Dernier numéro du journal Bretagne actuelle

15 avril 1982
01m 57s
Réf. 00709

Notice

Résumé :

Le journal Bretagne actuelle qui avait succédé au Canard de Nantes à Brest disparaît, faute d'argent. Le dernier numéro vient de sortir des rotatives.

Date de diffusion :
15 avril 1982
Source :

Éclairage

La première parution en janvier 78 du Canard de Nantes à Brest est le point de départ d'une aventure journalistique lancée par Pierre Duclos, ancien de chez Ouest-France.

Le Canard de Nantes à Brest est avant tout un journal d'information régionale. Sa rédaction est basée à Guingamp, tandis qu'il est imprimé à Lannion sur les rotatives du Trégor. L'hebdomadaire se distingue toutefois des autres noms de la presse régionale en se donnant la permission de critiquer le pouvoir giscardien. De 1978 à 1982, le Canard de Nantes à Brest retrace les moments forts que connut la région, exerçant un regard satirique et militant aussi bien sur le drame de l'Amoco Cadiz que sur la mobilisation contre la construction de la centrale de Plogoff. Les grands conflits, les enjeux de l'époque et la contestation sont mis en relief avec humour à travers les dessins de presse.

Avec un tirage de 30 000 exemplaires à son lancement, le Canard de Nantes à Brest rassemblera jusqu'à 3500 abonnés. Suite à l'élection de François Mitterrand, en février 1982, l'hebdomadaire militant devient Bretagne Actuelle, un journal de gauche qui change de nom pour gagner en sérieux et élargir son lectorat. Face à la concurrence des grands de la presse régionale, tels que Ouest-France et le Télégramme, les difficultés financières programment sa disparition en avril 1982. Les jeunes journalistes qui ont participé à cet intense bouillonnement ont fait ensuite de beaux trajets. Nono est devenu dessinateur de presse dans le Télégramme, tandis que Kristian Hamon a ensuite rejoint Libération ; Pierre Duclos poursuivit sa carrière à France 3 et Dominique Roynette fut directrice artistique du Monde.

Bibliographie :

Bretons, n°41, Mars 2009, « Il y a trente ans, le Canard de Nantes à Brest ».

Pauline Jehannin

Transcription

Présentateur
Dans le domaine de la presse, la disparition d'un confrère, L'expérience s'arrête faute d'argent. Louis-Marie Davy.
Louis-Marie Davy
Un journal qui meurt, c'est un peu de liberté qui disparaît et patati et patata. Dans la liturgie des enterrements de journaux, ce ne sont pas les belles phrases qui manquent. Mais aucune ne peut dire ce que ressent aujourd'hui l'équipe qui, en janvier 78, avait porté sur les fonds baptismaux le Rebaptisé 5000 exemplaires, 15000 lecteurs, mais 9 millions de dettes. Et aujourd'hui, 9 salariés dont 6 journalistes se retrouvent au chômage. Seuls les fidèles, les lecteurs motivés ont continué à acheter le journal, les autres ne sont pas venus. Un journal, c'est un produit commercial, enfoncez-vous ça dans la tête ! Il faut que ça se vende ! Et comment le vendre, lorsqu'en Bretagne, En faisant différent, en essayant une autre approche de l'information régionale, en ne mettant ni son drapeau ni ses opinions dans sa poche. C'est précisément ce que Pierre Duclos, chassé de Ça n'a pas marché. Leur dernier numéro essaye d'expliquer pourquoi. Aujourd'hui, l'information régionale, c'est la décentralisation de l'audiovisuel, la réforme, les frissons de la presse quotidienne régionale face à l'arrivée de la télématique ou l'introduction de la pub à FR3. Les aides aux petits journaux, le soutien à la presse d'opinion, on verra plus tard. "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez le dire" : Voltaire. Mais Voltaire et les lois du marché, ça fait deux ! Le