Parcours thématique

La Bretagne industrielle

Martine Cocaud

Les années 50 : Sortir la Bretagne de l'isolement

Au début des années 50, la Bretagne perd ses hommes. Elle a un revenu par habitant inférieur de 30% au revenu moyen en France et la dépense la plus faible par tête. La productivité est également une des plus médiocre de France. La population travaillant dans le secteur secondaire est peu importante (26% en 1954 ; 35% en France) et elle est essentiellement occupée par les travaux publics, branche active suite aux travaux de reconstruction. Les autres industries traditionnelles – celle des carrières et des mines, du cuir et du textile, de la métallurgie et de la conserve - qui marquent encore fortement les paysages semblent déjà menacées.

Car juste après la Seconde Guerre, la Bretagne semble mal lotie face aux défis industriels du XXe siècle : quasi absence de matières premières, mis à part les produits de la mer et de l'agriculture, isolement géographique qu'aucune infrastructure ferroviaire ou routière n'a permis de casser avant la Seconde Guerre mondiale. Ces difficultés concourent à une forte émigration des jeunes qui refusent l'absence de confort, la solitude, et les faibles revenus car ils trouvent peu d'emplois hors du secteur primaire. Il était donc impossible d'envisager un développement de la région sans mettre en œuvre une politique industrielle capable de susciter des créations d'emplois dans le secteur secondaire, et par contrecoup dans le secteur tertiaire également sous-développé.

 Mines d'étain à Saint Renan

Mines d'étain à Saint Renan

Depuis 6 ans, un gisement d'étain est exploité dans la région de Saint Renan, dans le Finistère. Un expert évoque la phase de prospection qui a permis de localiser précisément ce gisement. Il explique ensuite la technique permettant l'extraction du minerai.

11 oct 1967
04m 45s
 L'histoire de l'ardoise à Trélazé

L'histoire de l'ardoise à Trélazé

Aux Ardoisières de Trélazé dans le Maine et Loire, les techniques d'exploitation de l'ardoise sont passées du mode artisanal au mode industriel. Visite guidée des mines des Fresnais et de l'usine de traitement de l'ardoise.

11 avr 1964
04m 37s

Des projets pour casser le déclin de la Bretagne : le CELIB et le plan breton

La prise en compte du déclin de la Bretagne a été à l'origine de la création du CELIB (Comité d'Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons). Cet organisme naît en juillet 1950 sous l'impulsion de Joseph Martray, journaliste qui publia en 1947 Le Problème breton et la réforme en France, rejoignant alors les préoccupations qu'avait exprimées Jean-François Gravier dans Paris et le désert français .

La période est favorable aux réflexions de Martray  puisque les années 1950 sont marquées par les premières politiques de décentralisation industrielle du centre parisien vers les périphéries régionales. Rappelons qu'en 1950, le Ministère de la Reconstruction, de l'Urbanisme et du Logement crée le Fonds National d'Aménagement du Territoire et organise, dès 1953, les premières décentralisations. En 1954, le deuxième Plan français préconise une augmentation des aides financières par l'octroi de primes et d'exonérations fiscales, de manière à accélérer le mouvement de décentralisation, et avec lui, le réaménagement du territoire. Le projet insufflé par Martray va donc trouver rapidement des forces chez les hommes politiques de tous les partis (mis à part les communistes) mais aussi chez les responsables économiques dans les chambres de commerce, les chambres d'agriculture et les organisations professionnelles, etc. Le premier bureau du CELIB sera présidé par le maire RPF de Quimper Jean Halléguen. Il regroupe des socialistes dont François Tanguy-Prigent, ancien ministre de l'agriculture du Général de Gaulle, Hervé Budes de Guébriant, ancien responsable de la Corporation paysanne mais aussi un représentant de l'Association bretonne. En soutien au CELIB, les députés bretons formeront un groupe parlementaire inter-partis qui fonctionnera comme un " lobby breton " chargé de défendre les dossiers déposés à l'Assemblée ou face à l'Europe en construction. Deux députés seront particulièrement actifs à l'assemblée : Tanguy-Prigent déjà nommé et le centriste René Pléven des Côtes-du-Nord qui, président du Conseil, sera également le président du CELIB à partir de 1951. Dès le début des années 50, de nombreux dossiers sont ouverts dans tous les domaines : électrification rurale, ouverture des marchés agricoles, rénovation de l'industrie de la conserve, enseignement du breton etc. Si les actions principales tournent autour du monde rural, de sa modernisation et de l'écoulement de ses produits, sa modernisation ne peut pas être envisagée sans une réflexion sur l'industrialisation.

Le CELIB, Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons

Le CELIB, Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons

Rétrospective sur la création du CELIB qui selon René Pleven est né de la prise de conscience de quelques hommes de se rassembler - malgré leurs divergences politiques - afin de moderniser la région Bretagne.

09 déc 1985
02m 11s

Le plan breton

En 1952, le CELIB propose un projet breton qui puisse s'intégrer dans le second plan quinquennal français (1954-1958). La Bretagne fut donc la première région à proposer un plan régional de développement correspondant à la loi du 14 août 1954 qui prévoit " une organisation régionale, départementale ou locale chargée de mettre au point le développement économique local dans le cadre du Plan ". Cette organisation précoce va permettre de présenter, en 1956, un PAR (Programme d'action régionale) et de créer rapidement les outils nécessaires au développement : création de la société d'Economie Mixte pour l'aménagement et l'Equipement de la Bretagne - SEMAEB - qui prévoit avec les collectivités locales de nouvelles infrastructures, et de la Société Régionale de Développement de la Bretagne chargée de rechercher les capitaux. La région va donc bénéficier très vite des mesures de décentralisation industrielle définies par le second plan quinquennal : des avantages financiers sont offerts aux industriels qui s'installent dans les " zones critiques ". Ces dernières - définies très précisément par le Ministère - ne pouvant être jusqu'en 1959 que Rennes, Fougères, Lorient, Brest, Saint-Brieuc et Guingamp à l'exclusion du centre de la région.

1960 - 1975 : Réorganisation et décentralisation

Un démarrage lent

Les projets industriels du CELIB concernent d'abord la réorganisation de deux secteurs traditionnels en difficulté - l'industrie de la chaussure à Fougères et les conserveries - ceux concernant les nouvelles industries restent beaucoup plus flous. L'autre grande urgence est l'amélioration de la production énergétique qui apparaît comme un préalable à une industrialisation d'envergure. C'est dans ce cadre que sont commencés en 1957 les travaux de construction de la centrale marémotrice de la Rance et qu'est agrandie la centrale thermique de Nantes-Cheviré.

