Les 25 ans de l'association "Eau et rivières de Bretagne"

12 novembre 1994
02m 40s
Réf. 00713

Notice

Résumé :

L'association "Eau et Rivières de Bretagne" fête ses 25 ans. Elle est de plus en plus prise au sérieux par les responsables politiques et scientifiques. Son combat initial était de protéger et faire revenir le saumon dans les rivières bretonnes, il s'est élargi à la protection de l'eau et de sa qualité. Interview de son secrétaire Jean-Claude Pierre.

Date de diffusion :
12 novembre 1994
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Éclairage

L'« Association Pour la Protection du Saumon en Bretagne » (A.P.P.S.B.) fut créée en 1969 par des pêcheurs inquiets de voir disparaître le saumon de leurs rivières. Ce n'est que l'année suivante qu'est créé en France le Ministère de l'Environnement. La publication d'un bulletin trimestriel, l'organisation de manifestations pour sensibiliser sur la pollution de l'eau ou s'opposer à la création de sites de pisciculture, la réalisation de chantiers de nettoyage des rivières... les actions de l'association sont nombreuses et témoignent toutes de sa conscience écologique. L'association réunit chaque année de nouveaux adhérents et se fait rapidement connaître à travers le slogan « Quand le poisson meurt, l'homme est menacé ». De plus en plus consciente des enjeux de la gestion et de la protection de l'eau et des milieux naturels, son action évolue, l'association prenant en 1983 le nom de « Eau et Rivières de Bretagne ».

Après 25 ans d'activité, « Eau et Rivières de Bretagne » se reconnaît comme une « association qui dérange ». Dès les années 1970, elle a fait preuve d'une conscience aiguë du principe de développement durable, et particulièrement de l'importance majeure de la qualité de l'eau et des multiples facteurs contemporains de mise en péril. Libre de toute appartenance politique afin de garantir au mieux son action, elle dénonce en particulier le modèle productiviste breton pour les pollutions de l'eau qu'il engendre. Depuis sa création, l'association est par exemple engagée dans une longue bataille contre la pollution en nitrate. Elle tente de faire entendre son message écologiste non seulement à l'échelle des municipalités locales, mais aussi bien souvent jusqu'à Bruxelles. En plus de dénoncer les pollutions en pesticides et nitrates, l'association est par ailleurs engagée dans une action de sensibilisation et d'éducation à l'environnement. En 1994, la Bretagne entière est classée en zone vulnérable pour la pollution de l'eau en nitrate. A cette date, le combat de l'association sur les quatre départements bretons, la Loire-Atlantique et la Manche est donc voué à perdurer.

Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2

Pauline Jehannin

Transcription

Journaliste
En 25 ans, l'association qu'on connaissait alors sous les initiales APPSB a changé de dénomination, multiplié par 10 le nombre de ses adhérents et modifié sa finalité. A l'époque, elle avait été créée pour oeuvrer à faire revenir le saumon dans le lit des cours d'eau bretons. Très vite, ses membres s'étaient rendus compte, que pour arriver à ce résultat, il leur fallait d'abord redonner sa pureté à l'eau, des sources à la mer. L'association a donc pris, à la fin des années 70, le nom d'Eau et Rivières. Aujourd'hui le saumon demeure toujours le symbole de son action, mais son combat s'est beaucoup élargi.
Jean-Claude Pierre
Au début, on était perçu comme une association aimable, qui voulait sauver le saumon et ça, tout le monde était d'accord pour sauver le saumon. Mais peu à peu, nous, nous nous sommes rendus compte que sauver le saumon, ça ne pouvait pas se concevoir sans une remise en cause totale des méthodes de production et des méthodes de consommation qui sont dites modernes, mais qui sont en fait destructrices de tout l'écosystème : de l'eau, des sols, des paysages. Donc le combat de l'association a changé et, aujourd'hui, nous ne sommes plus vus comme des militants aimables, mais comme une association qui dérange.
Journaliste
En 25 ans, les pollutions ont changé radicalement de visage ?
Jean-Claude Pierre
Oui. Je vois disais tout à l'heure, il y a 25 ans, on voyait les pollutions. Elles sentaient mauvais. Elles suscitaient une réaction. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus grave, parce qu'elles sont hypocrites, ces pollutions. Personne n'a jamais vu les nitrates dans la rivière, ni dans l'eau du robinet. Personne n'a jamais vu les pesticides, personne n'a jamais vu les métaux lourds et pourtant ils sont là, à des doses qui compromettent la santé publique, qui compromettent l'alimentation du bétail, qui compromettent la vie de tous les écosystèmes jusqu'à la mer.
Journaliste
Quelles sont vos relations avec les mouvements politiques écologiques ?
Jean-Claude Pierre
Eau et Rivières, depuis l'origine, veut engager un combat, qui ne s'inscrit pas tout à fait dans une formation politique. Nous pensons que ce faisant, n'apparaissant pas comme des compétiteurs ou comme des challengeurs ou comme des opposants aux hommes politiques en place, on ne cherche pas à prendre leur place, nous espérons que les propos que nous tenons, ils puissent les prendre à leur compte.
Journaliste
Depuis sa fondation, Eau et Rivières n'a cessé d'informer, d'éduquer, de dénoncer les atteintes à l'environnement. Pourtant, elle estime ce soir n'en avoir pas assez fait.
Ce week-end, ses militants vont pousser plus avant la réflexion et se pencher sur son devenir, sur les éventuelles alliances qu'elle pourrait passer avec les structures socioprofessionnelles qui, comme elle, dénoncent le lobby productiviste et souhaitent la mise en place d'un modèle plus durable, plus respectueux de la nature et des hommes.
(Musique)