Le Télégramme de Brest

19 juin 1971
15m 44s
Réf. 00445

Notice

Résumé :

A Morlaix, le directeur du Télégramme et son équipe présentent le journal et les étapes de fabrication du quotidien, qui depuis peu est, en partie, imprimé en couleur.

Date de diffusion :
19 juin 1971
Source :

Éclairage

Le télégramme de Brest et de l'Ouest, installé à Morlaix (29) paraît pour la première fois en 1944. Il a pris la place de La dépêche de Brest, publication mal remise des difficultés occasionnées par la Deuxième Guerre mondiale.

Ce journal qui se veut à l'écart des partis et du militantisme veut surtout rendre compte de la vie locale - 18 éditions - mais aussi, de façon plus générale, de la culture bretonne. Il est diffusé à plus de 200 000 exemplaires dans trois départements, le Finistère, les Côtes-d'Armor et le Morbihan. Grâce à un système de portage efficace, il est actuellement le journal le plus lu dans le Finistère.

Sur le plan technique, le Télégramme se veut moderne et offre une finition de qualité : il a été le premier quotidien à paraître en couleur dès 1967, couleur qu'il utilise depuis largement dans ses comptes-rendus de la vie locale. Ayant adopté le format tabloïd en 2002, il a en 2003 lancé un grand chantier pour rationaliser la chaîne graphique il a été un des premiers quotidiens français à proposer une édition électronique. Le groupe, construit autour du quotidien, édite aussi Le Journal des entreprises, Le Poher Hebdo, Bretagne Magazine, Course au large, des livres et des DVD.