 Témoignage de Louis Marc, industriel finistérien

Témoignage de Louis Marc, industriel finistérien

Louis Marc, jeune entrepreneur breton spécialisé dans l'industrie de la conserverie, est confiant quant à l'avenir industriel de la Bretagne. Il a su créer une activité prospère. Il commercialise sa production en France et sur le Marché Commun.

06 oct 1964
03m 16s
 Inauguration du barrage de La Rance

Inauguration du barrage de La Rance

Le général de Gaulle inaugure le barrage de La Rance et son usine marée-motrice. La foule accueille chaleureusement le président qui prononce un discours. Il place la Bretagne au cœur du développement de la France.

26 nov 1966
01m 06s
 La centrale nucléaire de Brennilis

La centrale nucléaire de Brennilis

La commune de Brennilis dans les Monts d'Arrée a été retenue pour l'implantation de la centrale nucléaire, EL4. Ce site est idéal par sa réserve en eau, son sol, son terrain vaste et sans valeur. La région offre en outre une main d'œuvre importante.

16 avr 1966
05m 43s

Hors des industries traditionnelles, quelques offensives telles que la reprise de l'activité des chantiers navals de Nantes et Saint-Nazaire (qui construisent de grands transatlantiques et lancent des pétroliers géants) et l'agrandissement de Citroën installée à Rennes depuis 1953, annoncent l'embellie à venir. Cependant, concrètement, la production industrielle évolue peu avant les années 60 et ce d'autant plus que seules Nantes et Rennes semblent tirer leur épingle du jeu. Notons, qu'entre 1954 et 1966 la Bretagne connaît une diminution de 17 % du nombre de ses entreprises, dont un certain nombre sont contraintes de céder aux exigences de la concentration. Ce sont des petites usines souvent proches de l'artisanat qui ferment ; la disparition en 1966 des forges d'Hennebont qui avaient employé jusqu'à 2 000 personnes illustre bien cette réalité.

 Les Chantiers de la Loire à Saint Nazaire

Les Chantiers de la Loire à Saint Nazaire

Reprise d'activité aux Chantiers de la Loire à St Nazaire où 4 cargos sont en construction. Cette relance s'inscrit dans un plan de modernisation de la marine marchande. M. Morice, ministre des Travaux Publics, est venu vérifier l'avancée des travaux.

11 déc 1952
38s

La piste la plus prometteuse qui préfigure l'avenir est sans doute l'installation du CNET (Centre National d'Etudes des Télécommunications) à Lannion en 1960, qui annonce la spécialisation de la Bretagne vers les industries électroniques.

 La réception de la première Mondovision

La réception de la première Mondovision

Le satellite Telstar a été mis en orbite à Cap Canaveral aux États Unis. A Pleumeur Bodou, dans les Côtes du Nord, les signaux émis par Telstar sont captés et permettront de recevoir des images de la première émission de télévision, la Mondovision.

18 juil 1962
02m 24s
 Nouvelle technologie au CNET à Lannion

Nouvelle technologie au CNET à Lannion

Après trois années d'études, les chercheurs du Centre National d'Etude en Télécommunication de Lannion (22) ont présenté un nouvel écran pour le Minitel. Cet écran représente une révolution technique qui pourrait être diffusée au grand public.

04 mar 1986
02m 42s

Les effets conjoints de la décentralisation et du Plan breton

Les réflexions du CELIB et sa force de lobbying vont permettre à la Bretagne de profiter de la déconcentration industrielle dont l'Etat français voit enfin la nécessité. De nombreux établissement nouveaux qui souhaitent bénéficier des primes offertes pour la décentralisation se sont implantés en Bretagne à la fin des années 50 mais ne prendront de l'ampleur qu'entre 1962 et 1965. L'Ille-et-Vilaine et la côte se taillent d'ailleurs la part du lion dans cette arrivée d'industries non bretonnes, le centre Bretagne, trop difficilement accessible, continuant de se vider. Notons également que sur 26 000 nouveaux emplois créés, 19 000 l'ont été grâce à des primes offertes par l'Etat dont ont bénéficié de grandes entreprises telles que Citroën à Rennes, le Joint français à Saint Brieuc ou Michelin à Vannes.

 L'industrialisation de la Bretagne

L'industrialisation de la Bretagne

Région traditionnellement agricole, la Bretagne débute son industrialisation en 1960. La priorité est dès lors mise sur l'électronique. Des industries automobiles et chimiques vont également s'implanter. Plus de 15 000 emplois vont être ainsi créés.

13 fév 1967
02m 52s

La manne gouvernementale, mais aussi le fait que la population bretonne soit nombreuse, instruite, docile et habituée aux bas revenus va induire un redéploiement de l'industrie qui sera facilité par l'importante remise à niveau des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires que l'Etat juge enfin particulièrement défaillantes car négligées par rapport au reste de la France (bataille du rail en 1962 qui aboutit à des tarifs ferroviaires adaptés, électrification de la ligne Le Mans/Rennes en 1962, routes rapides à quatre voies gratuites). Trois branches industrielles s'affirment alors : la construction automobile, l'industrie électronique et l'industrie agro-alimentaire.

 La SNCF lance "l'opération 160" entre Nantes et Paris

La SNCF lance "l'opération 160" entre Nantes et Paris

La SNCF a lancé une nouvelle opération, appelée "opération 160". A partir du 1er octobre, Nantes est à 3h05min de Paris. Six liaisons quotidiennes sont prévues entre la capitale et la ville de Nantes.

03 oct 1972
26s
 Le Plan routier breton

Le Plan routier breton

Présentation du Plan Routier Breton qui vise à créer un réseau routier reliant les principales villes bretonnes, entre elles, et entre les villes des départements limitrophes. M. Pélissier, Préfet de région, se satisfait de la mise en œuvre du Plan.

04 oct 1972
02m 01s

L'industrie agro-alimentaire

C'est certainement le secteur le plus original de l'industrialisation bretonne car d'un côté, il est profondément enraciné dans l'économie traditionnelle et d'un autre côté il est lié à l'avenir de l'agriculture bretonne. Les premières industries sont nées avant la Première Guerre mondiale, près de la côte, quand il fallait mettre en boite la sardine (Douarnenez), dans l'intérieur pour mettre en valeur les légumes (Hénaff à Pouldreuzic), et parfois dans les villes (la biscuiterie LU - Lefevre-Utile - à Nantes). Ce secteur très éclaté en de multiples petites sociétés connaît, dès les années 50, un début de concentration qui s'accélère à partir de 1964/65 lorsque des grands groupes rachètent des entreprises qui ne peuvent pas faire face à la modernisation.

