La décentralisation de l'orchestre régional de Bretagne

04 octobre 1998
03m 48s
Réf. 00366

Notice

Résumé :

L'orchestre de Bretagne ouvre sa saison dans le nouveau théâtre de Cornouaille à Quimper. Cette formation, à vocation régionale, se produit dans les différents théâtres de la région, et débutera sa saison par un cycle Beethoven.

Date de diffusion :
04 octobre 1998
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )

Éclairage

En 1977 la nouvelle équipe municipale d'Edmond Hervé se met en place à Rennes. Rapidement, les élus chargés de la culture doivent plancher sur la question de la musique. En effet, le théâtre municipal qui accueille principalement une programmation lyrique nécessite d'être mis aux normes et d'importants travaux doivent être envisagés. Ce dossier épineux laissé par l'équipe précédente est cependant une réelle opportunité pour repenser la place de la musique classique et lyrique à Rennes. Une commission se met en place pour réfléchir sur la question. Pour cette commission, la création d'un orchestre professionnel permanent est nécessaire à la ville de Rennes. La capitale bretonne, comme d'autres grandes villes françaises, est en retard sur le plan musical par rapport à d'autres pays européens qui ont su, dès le début des années 1960, se doter d'orchestres d'ampleur. Une délégation se rend donc au ministère de la culture pour proposer ce projet. L'Etat répond rapidement à cette demande, et s'engage à soutenir la création d'un orchestre à vocation régionale si, en contrepartie, la ville de Rennes accueille le ballet de Nancy dirigé par Gigi Caciuleanu. Ces deux chantiers sont donc menés en parallèle. L'arrivée du danseur Gigi Caciuleanu et de sa troupe se fait facilement. Pour la création de l'orchestre, les choses sont plus compliquées, le montage financier est complexe et beaucoup plus lourd. De plus, la ville et les acteurs de la musique à Rennes doivent réfléchir plus précisément à la vocation de cet orchestre. Si à Rennes on imagine un ensemble municipal, l'Etat veut lui que l'orchestre rayonne sur toute la région. Dans un premier temps, ni la région, ni les départements ne veulent s'engager à financer la musique de cette façon. En octobre 1980, pour prendre l'initiative de ce projet et éviter qu'il ne tombe aux oubliettes, la mairie décide de créer un orchestre à vocation régionale sous la seule responsabilité de la ville de Rennes. La ville recrute vingt et un musiciens permanents. Ce recrutement sévère, qui correspond à des critères établis au niveau de l'Etat, n'est pas sans créer de remous au sein du conservatoire régional. Cet ensemble musical doit répondre à trois missions principales : jouer en grande formation (quarante cinq musiciens) ; jouer en formation réduite (orchestre de chambre) ; et les musiciens doivent enseigner dans des ateliers musicaux de différents quartiers de Rennes.

Grâce à l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l'orchestre va prendre de l'ampleur. La culture est une préoccupation au cœur de la politique du premier gouvernement de François Mitterrand. Une politique de l'emploi dans le secteur culturel permet l'extension de l'orchestre. Mais pour que l'Etat maintienne ses subventions, le ministère impose ses conditions : la ville de Rennes doit s'engager à une véritable professionnalisation de l'ensemble en recrutant un chef d'orchestre permanent ainsi que plusieurs solistes. Les conséquences de ces conditions sont sans appel : le coût est trop élevé pour la seule ville de Rennes. Celle-ci doit renouveler les demandes d'aide financière à la région. Pour ce faire, la mairie met en avant les effets bénéfiques de la culture pour le développement local sur un plan économique, social et culturel. Enfin, en 1988 un montage financier est approuvé par différents partenaires : l'Etat, la région Bretagne, la ville de Rennes et la ville de Brest. L'orchestre de Bretagne entre officiellement en fonction à partir de septembre 1989. Dès 1992, la ville de Brest se désengage du financement, mais cela ne remet pas en cause la reconnaissance et le succès de l'orchestre. En plus de ses concerts à Rennes, l'ensemble se déplace non seulement en Bretagne, comme il était imaginé à sa création, mais les musiciens jouent aussi à l'international. En 1996, Stefan Sanderling remplace le chef d'orchestre Claude Schnitzer. L'arrivée de ce jeune chef allemand participe à la reconnaissance internationale de l'orchestre de Bretagne et ne fait qu'affirmer une bonne réputation, déjà acquise au long des années 1990.

