Commémoration à Etel

07 mai 1965
03m 51s
Réf. 00409

Notice

Résumé :

Les Etélois commémorent l'armistice de 1945. Un ancien résistant, Capitaine Albert, revient sur la capitulation allemande de la poche de Lorient. La phase décisive de la reddition allemande débuta le 7 mai. Le cessez-le-feu fut signé le 8 mai à Etel.

Date de diffusion :
07 mai 1965
Source :
Lieux :

Éclairage

Au moment de la Libération, quatre ports bretons subissent un siège destructeur et deux (Lorient et Saint-Nazaire) ne sont libérés que par la capitulation allemande du 8 mai 1945. Saint-Malo et Brest sont tous deux assiégés par les Américains, qui n'entrent dans ces villes qu'après une longue préparation d'artillerie (deux semaines à Saint-Malo et 45 jours à Brest), détruisant les deux villes, ou ce qu'il en restait dans le cas de Brest. Les deux ports sont inutilisables. A Brest, les Allemands se replient sur la presqu'île de Crozon qui n'est libérée que le 20 septembre.

Le plus grave pour la Bretagne est que les Allemands se replient sur Lorient et Saint-Nazaire, constituant des poches de résistance qui fixent des troupes allemandes (25 à 30 000 hommes à Lorient et 25 000 à Saint-Nazaire) ainsi que des troupes alliées. Les Américains considèrent qu'ils ont mieux à faire que de prendre d'assaut ces ports, assaut obligatoirement coûteux en hommes et en matériel. Aussi confient-ils aux F.F.I. la tâche de tenir ces poches. C'est peut-être un hommage à leur combativité, mais c'est une forte déception pour les habitants de ces régions et une source d'inquiétude pour la Bretagne. A Lorient, 18 bataillons de F.F.I. participent à ces combats. La situation de cette dernière poche est grave pour les civils : plus étendue, elle prend au piège 124 000 civils qui subissent encore plus durement le joug de l'occupation.

Lorient se rend le 7 mai. C'est cette journée qu'évoque le Capitaine Albert dans le film. Alors que le reste du territoire breton et français recouvre la liberté de parole et avec elle l'ensemble des libertés individuelles bafouées sous l'occupation et le régime de Vichy, ces deux zones ne la recouvrent que plusieurs mois plus tard. Le pouvoir des commissaires de la République et des CDL ne peut s'y exercer ; par exemple, les élections municipales qui partout ailleurs en Bretagne ont lieu à la fin d'avril 1945 ne se déroulent dans ces zones qu'au début de l'été 1945. Enfin, lorsqu'elles sont libérées, elles ne sont plus qu'un champ de ruines où la population civile ne peut tout de suite revenir.

Jacqueline Sainclivier

Transcription

(Musique)
Journaliste
Marie-Thérèse, c'est le chant de la Libération que tu joues-là, c'est le chant des partisans ?
Marie-Thérèse
Oui, c'est le chant de la Libération.
Journaliste
Dis-moi, demain, il n'y pas d'école ?
Marie-Thérèse
Non.
Journaliste
Tu l'as appris à l'école, ce chant ?
Marie-Thérèse
Oui.
Journaliste
Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas d'école demain ?
Marie-Thérèse
Parce que c'est la fête de la capitulation allemande de la poche de Lorient.
Journaliste
Oui, c'est aussi la fête de la victoire de 1945.
Marie-Thérèse
Oui.
Journaliste
Comment est-ce que tu sais tout ça ?
Marie-Thérèse
On l'a appris à l'école.
Journaliste
C'était il y a 20 ans. Et pour que les yeux de Marie-Thérèse et de tous les enfants de 1965 rient, pour que les lendemains chantent vraiment, ils étaient 12 000 maquisards, 12 000 résistants qui ont lutté pendant 10 mois dans cette poche de Lorient jusqu'à la reddition des 24 569 soldats allemands qui disposaient pourtant d'un matériel et d'une artillerie largement supérieure à celle de la Résistance. Mais chaque jour, à ce moment-là, depuis plusieurs semaines, un bateau de la Croix-Rouge faisait l'allée et venue entre les deux rives, la rive allemande et la rive française de la rivière d'Etel et un matin du 7 mai 1945, il y avait à bord de l'un de ces bateaux un homme de plus. On peut dire qu'à ce moment-là, monsieur Dunaem, capitaine Albert" devrais-je dire, car c'était votre nom de guerre", votre nom de combattant, on peut dire que ce jour-là, le 7 mai a commencé la phase décisive de la reddition de la poche de Lorient.
Capitaine Albert
Le fait est c'est ce jour-là, le 7 mai, aux environs de 15 heures, un bateau a traversé la rivière d'Etel pour se rendre au Magouer. A bord de ce bateau, il y avait le colonel Jopet et les officiers de son état major qui représentaient le général Borgnis-Desbordes, le commandant de la 19ème DI.
Marie-Thérèse
Il était accompagné du colonel Gating, représentant le général Kramer, commandant la 66ème ID US, c'est-à-dire côté américain.
Journaliste
C'était la première fois que l'on se rendait sur la rive allemande ?
Capitaine Albert
C'était la première fois qu'on se rendait sur la rive allemande.
Journaliste
Il était quelle heure ? 15 heures, je crois.
Capitaine Albert
Il était 15 heures, exactement.
Journaliste
Et la deuxième phase s'est jouée alors de l'autre côté où nous sommes aujourd'hui vers quelle heure ?
Capitaine Albert
Aux environs de 20 heures.
Journaliste
Vous étiez où ?
Capitaine Albert
Je me trouvais sur le port. J'étais responsable de la sécurité.
Journaliste
Les délégations se sont rencontrées dans ce café où nous sommes.
Capitaine Albert
C'est-à-dire que la délégation, nous l'avons prise au débarquement du bateau et l'avons accompagnée au café Breton. Et ils ont pénétré au café Breton où a été signé...
Journaliste
Sur cette table-là.
Capitaine Albert
C'était exactement sur cette table-là.
Journaliste
Où étiez-vous, dehors ?
Capitaine Albert
Moi, j'étais dehors. Je patrouillais.
Journaliste
Deux signatures au moins ont été apposées : celle du colonel Borst du côté allemand et celle du colonel Jopet du côté français. Quel était votre sentiment à tous à ce moment-là ?
Capitaine Albert
Notre sentiment, c'était un sentiment de joie. On avait l'impression... on avait la certitude que c'était terminé.
Journaliste
Quel était le sens de votre combat ?
Capitaine Albert
Le sens de notre combat, c'était surtout la Libération de notre pays et de retrouver, pour l'ensemble des Français, la liberté.
Journaliste
On peut donc dire, capitaine Albert, qu'au moment-même où l'Allemagne nazie, où Berlin capitulait, il se passait un événement important dans cette poche de Lorient. Le dernier bastion nazi était libéré par vous. La dernière parcelle du territoire national. Par les combattants de la poche de Lorient, par l'ensemble des combattants de la poche de Lorient. Et pourtant, alors que tout semblait terminé, le 8 mai 1945, il fallut attendre encore 48 heures pour que les choses soient achevées. C'est exact.
Capitaine Albert
Effectivement, c'est le 10 mai, - à Caudan, dans une prairie où on a érigé un monument -, c'était effectivement là que les Allemands se sont rendus.