D'an nav vloaz d'an aod ha da pevarzek vloaz d'an uzin [Dès neuf ans à la grève et en usine à quatorze ans]

D'an nav vloaz d'an aod ha da pevarzek vloaz d'an uzin [Dès neuf ans à la grève et en usine à quatorze ans]

Anna Colin eus Poulgoazeg he deus bet ur vuhez a labour : da nav vloaz eo bet renket dezhi mont d'an aod da zastum bezin ha ne oa nemet pevarzek vloaz pa oa aet da labourat d'an uzin pesked evit lakaat pesked e boestoù. [Anna Colin de Poulgoazec a eu une vie de labeur : dès neuf ans il lui a fallu aller à la grève pour ramasser le goëmon et elle n'avait que quatorze ans quand elle est allée travailler à la conserverie pour mettre du poisson en conserve.]

08 jan 1984
05m 43s
 Le pâté Hénaff

Le pâté Hénaff

Le pâté Hénaff, reconnaissable par sa boîte de conserve bleue et or, est le produit phare de l'entreprise Hénaff. Cette conserverie de Pouldreuzic, créée en 1907, a débuté par les conserves de légumes puis s'est tournée, avec succès, vers le porc.

27 jan 1998
03m 09s
 Le Grenier du Siècle à Nantes

Le Grenier du Siècle à Nantes

Dans l'ancienne usine LU, Nantes ferme le siècle en créant le Grenier du Siècle, lieu de dépôt d'objets représentatifs du XXe siècle, qui seront consignés durant 100 ans. Un descendant de l'inventeur du célèbre petit-beurre Lu vient en déposer la recette.

10 oct 1999
01m 42s

Le secteur qui se modernise le plus vite concerne le lait. La Bretagne avait raté l'industrialisation de ce secteur à la fin du XIXe siècle et le modèle du beurre fermier collecté et vendu par des négociants locaux restait largement prédominant, même si les plus grandes entreprises de commercialisation tentaient de se reconvertir en passant de la collecte du beurre à celui de la crème. Ce fut le cas de Bridel à Martigné-Ferchaud, de Nazar à Fougères. De 1950 à 1960, des coopératives et des entreprises extérieures à la région vont s'attaquer à ce système ancien : neuf coopératives sont créées entre 1950 et 1958 tandis que quelques grosses entreprises s'installent, Négobeureuf à Redon ; Entremont à Malestroit et à Quimper ; Socrémo à Moustoir-Remungol.

Ces grandes sociétés se trouvent confrontées à la difficulté du ramassage de la matière première dans les régions de petites exploitations très dispersées et à la nécessité de trouver des transformations autres que celle de la crème en beurre : ce sera dans un premier temps la poudre de lait. Cela exige de grands capitaux que seule la concentration industrielle peut offrir. Les industries les plus solides rachètent les petites sociétés familiales : c'est ainsi que Bridel, seule société locale capable d'un tel effort absorbe, à Rennes la Beurrerie de l'Ouest, à L'Hermitage la laiterie Lu, et Nazart à Fougères. En parallèle, les petites coopératives s'associent au sein de groupes polyvalents : Unicopa regroupe plusieurs coopératives laitières des Côtes du Nord.

Le secteur de l'alimentation du bétail évolue également très vite pour faire face aux nouvelles demandes des éleveurs qui construisent de grands poulaillers. Si au début des années 50, une soixantaine de petites sociétés se partagent le marché, en 1960 elles ne sont plus qu'une petite dizaine souvent spécialisées. Ce sont des coopératives de producteurs (25% du marché), mais aussi des grandes entreprises françaises et des groupes internationaux (25%) comme Cargill, Duquesne-Purina et Unilever qui s'affrontent violemment dans la course aux marchés. Le secteur de la conserverie subit le même régime : diminution du nombre d'entreprises par le jeu de la concentration et installation de grands groupes qui rachètent les entreprises autrefois familiales. Saupiquet par exemple, qui bénéficie de capitaux parisiens rachète en 15 ans des sociétés installées sur tout le territoire breton, alors que dans les mêmes années des entreprises comme Olida organisent le regroupement des industries de conserverie de viande.

 Témoignage de Louis Marc, industriel finistérien

Témoignage de Louis Marc, industriel finistérien

Louis Marc, jeune entrepreneur breton spécialisé dans l'industrie de la conserverie, est confiant quant à l'avenir industriel de la Bretagne. Il a su créer une activité prospère. Il commercialise sa production en France et sur le Marché Commun.

06 oct 1964
03m 16s

L'originalité bretonne face à la réorganisation du secteur agro-alimentaire que connaissent toutes les régions de France se trouve dans le rôle des coopératives. Nous avons déjà largement évoqué leur rôle dans la modernisation agricole en montrant que dans les années 50, elles sont porteuses du dynamisme et des projets humanistes des agriculteurs bretons. A partir de la fin des années 50, les coopératives autrefois plus spécialisées dans les productions végétales se tournent vers les productions animales, particulièrement celles du poulet mais ces projets ne prennent vraiment forme que dans les années 60/70. En 1960 est fondée l'Union Nationale des coopératives Agricoles (UNICOPA) qui fédère les coopératives du Finistère et des Côtes-du-Nord pour la production et la vente de la volaille, des aliments du bétail et des plants de pomme de terre. De même l'Office de Landerneau devient une coopérative moderne et prend le nom de COOP-AGRI. En 1998, la Bretagne compte 150 usines agro-alimentaires de plus de 100 employés, dont 16 de plus de 500.

L'industrie des biens d'équipement

Si les entreprises traditionnelles (tanneries, chaussures) ne se maintiennent pas ou doivent au mieux réduire leurs effectifs, le secteur des biens d'équipement est dynamique grâce à des capitaux extérieurs à la région. L'industrie automobile y joue un rôle déterminant. Citroën s'implante en 1953 à Rennes en profitant d'une zone aménagée par les autorités locales. Elle transfère à l'usine de la Barre-Thomas sa production de roulements à billes et des pièces en caoutchouc, jusqu'alors produite dans la région parisienne, et crée 1 500 emplois. En 1958, l'entreprise achète plus de cent cinquante hectares d'un seul tenant sur la commune de Chartres-de-Bretagne afin de construire de nouveaux ateliers et installer la totalité de ses moyens de production et les bureaux de ses cadres. L'usine entre en service courant 1962. L'installation de Citroën induit bien sûr l'installation de nombreux sous-traitants.

 Citroën, les sous-traitants

Citroën, les sous-traitants

L'entreprise Citroën à Rennes fait appel à différent fournisseurs. Ces équipementiers sont intégrés au processus de fabrication, notamment l'entreprise ECSA de Crévin qui s'est spécialisée dans les sièges de voiture.

