Chanson en Gallo par Albert Poulain

01 mai 1988
04m 45s
Réf. 00877

Notice

Résumé :

Lors d'un concert donné en direct de la Maison des Cultures du Monde, Albert Poulain chante une chanson de la région de Châteaubourg, en Gallo, sur les mal-mariés.

Type de média :
Date de diffusion :
01 mai 1988
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Albert Poulain est né en 1932 à Pipriac (35) dans une famille rurale où cultures française et gallèse se côtoient. En 1956, à une époque où il travaille à Paris, il crée avec Roger Gauthier l'association « Couesnon-Rance-Vilaine » (CRV), dont le regard est tourné sur la Haute-Bretagne. L'association organise des bals et surtout la fête des Bruyères, qui font jouer des groupes folkloriques à Paris où en Bretagne gallèse.

C'est le point de départ d'un engagement au service de l'identité gallèse qui va se traduire entre autres par la collecte des traces de la culture populaire dont celles des traditions orales. Albert Poulain va oeuvrer avec Donatien Laurent, Gouillon de Matingon, Claudine Mazéas etc... Enfin installé en Bretagne en 1959 comme maître d'oeuvre, il participe à l'amélioration de maisons rurales, et consacre ses loisirs à la collecte des chants mais aussi des photos du bâti, autour de Pipriac. Il se rapproche des cercles celtiques, de Georges Gicquel de la JEB (Jeunesse Etudiante Bretonne) et participe à leurs sorties afin de relancer le chant gallo. Il s'affirme alors comme un interprète capable de subjuguer son auditoire. Dans les années 1970, poussé par Chérif Khaznadar, alors directeur de la maison de la culture de Rennes, il se lance vers les contes dont il démarrera la collecte. C'est dans la foulée qu'il va recevoir la première Bogue d'Or du tout jeune festival de la Bogue, animé par le Groupement culturel des Pays de Vilaine (GCPVB). Puis ce sera le début des assemblées de chant dans les communes redonnaises, qui permettent de multiplier les collectes de chants et de contes. Une vraie dynamique se crée autour de l'identité gallèse dans les années 70.

Il continue aujourd'hui à animer des rencontres, à réaliser des disques de « chantous » et à oeuvrer avec Dastum, qui dynamise le mouvement de collecte depuis les années 90. Cette capacité à chercher les sources puis à les interpréter sans artifice donne une dimension patrimoniale exceptionnelle à son œuvre qui est reconnnue à l'étranger. La fête de la Bogue, la fête du chant traditionnel de Bovel, et les soirées au café chez Paulette de Pipriac, sont de belles occasions de constater la vitalité de la culture gallèse, toujours vivante.

C'est ce bel exemple de Patrimoine Culturel Immatériel que nous avons voulu illustrer par une sélection de trois extraits (un interview, un conte, un chant).

Martine Cocaud – CERHIO – UHB Rennes 2

En savoir plus :

Albert Poulain, Cahiers de route, PUR et DASTUM, 201 (avec un CD de chants).

Contes et légendes de Haute-Bretagne, éditions Oues-France, 1995.

Martine Cocaud

Transcription

Intervenant
Voilà, alors je vais vous chanter des choses communes quand même parce que c’est bien de commencer comme ça, dans tout pays, enfin, ce qu’on a appelé la civilisation traditionnelle, la mère de famille, le père de famille, mariait sa fille sans son consentement, lalala. Aujourd’hui, ben évidement l’autorité n’existe presque plus, dans le temps, il y avait que ça. Et la fille ou le gars en était confondu, il y avait point moyen, hein de choisir, je sais pas la belle vertu ou le gars de petite vertu, enfin ! Voilà, et c’est pour ça qu’il y a plein de chansons sur les mal mariées et en voilà une qui est de Châteaubourg. Enfin, on les aime bien parce qu’elles sont tristounettes comme ça puis on sait bien que maintenant, ça ne peut plus se faire quoi. Ça partirait ventre à terre et puis de toute façon, ça ne durerait que 2 jours, enfin 2 ans ! Avant c’était pour tout le temps, comme disaient d’autres chansons, "ce n’est pas pour un an ni un an et demi, c’est pour toujours, le restant de vos jours, toujours". Alors, il y avait de quoi s’effondrer quoi. Veï, bon, je vais donc parler de Châteaubourg, c’est à côté de Vitré hein. Enfin quand vous partez de Rennes, vous allez par-là quoi, vous remontez vers le nord, vous trouvez Châteaubourg et Châteaugiron qui est, ah oui, un peu plus par là, à l’Est, bon. "De Châteaubourg Châteaugiron, il y a une jolie fille, l’y en a une par dessus tout à qui j'y ait fait tant l’amour. Les y en à une par dessus tout à qui j’y ait fait tant l’amour. Par un dimanche la matinée, là je m’en vais la voir, je l’ai trouvée dessus son lit, ah qui faisait semblant d’y dormir. Je l’ai trouvée dessus son lit ah qui faisait semblant d’y dormir. Je lui ai dit : belle Ouison, allons, prenons courage car nous allons à Châteaubourg, c’est pour accomplir nos amours. Car nous allons à Châteaubourg, c’est pour accomplir nos amours. Quand la belle fût à Châteaubourg, son petit cœur se perd : Qu’avez-vous donc belle Ouison, regrettez-vous Châteaugiron ? Qu’avez-vous donc belle Ouison, regrettez-vous Châteaugiron ? J’y regrette moins Châteaugiron comme j’y regrette ma mère, mais adieu donc, frère et sœur et parents, mais adieu donc ma chère maman. Mais adieu donc frère et sœur et parents, mais adieu donc ma chère maman. Que l’on apporte de ce bon vin du meilleur de votre cave, apportez nous de ce bon vin, pour rafraîchir ce corps humain. Apportez-nous de ce bon vin, c’est pour y passer notre chagrin".
(Bruit)
Intervenant
Je suis pas venu que pour ça.