Martine Cocaud

Transcription

Lucien Jegoudé
Bonjour, père Simon.
Père Simon
Bonjour.
Lucien Jegoudé
Ça va ? Alors bonne pêche ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Ouh là ! C'est beau, ça ! Il est bien, votre homard, là. Où c'est que vous l'avez pêché ? Où l'avez-vous pêché ?
Père Simon
Là-bas, dans le coin...
Lucien Jegoudé
Des araignées aussi ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Et à quelle heure êtes vous parti, ce matin ?
Père Simon
A 2 heures et demie.
Lucien Jegoudé
2 heures et demie ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Bon sang, vous vous êtes levé plus tôt, encore, alors ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Pas trop fatigué, non ?
Père Simon
Non.
Lucien Jegoudé
Non ? Prêt à recommencer ?
Père Simon
On y va demain matin.
Lucien Jegoudé
Vous remettez ça demain matin, après la sieste ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Vous voulez bien qu'on fasse une photo pour le journal ?
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
Ça paraîtra demain.
Père Simon
Oui.
Lucien Jegoudé
On va faire ça.
(Silence)
Journaliste
11 heures, fixée sur pellicule, cette scène bien de chez nous est rapatriée à Morlaix, au siège du journal, où nous allons la suivre jusqu'au moment de son impression en première page. Auparavant, monsieur Coudurier, directeur, nous définit ce qu'est le Télégramme.
Monsieur Coudurier
Le Télégramme, c'est un journal qui tire à 160 000 exemplaires. C'est 35 millions de chiffre d'affaires par an. C'est 500 salariés, 700 correspondants, 1500 points de vente. Les 160 000 exemplaires sont répartis en 20 000 abonnés, 20 000 abonnés servis par la poste, en 70 000 journaux servis chaque matin dans les boîtes aux lettres avant 7 heures et demie du matin et 70 000 journaux vendus dans les 1500 points de vente que je vous ai cités tout à l'heure.
Lucien Jegoudé
Salut Etienne.
Etienne
Ça va, Lulu ?
Lucien Jegoudé
Du travail pour toi.
Etienne
Tu as une urgence ?
Lucien Jegoudé
Oui, Carantec ce soir.
Etienne
Bon, d'accord. Tu repasses d'ici une heure, une heure et demie.
Lucien Jegoudé
Oui.
Etienne
D'accord.
Monsieur Coudurier
Nous avons choisi la couleur parce que la couleur, dans les techniques de reproduction de documents, d'images, nous a paru être l'objectif normal comme ça a été l'objectif normal pour le cinéma, comme ça a été l'objectif pour les photos d'amateur, comme c'est l'objectif à la télévision. Le Télégramme n'est d'ailleurs pas le seul journal à avoir cherché à reproduire des documents en couleurs. Il y a de nombreuses années que les journaux cherchent à reproduire des documents en couleurs. Jusqu'à présent, ces reproductions étaient faites selon les procédés typo qui donnent des résultats quelquefois un peu décevants. Au Télégramme, nous avons attendu de pouvoir adapter notre matériel le procédé d'impression offset, qui, croyons-nous, est plus adapté à ce genre de technique. Ce qui continue à caractériser le Télégramme, c'est que nous reproduisons, chaque jour, 6 à 7 documents couleurs.
Journaliste
Déposée, donc, au labo photo vers 11 heures 30, la pellicule couleur de Carantec est développée en une heure et demie environ.
(Silence)
Père Simon
Et vers 13 heures, Albert Coquil vient choisir la photo qui prendra place à la une du Télégramme.
(Silence)
Inconnu
Voici la photo de Carantec.
Albert Coquil
On va choisir. La plus intéressante me paraît être celle-là.
Journaliste
Il est 13 heures 15 environ, et Albert Coquil, vous êtes en train de faire, de créer la première page du Télégramme. Alors comment ça se passe ?
Albert Coquil
Après avoir tracé cette page sur la maquette que j'ai en face de moi, je mets, maintenant, les photos aux emplacements que je viens de déterminer. J'ai déjà 3 épreuves de photos couleur. Je n'ai pas l'épreuve de celle que je viens de choisir. A la place, je mets un carton de la même dimension. Cette maquette va maintenant attendre que les informations arrivent, les informations de la journée. Ça sera probablement Renault qui fera la tête mais on le saura évidemment avec plus de certitude ce soir. La page sera montée vers 10 heures 30, mais il est entendu qu'en cours de tirage, nous pourrons changer ces informations par des informations plus récentes, et ceci jusqu'à 2 heures, 2 heures et demie du matin.
Journaliste
Pendant ce temps, la photo choisie passe au scanner, autrement dit appareil de sélection électronique couleur.
(Silence)
Journaliste
On obtient 3 négatifs demi-teinte. Chacun de ces négatifs correspond aux 3 couleurs primaires : le rouge, le jaune et le bleu. Peu après 15 heures, au laboratoire de grammage, les 3 clichés sont agrandis à la dimension demandée et prévue dans sa maquette par Albert Coquil.
(Silence)
Journaliste
Eventuellement, on procède à quelques retouches. A 16 heures 30, le cliché va être reconstitué lors du montage de l'épreuve, c'est-à-dire du collage par superposition sur papier blanc des color keys. Jaune puis rouge et enfin bleu. Après quoi, l'opération la plus technique va se dérouler à l'atelier offset. Dans un premier temps, les 3 clichés sont repérés et collés sur page négative. C'est un travail complexe qui demande beaucoup de précision.
(Musique)
Journaliste