16 fév 2000
04m 14s

Dans le même temps, les aides de l'Etat, l'amélioration des communications et aussi l'attractivité des bas salaires bretons favorisent l'implantation industrielle de quelques grosses unités : le Joint français et Chaffoteaux et Maury (1956) à Saint-Brieuc, Thomson, mais aussi d'autres à effectifs plus modestes (Cyclone et Transocéan dans le textile).

 L'usine du Joint français à Saint Brieuc

L'usine du Joint français à Saint Brieuc

Le Joint français s'agrandit et s'implante à Saint Brieuc. Malgré quelques inconvénients, ce site offre de nombreux avantages, notamment la main d'œuvre et le cadre de vie. Visite de l'usine et présentation des techniques de fabrication des joints.

08 déc 1966
08m 28s
 L'usine de confection Transocéan à Brest

L'usine de confection Transocéan à Brest

L'usine Transocéan s'est implantée dans la zone de Kergonan à Brest. Spécialiste du tricot en courtel, cette usine a un fort besoin en main d'œuvre féminine.

05 juil 1967
06m 53s

L'industrie de l'électronique

L'installation du CNET puis celle du centre d'études spatiales de Pleumeur-Bodou qui tous deux dépendent de l'Etat sont les symboles de l'ouverture de la Bretagne aux techniques nouvelles. D'autres entreprises suivent : Socotel à Lannion, CSF à Brest, SGS à Rennes et le CELAR à Bruz puis plus tard dans les années 70 Ericsson à Brest, le centre de télécommunication (CCETT) à Rennes, Alsthom, Matra. Ce qui semble être une nouvelle " vocation " transforme l'image de la Bretagne, offre de nombreux emplois - 8 000 sont créés autour de Lannion - et entraîne l'installation de nombreux laboratoires de recherches et des grandes écoles, surtout après décembre 1967 quand l'Etat décide de décentraliser à Cesson-Sévigné trois écoles liées aux télécommunications : l'école militaire supérieure des techniques de télécommunications de l'armée de terre, l'école nationale supérieure des télécommunications et l'école supérieure d'électricité. La décentralisation et l'implantation de nouvelles entreprises s'accélèrent de 1969 à 1975. 5 000 emplois nouveaux sont créés par an entre 1960 et 1970 et 7 000 entre 1970 et 1975.

Crises sociales

Dans l'entre-deux-guerres, la Bretagne a souvent participé à l'action syndicale : dès 1919 à l'arsenal de Brest et chez les cheminots rennais, en 1924-25 dans les conserveries de Douarnenez, dans l'industrie de la chaussure à Fougères en 1932. Mais c'est après la guerre que les luttes prendront le plus d'ampleur, ce qui peut sembler surprenant dans une région sous-industrialisée et réputée conservatrice. Les premières grèves ont éclaté chez les ouvriers des chantiers navals de l'Atlantique qui demandent une augmentation de salaire de 25% en 1953. Lutte qui durera plusieurs mois et entraînera la mort d'un ouvrier. Cette violence se retrouvera souvent dans les mouvements sociaux de l'Ouest, qu'ils concernent les paysans ou les ouvriers.

Une autre caractéristique régionale est l'inaluence grandissante de la CFTC, puis de la CFDT (après la scission de 1964) qui, chez les métallos, dépasse la CGT dès 1958. Cette inaluence est durable puisque lors des élections prud'hommales de 1982 la CFDT est majoritaire en Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique et Finistère, la CGT ne dominant légèrement que dans les Côtes-d'Armor. Cette ascendance est à mettre en relation avec le poids important de l'Eglise, à la prégnance des idéaux humanistes diffusées par les JOC (Jeunesse ouvrière catholique) et par la JAC (Jeunesse agricole Catholique), mais aussi à la structure industrielle. Il semblerait en effet que le discours que la CGT a construit dans les grandes entreprises ait eu peu d'impact dans les petites unités bretonnes.

Le milieu des années 60 est un autre temps forts des luttes sociales paysannes et ouvrières car la plupart des industries traditionnelles à qui le CELIB avait insufflé un peu de force juste après la guerre subissent alors les premiers effets de la mondialisation. Citons les grèves qui ont suivi la fermeture des forges d'Hennebont en 1966, celles des usines de chaussures à Fougères en 1967, de l'usine Garnier à Redon début 1968. Les luttes souvent très violentes unissent parfois paysans et ouvriers qui semblent prendre momentanément conscience, lors de ces moments conalictuels précis, de leurs intérêts communs.

 Fermeture des forges d'Hennebont

Fermeture des forges d'Hennebont

A partir 1966, les Forges d'Hennebont cessent progressivement leur activité. Un plan de reconversion est alors mis en place pour les 1400 salariés de l'entreprise.

13 fév 1967
43s
 La crise de la chaussure à Fougères

La crise de la chaussure à Fougères

Fougères, ville la plus industrialisée du département, vit d'une mono industrie, la chaussure. Depuis quelques années, cette industrie connaît des difficultés. Les usines ferment les unes après les autres, laissant la population dans le désarroi.

14 mar 1968
02m 41s
 La fin des établissements Garnier à Redon

La fin des établissements Garnier à Redon

A Redon (Ille et Vilaine), l'Usine Garnier, fabriquant de machines agricoles, ferme ses portes. Les 700 salariés vont cependant éviter le licenciement grâce à un accord passé entre les membres du comité d'entreprise et le directeur d'une fonderie.

21 aoû 1970
32s

Au vu des ces luttes sociales qui montrent que la décentralisation et les efforts des gouvernements successifs n'ont pas suffi pour réussir l'industrialisation de la Bretagne, il ne faut pas s'étonner de la vigueur du mai 68 breton. Syndicats ouvriers et paysans se retrouvent dans la rue le 8 mai 1968. Les mots d'ordre concernent l'emploi en Bretagne, la faiblesse des revenus, la sécurité sociale. La journée regroupe en fait tous les secteurs économiques, des enseignants et étudiants aux ouvriers et paysans, en passant par les cadres et les commerçants ainsi que les élus. Signe d'un malaise général, le slogan : " l'Ouest veut vivre ". Absence remarquée : celle de Citroën, entreprise tenue par des syndicats maison qui ne suivent, bien entendu, ni la CGT ni la CFDT.

 Entretien avec René Pleven sur les manifestations en Bretagne

Entretien avec René Pleven sur les manifestations en Bretagne

Au soir des manifestations rassemblant ouvriers et paysans dans les neuf départements de l'Ouest, René Pleven (ancien président du Conseil, député PDR de Dinan) donne son interprétation de la crise que traverse alors la Bretagne.