En 2009, pour ses vingt ans, l'orchestre de Bretagne propose une saison anniversaire variée allant du symphonique au lyrique, en passant par la musique de chambre mais aussi par les musiques innovantes.

Bibliographie :

Martial Gabillard, "Les musiques classiques", in La politique culturelle à Rennes, 1997-2008, mémoires et réflexions, Rennes, Editions Apogées, 2008.

Soline Levaux

Transcription

Présentatrice
(...) du tout nouveau Théâtre de Cornouaille à Quimper, Roger Bendayan et Vincent Bars étaient sur place.
(Musique)
Roger Bendayan
L'orchestre de Bretagne, c'est 45 musiciens et une logistique comparable à celle d'un groupe de rock.
(Musique)
Roger Bendayan
Chaque jour, machinistes et deux régisseurs montent et démontent trois tonnes de matériels.
Yvan Dutertre
On est les travailleurs de l'ombre et puis on doit faire en sorte que tout fonctionne impeccablement et que personne ne s'aperçoive qu'avant il y a eu toute une partie technique, une partie organisationnelle et que tout le monde soit satisfait.
Roger Bendayan
C'est le tout nouveau Théâtre de Cornouaille qui ouvre ses portes à l'orchestre. Un magnifique espace de 700 places qui s'apprête à vivre sa première saison.
Restaurateur
Ce soir je ferme plus tôt le restaurant pour aller écouter Beethoven à côté.
Michel Rostain
Le rôle d'un théâtre comme le nôtre, c'est de programmer et d'accueillir les grands repères de la vie artistique, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. Et il y a des grands repères, ici, en Bretagne, il y en a bien ailleurs dans le monde et notre rôle c'est que nous rencontrions toutes ces émotions, toutes ces capacités de chanter le monde d'aujourd'hui et tous ces souvenirs, tous ces dialogues avec le monde d'hier, avec les grands poètes d'hier, les grands compositeurs.
(Musique)
Roger Bendayan
Moment d'intense concentration pour Jean-Claude Pennetier, l'un des plus grands pianistes français actuels qui ouvre le cycle consacré à Beethoven.
(Musique)
Roger Bendayan
Quant aux 45 musiciens de l'orchestre, tels des gens de la balle, ils assurent en l'espace d'un an plus d'une centaine de représentations dans toute la Bretagne.
(Bruits)
Musicienne
Nous allons donc de Rennes, à Vannes, à Saint-Brieuc, à Brest, à Lorient, à...enfin voilà. Donc ça c'est un petit concert d'abonnement et nous faisons aussi des concerts décentralisés dans les toutes petites communes. Nous avons un public aussi très nombreux et fidèle et...
Musicienne 2
C'est complètement notre mission, notre rôle et on fait ça déjà depuis quelques années donc voilà ! C'est devenu habituel pour nous quoi !
Musicienne 3
Et puis je crois bien même qu'à chaque fois qu'il y aura... que l'on va jouer une symphonie de Beethoven, dans l'avenir, on s'arrangera pour mettre un compositeur breton.
Stephan Sanderling
Ce n'est pas l'orchestre Beethoven, c'est l'orchestre de Bretagne. Je trouve c'est très important pour l'orchestre de Bretagne, trouver aussi et jouer aussi la musique bretonne parce que c'est les gens de Bretagne qui paient pour l'orchestre de Bretagne et les gens de Bretagne ont un droit d'écouter aussi sa musique.
Roger Bendayan
Alors pour ne pas laisser Beethoven à la seule histoire, Stephan Sanderling et son orchestre vont rendre hommage à Marcel Labbé. Avant chaque représentation, le chef touche systématiquement un morceau de bois par superstition. Ce soir, il a choisi d'associer un répertoire connu et des ouvres qui le sont moins, l'occasion à la fois pour le public de s'ouvrir et d'accéder à un patrimoine culturel.
(Musique)