Seconde phase de l'opération. Les sélections ainsi obtenues sont reproduites sur les plaques offset au moyen de cette machine appelée châssis de reproduction.
(Silence)
Journaliste
Enfin, ces plaques offset sont développées dans des bains de couleur. 18 heures, petit temps de pause dans la vie du journal. Occasion, pour nous, de parler de l'avenir du journal en compagnie de monsieur Angers, rédacteur en chef. Qui n'avance pas recule. C'est probablement en vertu de ce principe que vous songez à une nouvelle formule du Télégramme, monsieur Angers ?
Monsieur Angers
Oui. On y songe en effet parce qu'il y a longtemps que nous autres, journalistes, nous avons le sentiment que le format de la plupart des journaux quotidiens n'est pas adapté à la vie moderne. Ce format a été conçu en un temps où on vivait dans une grande cuisine, où on avait beaucoup plus de loisirs. Et aujourd'hui, quand on voit les petites cuisines, quand on voit les gens dans le train, on a le sentiment qu'ils lisent un journal beaucoup trop large. Alors c'est pourquoi nous avons pensé, et nous étudions actuellement, un journal de petit format. Voilà le journal d'aujourd'hui. A notre avis, le journal de demain se présentera de cette façon-là. Voilà une maquette de ce que pourrait être la première page. Les lecteurs n'y perdront rien, à notre avis, puisqu'on leur donnera le même poids de papier, on leur donnera les mêmes informations présentées d'une façon beaucoup plus claire.
(Silence)
Journaliste
Alors, monsieur Coudurier, de quoi s'agit-il, là ?
Monsieur Coudurier
Compte-tenu de l'excellent accueil réservé par nos clients à l'impression offset en couleur en première page et en dernière page du Télégramme, nous avons été amenés à pousser cette formule. Comme matériellement, il nous est impossible momentanément d'insérer des tri- et des quadrichromie dans les pages intérieures du journal, nous avons donc été amenés à éditer des suppléments magazine tels que celui-ci qui est réservé à la ville de Saint-Brieuc. Ces suppléments gratuits sont illustrés de couleurs. Celui-ci comporte un poster à l'intérieur. Et ces magazines, réalisés l'après-midi sur cette machine qui a été installée spécialement pour ça, sont encartés mécaniquement le soir, au moment du tirage du quotidien.
Inconnu 2
Je peux tourner ?
Inconnu 3
Oui.
Journaliste
Vers 20 heures, on procède à l'ajustage de la plaque offset sur les rotatives.
Inconnu 2
C'est bon ?
(Silence)
Journaliste
Puis on vérifie soigneusement la coïncidence des couleurs.
Inconnu 2
Le rouge demande à descendre.
Inconnu 3
Oui.
Inconnu 2
3/10ème. Ici également.
Inconnu 3
Pour moi, il n'y a pas de problème.
Inconnu 2
C'est bon, je crois.
Inconnu 3
Pour les autres, c'est bon ?
Journaliste
Vers 22 heures, les titres et légendes, qui viendront compléter la Une, sont composés en noir et blanc, tandis que dans les salles de rédaction, les dernières nouvelles tombent, comme ici, à la sportive que dirige André Herné.
André Herné
Donne-moi les éléments d'un titre. Oui ? Rennes n'a pas bien joué. Inquiétante défaite de Rennes avant les matchs de Marseille, par exemple ? D'accord. Merci, bonsoir. Bon, Rennes a été battu à Ajaccio. C'est là-dessus qu'il faut titrer. On va titrer sur Rennes. Inquiétante défaite des Rennais avant les matchs de marseille.
Journaliste
22 heures 10. Il n'y a plus de temps à perdre ni pour les linotypistes ni pour les typographes. Dans quelques instants, les premières éditions vont tomber. Notez au passage que le Télégramme présente cette particularité d'imprimer ses première et dernière pages par le procédé offset, le reste du journal étant imprimé par le classique procédé typo. L'association de ces deux procédés a, du reste, causé quelques soucis à monsieur Silliau, responsable de la roto-clicherie. Il est un peu plus de 11 heures. Le journal va sortir dans quelques instants. Tout semble facile et pourtant, il y a bien eu des problèmes avec cette première page couleur, n'est-ce pas monsieur Silliau ?
Monsieur Silliau
Evidemment, nous en avons connu d'énormes qui nous ont obligés, au départ tout au moins, à procéder d'une façon indirecte, disons, avec une pré-impression. Ce travail nous demandait, dans tous nos débuts, une dizaine d'heures. Et maintenant, voyez-vous, nous roulons en direct mais nous arrivons à faire le service dans les normes, c'est-à-dire 3 heures et demie, 160 000 exemplaires et dans d'excellentes conditions.
Journaliste
23 heures 30. Les rotatives se mettent en marche. Les premières éditions vont sortir à rythme accéléré.
(Silence)
Journaliste
Un peu plus loin, c'est l'encartage des suppléments.
(Silence)
Journaliste
Enfin, à partir de 1 heure du matin, les camions prennent la route afin d'amener un peu partout Le Télégramme de Brest et de l'Ouest. A Carantec, quelques heures plus tard, le père Simon va découvrir sa photo dans le journal.
Inconnu 4
Tiens ! Voilà le père Simon. Ça va ? Vous êtes dans Le Télégramme, dites-donc ?
Père Simon
Oui.
Inconnu 4
La pêche a été bonne ?
Père Simon
La pêche a été bonne, oui.
Inconnu 4
Il n'y a pas tellement d'araignées, cette année. Oh là ! Et puis les prix ne sont pas bons. C'est ça qui est terrible.
Père Simon
Oui.
Inconnu 4
On va boire un coup quand même ?
Père Simon
Oui.
Inconnu 4
Aubergiste !
(Musique)