08 mai 1968
03m 50s
 Mai 68, les revendications de l'Ouest

Mai 68, les revendications de l'Ouest

Les partis de gauche et les syndicats ont lancé un appel à la grève générale. Des manifestations regroupant étudiants, ouvriers et paysans se sont déroulées au Mans, à Laval et à Angers.

09 mai 1968
01m 23s

La première occupation d'usine, celle de Sud-Aviation à Nantes le 14 mai, signe la montée du mouvement. Il prendra une ampleur toute particulière à Nantes quand du 23 mai au 10 juin, le comité Central de grève s'installe dans les locaux de la mairie et assure le ravitaillement et la distribution des bons de carburant. Cette tentative de pouvoir ouvrier marquera les esprits.

 Mai 68 : manifestations à Rennes et Brest [Muet]

Mai 68 : manifestations à Rennes et Brest [Muet]

Comme dans le reste du pays, mai 68 est mouvementé en Bretagne. D'importantes manifestations se sont tenues à Brest et Rennes. Des milliers de personnes, ouvriers et étudiants, ont défilé dans les rues.

17 mai 1968
01m 54s
 Mai 68

Mai 68

La rétrospective de fin d'année de la station ORTF de Rennes est l'occasion de revenir sur les évènements du mois de mai 1968 en Bretagne.

31 déc 1968
01m 04s

Les grèves cesseront vers la mi juin comme partout en France, mais les années soixante dix se situeront dans le prolongement de 68. De nombreux conflits éclatent : grève du Joint Français (13 mars-9 mai 1972), des abattoirs Doux à Pédernec et Plouray (décembre 73-mai 74), de Réhault à Fougères (1976-80) où s'organise une reprise autogérée sur le modèle de LIP. Des comités de soutien - groupements spontanés correspondant aux méthodes de l'extrême gauche - se mettent alors en place avec parfois le soutien de la CFDT qui trouve toujours mieux ses marques que la CGT. Ces comités permettent de faire durer les conflits en trouvant le soutien de la population locale. Les luttes démarrent souvent lorsque des fermetures d'entreprises s'annoncent. En effet le tissu industriel traditionnel et même celui qui s'est tissé dans les années 60 est menacé et des conflits éclatent un peu partout en Bretagne. Citons l'imprimerie Oberthur à Rennes, Les Batignolles à Nantes, le Joint français à St-Brieuc. C'est dans cette période que les revendications prennent une dimension régionale illustrée sur les banderoles par le slogan fédérateur " Vivre au pays ". L'historien Vincent Porhel y voit le début de l'affirmation d'un discours identitaire mêlé à un discours plus marxisant qui s'appuie sur la reconnaissance de l'exploitation du prolétaire breton, étrange synthèse qui trouverait selon lui une expression durable dans le repli identitaire breton.

 Fin de la grève au Joint Français à Saint Brieuc

Fin de la grève au Joint Français à Saint Brieuc

Après 8 semaines de grève, le conflit au Joint Français aboutit à un accord signé par la majorité des ouvriers qui réclamaient une réévaluation des salaires. Ce mouvement est caractérisé par l'élan de solidarité de la population envers les grévistes.

08 mai 1972
02m 01s

De 1975 à 2000 : de nouvelles compétitivités

Les années 70 : les télécoms

La période est ambigüe car d'une part l'industrie bretonne fait face à la fin de la décentralisation, à la réduction des commandes de l'Etat qui affecte les arsenaux et les travaux publics, à la concurrence mondiale qui pousse à la fermeture des fabriques de chaussures et d'habillement, puis plus tard d'une partie de l'électronique. Après avoir investi dans la Bretagne aux bas salaires, certains industriels commencent à se redéployer dans le Tiers-Monde pour profiter d'une main d'œuvre encore moins exigeante. Les grandes crises sociales que connaît la Bretagne dans les années 70 et que nous évoquerons un peu plus tard vont prendre racine dans ces secteurs menacés.

 Restructuration de l'arsenal de Brest

Restructuration de l'arsenal de Brest

L'Arsenal de Brest est touché par le nouveau plan de restructuration des arsenaux de la marine. Il prévoit la suppression de 4500 postes dans les chantiers navals militaires et un changement de statut pour la Direction de la Construction Navale.

17 mai 1999
02m

Mais d'autre part, jusqu'à la fin des années 90, l'industrie agro-alimentaire et l'industrie de l'électronique prennent de l'ampleur même si ce dernier secteur peut paraître d'une certaine façon fragile ou du moins dépendant de l'extérieur puisque les rachats d'entreprises laissent une place de plus en plus grande à des décideurs non régionaux. D'importantes restructurations du secteur ont en effet lieu : c'est le cas de Cit Alcatel près de Guingamp, dont la fermeture entraine la disparition de 1 000 emplois. En définitive, en 1985, 78% des salariés du secteur électronique travaillent pour de grands groupes français ou étrangers, installés en Ille-et-Vilaine ou dans le Finistère. Citons Thomson-CSF à Brest, CGEE-Alsthom, la CGCT, Matra, Philips à Lannion, Canon à Rennes, le secteur des télécommunications semblant alors le plus dynamique puisqu'il regroupe 56% des emplois, qui sont de plus en plus qualifiés.

 La vocation électronique de la Bretagne

La vocation électronique de la Bretagne

La recherche dans les nouvelles technologies progresse, notamment au CCETT de Rennes. Mais l'électronique est en crise, principalement la téléphonie qui emploie de plus en plus de personnel qualifié.

03 avr 1980
01m 46s
 Lannuoniz o c'houlenn labour [Les Lannionnais réclament du travail]

Lannuoniz o c'houlenn labour [Les Lannionnais réclament du travail]

Pennad-kaoz gant sindikadoù e Lannuon da vare manifestadegoù a-enep d'an dilabour e Bro-Dreger. [Interview de deux syndicalistes, Pierre Grall de la CFDT et Jean-Yves Goffic de la CGT, suite à des manifestations à Lannion pour défendre l'emploi en pays trégorrois et en Bretagne plus généralement suite à une vague de licenciements.]

27 mai 1984
01m 18s

La Bretagne se situe à la pointe de la modernité technologique grâce au Minitel, à Transpac, à la télévision câblée puisque le matériel utilisé sort des laboratoires et des usines bretonnes. La recherche se développe. En 1985, elle regroupe 3 000 salariés au sein d'organismes privés et publics. Plusieurs centres de recherche datent du début des années 70 : l'IRISA (Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires), l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et Automatique), le CCETT de Lannion spécialisé dans les terminaux de communications audiovisuelles. Pour abonder cette recherche, la Bretagne accueille de nombreuses grandes écoles : école supérieure d'électricité, école supérieure d'électronique de l'armée de terre, école nationale des télécommunications de Bretagne, l'école supérieure d'électronique, l'IUT de Lannion, etc.

