poche, il part avec sa guitare sur les routes d'Europe. Il choisit l'errance et le vagabondage comme geste poétique à la manière d'un Arthur Rimbaud. En 1955, il attrape la tuberculose en Russie et il est ainsi contraint de mettre un terme à son voyage.

Après un séjour dans un sanatorium, il décide de poser bagages à Paris dans le quartier breton de la capitale, Montparnasse. Il s'essaye à de multiples travaux. Surtout, il côtoie les militants bretonnants et affirme de plus en plus ses convictions politiques. Les soirées dans les cafés de Montparnasse sont poétiques et politiques. C'est à la fin des années cinquante que démarre la carrière de Glenmor, jusque là connu sous le surnom de Milig. Son nom de scène réunit la Bretagne, c'est la rencontre de la terre (glen) et de la mer (mor). Il compose des chansons sur la vie, l'amour, la mort. Mais déjà, plus qu'un simple chanteur interprète, il aime à se définir comme barde. Son appartenance à la culture celte est à l'origine même de sa prise de parole publique. Il est un militant culturel et politique qui s'exprime par la poésie, dans la pure tradition celtique. En 1961, il quitte Paris pour Bruxelles où il poursuit son chemin de barde. Il rencontre Jacques Brel avec qui il se prend d'amitié. Ce dernier lui écrira même une chanson (Le Moribond) pour le départ de Glenmor de Belgique. A son retour en Bretagne, il devient l'icône d'une Bretagne libre et indépendante. Il chante l'anarchisme et l'amour, mélangeant dans son répertoire les ballades et les chansons à texte revendicatrices. Avec Xavier Grall, écrivain breton lui aussi engagé, il lance un journal, La Nation bretonne. Les deux hommes se lient d'amitié et entretiennent une correspondance assidue. En 1972 Xavier Grall consacre un livre à son ami, sobrement intitulé Glenmor. On y retrouve le parcours de Milig mais surtout une ode à l'amitié et à la culture bretonne. Glenmor a joué le rôle d'éveilleur de conscience politique pour les jeunes bretons des années 1970. Il conçoit le chant comme la mémoire de la Bretagne et se considère comme un passeur des traditions orales. En 1990, malade, il met fin à sa carrière à l'occasion de la fête internationale de la langue bretonne de Carhaix. Il se consacre à l'écriture. Retiré à Quimperlé, il meurt le 18 juin 1996.

Soline Levaux

Transcription

(Musique)
Glenmor
Déjà au travail ? Eh oui, ben oui !
Interviewer
Ça va ?
Glenmor
Ça va ! Excuse-moi, je t'ai mal reçu là mais j'étais en train d'écrire quelques mesures.
Interviewer
Qu'est-ce que tu écris là ?
Glenmor
Bientôt je dois partir au Canada et les Canadiens m'ont demandé d'écrire une chanson sur l'origine un peu de leur famille, et bien entendu beaucoup sont bretons et je dois chanter là-bas, je dois enregistrer d'abord là-bas une chanson qui parlerait des Canadiens et de leur origine, voilà.
Interviewer
Alors tu me montres ?
Glenmor
Oui, mais je n'ai encore rien écrit, je suis en train de chercher la musique, le ton, etc. m'enfin les premiers vers : "Ces gens venus d'ailleurs, des brumes et des pluies, ces gens venus d'occident", etc. Enfin ils viennent de Chine moi je crois.
Interviewer
Glenmor, ce n'est pas ton nom ?
Glenmor
C'est en fait un nom que j'ai choisi, mon nom c'est Emile Le Scanv, en traduction française Emile le Léger. Glenmor je l'ai choisi parce que je pense qu'en chaque homme il y a un certain poids de terre et un certain poids de mer et Glen c'est l'ancien mot [incompris] qui veut dire terre, et mer à l'infini qui est une image d'évasion.
Interviewer
Alors comment ça a commencé, Glenmor ?
Glenmor
Ah ben ! Ça a commencé par un rêve d'abord. J'ai toujours rêvé de devenir le barde de la Bretagne, je ne sais pas si j'y arrive. J'ai voulu d'abord chanter mon pays et je l'ai beaucoup aimé et ça a commencé par vouloir dire quelque chose pour mon pays, je crois que c'est surtout ça.
Interviewer
Et la première chanson ?
Glenmor
Ici, tout se fait en chanson, tu sais le dimanche après-midi, quand il y avait des charroyages, des n'importe quoi il y avait toujours des chansons qui se mêlaient, alors j'ai commencé par écrire comme ça et j'ai écrit comme ça bien sûr mes premières chansons en breton, en langue bretonne d'abord.
Interviewer
Alors montre-moi la première.
Glenmor
Ah ! Je ne l'ai pas là mais c'est O Langoned, une des premières que j'ai gardée qui est sur un disque, d'ailleurs j'ai enregistré c'est O Langoned.
Interviewer
Alors sur la guitare ça donnait quoi ?
Glenmor
(Chanson) C'est une mélopée, une monodie, quoi.
Interviewer
Alors ces chansons dans les premières années... et ces premières scènes remontent d'abord à quelle époque ?
Glenmor
Oh, ben, professionnellement je fais le métier depuis 1959, ça fait dix ans.
Interviewer
Alors ces chansons, tu les interprétais, tu les chantais dans quels endroits ?
Glenmor
Ah ben, il faut dire que, comme je n'avais pas de public dans une salle normale, j'allais le chercher là où il était, dans les bistrots. J'ai commencé comme ça, à faire la manche, comme tout le monde, je crois.