 Le Centre de recherche de Monterfil

Le Centre de recherche de Monterfil

Le Centre de recherche de Monterfil dépend de la faculté des Sciences de Rennes. En relation avec le CNET et le CNES, il est fréquenté principalement par des étudiants thésards qui étudient l'espace, grâce notamment à des radars.

26 juin 1969
02m 36s
 L'Académie des Sciences honore Bernard Kloareg

L'Académie des Sciences honore Bernard Kloareg

Bernard Kloareg, biologiste et chercheur au CNRS, est l'un des directeurs de recherche de la station biologique de Roscoff. Spécialiste des algues, lui et son équipe sont consacrés par l'Académie des Sciences pour l'ensemble de leurs travaux.

29 juin 1999
02m 15s

Jusqu'en 1990, presque tous les bassins d'emploi (sauf Fougères, Redon, Concarneau) voient leur main d'œuvre augmenter grâce à la croissance d'entreprises locales. Toutefois le tissu industriel reste organisé autour de trois pôles prépondérants : Lannion qui, grâce à CGEE-Alsthom est spécialisé dans le domaine des télécommunications, Brest centré sur l'électronique, les produits marins et l'agro-alimentaire, Rennes qui dispose d'un important secteur de recherche plus diversifié regroupant filière informatique, électronique et bio-industries. Cependant, de nouvelles implantations se dessinent : le parc d'innovation de Bretagne-sud de Vannes, spécialisé dans le secteur vétérinaire et agro-alimentaire, et le zoopole de Saint-Brieuc spécialisé également dans l'agro-alimentaire et le monde animal. Afin de mettre en valeur leurs activités, des technopoles sont prévues dans ces trois villes. Elles intègrent formation, recherche et création d'entreprises. Ainsi Rennes-Atalante qui associe le district de Rennes et le département dans la même volonté de développement.

 L'industrialisation rennaise

L'industrialisation rennaise

En une génération Rennes a comblé son retard en matière industriel. Henri Fréville revient sur cette industrialisation. L'Etat et la municipalité ont participé au développement de la ville tant au point de vue industriel qu'universitaire.

04 jan 1974
02m 40s
 La vocation électronique de la Bretagne et la crise

La vocation électronique de la Bretagne et la crise

L'électronique est actuellement en crise. Cette industrie créatrice d'emplois féminins est depuis les années 1970 un pilier de l'économie bretonne. L'industrie des télécommunications semble être une nouvelle perspective économique pour la région.

29 juil 1975
03m 49s
 Les dix ans du Minitel

Les dix ans du Minitel

Le Minitel fête son 10ème anniversaire. Cet outil de communication inventé par les chercheurs du CCETT et du CNET a connu des débuts difficiles. Il est cependant devenu un objet usuel, qui a permis en outre la création de 12 000 emplois.

02 oct 1989
01m 15s
 La cité des télécommunications à Pleumeur Bodou

La cité des télécommunications à Pleumeur Bodou

Le musée des télécommunications de Pleumeur Bodou s'appelle désormais la cité des télécommunications. France Télécom veut faire de son musée, consacré à la transmission de l'image et du son, un lieu attractif orienté vers les nouvelles technologies.

03 oct 2006
02m 44s
 La télécom Valley

La télécom Valley

L'agglomération rennaise, désormais considérée comme la "Telecom valley" française, est une référence en matière de télécommunication. A l'origine de ce succès, le CCETT et de grands groupes, notamment Alcatel, Mitsubishi, Thomson.

10 avr 2000
02m 07s
 Le laboratoire océanographique de Concarneau

Le laboratoire océanographique de Concarneau

En 1856, MM. Coste et Guillou fondent à Concarneau le laboratoire de biologie marine. Ce laboratoire est le plus ancien d'Europe. Il accueille des chercheurs en océanographie, en biologie des pêches, en biochimie et en biologie cellulaire.

16 sep 1970
04m 40s

Un succès ?

Succès ou échec de cette politique industrielle ? la réponse se situe dans l'entre deux. Certains feront remarquer que si l'économie bretonne a réalisé d'assez bonnes performances, ces dernières se traduisent parfois mal en emplois puisque à l'aube du XXIe siècle seul 30% de la population active exerce dans le secteur industriel, ce qui reste peu à l'échelle nationale. Mais on peut également rétorquer qu'entre 1989 et 2000, 19 600 emplois industriels ont été créés, les effectifs croissant de 10% quand la France tend à se désindustrialiser. Toutefois la construction navale, aéronautique et ferroviaire a perdu des emplois entre 1998 et 2004 et depuis cette dernière date, l'emploi industriel recule (-5,5%). Ajoutons à ces industries en crise précédemment nommées celles de l'automobile et des biens d'équipement. Depuis 2005, la filière automobile qui occupe près de 25000 emplois souffre fortement de la crise et de nombreuses entreprises dont l'usine Citroën (désormais PSA Peugeot Citroën, suite à son absorption par Peugeot en mai 1976) ont recours au chômage partiel voire au licenciement malgré des restructurations à la chaîne. Les sous-traitants en subissent le contre-coup, comme l'équipementier automobile Barre-Thomas ou la Société Bretonne de Fonderie mécanique de Caudan qui, travaillant essentiellement pour l'industrie automobile, ont déposé le bilan fin 2008. De plus l'emploi recule dans l'industrie des composants électroniques : ainsi, l'entreprise Jabil Circuit de Brest qui employait 700 ouvriers en 2002 n'en a plus que 300 fin 2008 et elle annonce un nouveau plan social.

Les secteurs qui connaissent un regain d'emplois ne sont plus les services productifs mais plutôt ceux du service à l'entreprise (nettoyage, gardiennage mais aussi conseil et informatique) : plus de 32 000 emplois créés depuis 2000. Actuellement les principaux secteurs d'activité des 2 169 industries qui emploient fin 2006 environ 195 000 employés sont l'industrie de la viande (21%), l'industrie alimentaire (9%), l'automobile (7%), la construction navale (4%) et la plasturgie (4%). Les IAA demeurent donc le pilier de l'industrie régionale. Exposées à la concurrence internationale, elles connaissent cependant des restructurations (fermeture fin 2008 de l'entreprise Doux à Locminé et Pleucadeuc - 500 emplois) et cherchent à se diversifier.

C'est l'objectif poursuivi par le pôle de compétitivité " Valorial-l'aliment de demain " basé à Rennes. Depuis 2006 les pôles de compétitivité – citons le pôle Mer, le pôle Images et Réseaux, le pôle automobile haut de gamme - résultant du dispositif de soutien de l'Etat, des collectivités locales et de l'Europe, présentent des projets qui, grâce à des réseaux de partenariat tissés entre la recherche, la formation et l'entreprise, ont vocation à placer l'économie bretonne au niveau international.

 Le pôle de compétitivité mer

Le pôle de compétitivité mer

La Bretagne souhaite valoriser les secteurs forts de son économie, en fédérant la recherche, la formation et les entreprises dans des pôles de compétitivité. Un pôle mer est ainsi à l'étude, offrant des débouchés aux recherches de l'Ifremer.

21 juin 2005
02m 05s

Les mutations démographiques

On ne peut certes pas concevoir les mutations démographiques comme dépendant entièrement de l'évolution industrielle de la Bretagne. Mais elles ne sont cependant pas sans rapport. Nous proposons d'en voir trois aspects : la polarisation des villes et la disparité régionale, la figure de l'ouvrier-paysan et celle de la femme salariée.

La polarisation des grandes villes

La croissance économique voulue dans les années 50 est allée de pair avec les projets de métropolisation. La Métropole étant entendue comme un espace urbain concentrant une population forte qui possède des fonctions d'encadrement économique et politique inaluençant l'ensemble des activités. Rennes en est la meilleure illustration puisqu'en une génération elle passe du statut de petite ville tertiaire à celui de grande ville française.

Population de la ville de Rennes 

  • 1946 : 113 781 habitants
  • 1954 : 124 122 habitants
  • 1962 : 151 948 habitants
  • 1968 : 180 943 habitants
  • 1982 : 194 656 habitants
  • 1999 : 206 229 habitants
  • 2006 : 209 613 habitants

Cette forte expansion, en partie due à l'implantation des industries, implique une politique d'urbanisation. Elle sera lancée par le maire H. Fréville, membre du CELIB, qui veut " construire le Rennes du XXIe siècle ". Les premiers chantiers commencent en 1954. Ce sera d'abord les quartiers périphériques de Rennes, habités par des ruraux qui quittent les campagnes : la cité d'urgence de Cleunay (1953-54) puis les ensemble HLM du nord (Maurepas), la ZUP de Villejean (1960).

 Le quartier de Cleunay à Rennes

Le quartier de Cleunay à Rennes

Cité d'urgence créée en 1954 pour loger les plus démunis, le quartier de Cleunay à Rennes a mauvaise réputation. Ses habitants apprécient différemment leur logement et le voisinage. Un collectif s'est cependant créé pour préserver le quartier.

05 nov 1981
10m 24s

Puis de nouveaux quartiers apparaissent : le Colombier, implanté sur une ancienne caserne, la ZUP sud (1967-76). Lorsqu'en 1967, le campus de Rennes est implanté sur le site de Beaulieu , la création d'une zone à vocation scientifique est décidée à Cesson, commune jouxtant Rennes.

 L'industrialisation rennaise

L'industrialisation rennaise

En une génération Rennes a comblé son retard en matière industriel. Henri Fréville revient sur cette industrialisation. L'Etat et la municipalité ont participé au développement de la ville tant au point de vue industriel qu'universitaire.

04 jan 1974
02m 40s
 L'Arsenal de Rennes

L'Arsenal de Rennes

L'ARS, Atelier de construction de Rennes, appartient au groupement industriel des armements terrestres. Il s'est spécialisé dans la déformation à froid, plus particulièrement la production de douilles d'artillerie. Il fournit l'armée et le civil.

27 oct 1972
06m 24s
 Le Colombier, nouveau centre ville de Rennes

Le Colombier, nouveau centre ville de Rennes

La municipalité de Rennes, sous l'impulsion d'Henri Fréville, a lancé la rénovation urbaine de la ville. L'enjeu est de doter Rennes d'un nouveau centre ville moderne à l'emplacement de la caserne du Colombier et du quartier de la rue de Nantes.

06 déc 1972
05m 56s

L'arrivée de Citroën est à resituer dans ce contexte. Il s'agit d'une industrialisation voulue, que la municipalité va soutenir au maximum. 150 hectares d'un seul tenant situés à Chartres de Bretagne, à 10 km de Rennes, vont être vendus à Citroën pour y construire des ateliers. Rennes soutient le projet car bien que l'usine ne soit pas construite sur son territoire elle y voit une opportunité pour son développement. Les premiers logements sont construits en 1962 et ils contribuèrent à dynamiser le BTP. Dès le début des années 60, les réseaux de communication furent aussi l'objet de travaux importants. L'arrivée de Citroën, qui veut être en connexion avec le reste de la France, occasionna les travaux de la rocade sud, les premiers kilomètres des voies ferrées de la zone industrielle de Lorient. Les communes périphériques, rurales jusqu'alors, changent de visage. Chartres de Bretagne et Bruz en sont les exemples les plus significatifs.

Evolution démographique Chartres de Bretagne

1946 : 895 habitants

1954 : 1 005 habitants

1962 : 1 770 habitants

1975 : 3 100 habitants

1982 : 4 869 habitants

1999 : 6 467 habitants

En 1956, Chartres compte une dizaine de fermes dont une partie seront expropriées pour Citroën. Rapidement la commune s'équipe : dès 1958, des réseaux d'égout et d'adduction d'eau sont construits et les lotissements se généralisent à partir de 1965. Les petits commerces disparaissent alors qu'en 1974 est implanté le premier centre commercial.

Ce développement touche Rennes et les communes annexes réunies en district en 1970. Il ne rebondit toutefois pas vers les périphéries plus lointaines, ce qui montre bien la difficulté à impulser un développement régional susceptible d'impliquer des villes moyennes telles que Loudéac et Vannes. Si Brest, Lorient et St Brieuc ont connu une véritable croissance à partir des années 70, les villes moyennes de l'Ouest et plus particulièrement celles de l'intérieur ont peu participé à l'expansion, même si des efforts ont été faits, comme à la Gacilly par exemple, pour implanter des activités locales.

Actuellement, la part la plus élevée des actifs potentiels se situe dans les pays de Brest et de Rennes. Et l'arc Vannes-Auray - donc le Sud-Bretagne - montre une croissance continue. Les projections réalisées pour 2030 signalent donc un développement de la côte Est aux dépens du Pays de Brest, du Centre et de la côte Nord.

 Vannes

Vannes

D'une image de ville tranquille, Vannes se transforme en ville dynamique. Sa proximité avec le Golfe du Morbihan attire une population souvent jeune, qui s'intéresse notamment à l'activité économique liée aux nouvelles technologies.

13 avr 2001
04m 06s

L'ouvrier-paysan

La figure de l'ouvrier-paysan n'est certes pas propre au XXe siècle mais elle s'impose en Bretagne après la guerre. L'employé de Citroën-la Janais en est sans doute le symbole le plus fort. Au début des années 60, 12 000 paysans du bassin de Rennes et de l'est du Morbihan vont embaucher à l'usine. Souvent nés dans des exploitations de moins de 20 hectares, ils partent tous les jours dans les cars de ramassage affrétés par l'entreprise. Profitant de l'organisation du travail industriel (les " trois huit "), ils tentent pendant plusieurs années de garder un pied dans les deux mondes, devenant les témoins de la mutation de la Bretagne. Cette organisation ne dure généralement qu'un temps : les ouvriers-paysans abandonnent à terme leurs exploitations, rachetées par d'autres - paysans cette fois - qui se doivent d'agrandir leur ferme pour les moderniser.

Tout le monde semble y trouver son compte : le nouvel ouvrier car il touche un salaire relativement élevé pour la région bretonne (mais faible pour la moyenne nationale) et l'organisation du temps de travail en équipe, considérée comme déstabilisante par les ouvriers traditionnels, qui laisse pour l'exploitant ou le fils d'exploitant une demi journée de libre pour le travail à la ferme. Quant à la Direction de Citroën, elle a trouvé une main d'œuvre docile, d'autant moins syndiquée qu'elle vit toujours en habitat dispersé dans les fermes... mode d'habitat privilégiée par l'entreprise qui, dans les années 60, ne souhaite pas une péri-urbanisation avec de grands ensembles, dans la banlieue rennaise.

 Citroën, les Ouvriers - Paysans

Citroën, les Ouvriers - Paysans

Dans les années 60, l'arrivée de Citroën à Rennes offre des débouchés à une population travaillant traditionnellement dans l'agriculture. Main d'œuvre de qualité, ces ouvriers cumulent parfois travail à l'usine et activités agricoles.

06 jan 1977
13m 08s

Femmes salariées

Témoignage d'une ouvrière travaillant dans une conserverie de poissons 1/2

Témoignage d'une ouvrière travaillant dans une conserverie de poissons 1/2

Gabrielle travaille dans une conserverie de poissons : des sardines et des maquereaux. Elle évoque l'origine du poisson, son travail et les différentes étapes de la chaîne.

20 fév 1998
02m 48s

Autre conséquence de la décentralisation : l'arrivée des femmes à l'usine. Certes, les bretonnes de la côte fournissaient traditionnellement la main-d'œuvre des conserveries et nous avons tous en tête les sardinières en lutte de Douarnenez, mais leur place traditionnelle était surtout dans les fermes où elles servaient de petites mains aux attributions mal définies. La présence d'une main d'œuvre féminine rendue disponible par la mécanisation des fermes est un des avantages que la Bretagne offre aux entreprises dans les années 60-70 ; les industries de l'électronique ou du vêtement en feront des OS.

 Témoignage de Jeannette Bodou

Témoignage de Jeannette Bodou

Jeannette Bodou, ouvrière à la manufacture de tabac de Morlaix, évoque son travail et sa condition d'ouvrière.

08 mar 1982
03m 23s

Actuellement, le salariat breton est plus féminisé que celui des autres régions françaises, les femmes occupant 1/3 des emplois (25% en France), taux important qui contribue au faible niveau du salaire moyen (14,8 euros en moyenne pour 16,3 euros en province). En 2007, 33% de ces salariées travaillent dans l'industrie ; 11,5% des ouvriers non qualifiés, 6,8 % des OS, et 5,5% des créateurs d'entreprises industrielles sont des femmes. En 2008, 85% des femmes salariées sont employées dans le tertiaire pour seulement 61% des hommes.

Conclusion : Un modèle breton ?

Y a t-il eu un modèle industriel breton, comme il y a eu un modèle agricole breton ? Oui, si l'on en croit le géographe et homme politique Michel Philipponneau. En 1993, il écrit un ouvrage intitulé Le modèle industriel breton, 1950-2000, qui fait pendant à l'analyse de l'économie bretonne proposée en 1970 dans Debout Bretagne . Selon lui, deux traits caractérisent le modèle construit dans les années 50-80.

Le premier trait serait le caractère géographiquement éclaté puisque beaucoup de petites villes, voire de gros bourgs, tels que La Gacilly (produits de beauté de Yves Rocher) hébergent des industries. Le Plan Breton prévoyait l'industrialisation de 39 bourgs ou agglomérations afin de maintenir leur vitalité et donc l'équilibre régional, et se trouvait donc en opposition aux idées que développait alors la direction de l'Aménagement du Territoire. Rappelons le choix de neuf zones pouvant recevoir des subventions qu'avait définies le gouvernement au milieu des années 50.

Malgré des difficultés, l'industrialisation de la Bretagne s'est faite dans une structure géographique originale grâce à un type de localisation qui a permis de satisfaire une forte revendication de la population, celle de " vivre au pays " et de limiter ainsi la zone de désertification des campagnes.

 Yves Rocher à la Gacilly

Yves Rocher à la Gacilly

Yves Rocher, chef d'entreprise et maire de La Gacilly dans le Morbihan, fait prospérer son village natal grâce à son industrie cosmétique. Apprécié de ses administrés, son succès lui vaut cependant quelques critiques.

26 juil 1978
05m 14s

Le deuxième trait serait le volontarisme régional, souci exprimé d'abord au sein du CELIB mais répété durant toute la période.

Mais les films que nous avons visionné montrent que malgré ces efforts, les oppositions Est/Ouest, grandes agglomérations/petites villes demeurent depuis 1950. A l'exception de la zone côtière des Côtes-d'Armor, les activités industrielles sont implantées à Rennes, Brest et de façon moindre à St-Brieuc, Vannes et Quimper (plus Nantes et Saint-Nazaire si l'on compte 5 départements). Mis à part quelques implantations ponctuelles et qui sont liées le plus souvent à l'agro-alimentaire, la Bretagne centrale a toujours été un quasi désert industriel, et de nombreuses villes moyennes semblent peu attractives : Carhaix et Fougères, par exemple, font partie des 20% des zones d'emploi françaises les moins attractives et elles accueillent peu de créations d'entreprises.

Et remarquons que, malgré le développement de la Recherche et du secteur Formation, (l'enseignement est le premier poste budgétaire) l'exode des jeunes formés par la Bretagne continue. La région a perdu 40 000 jeunes entre 1990 et 1999 et cette tendance ne diminue pas, même si elle semble ralentir (entre 2000 et 2005, exode de 8 285 chez les 20-29 ans). 20% des 16-25 ans doivent donc partir pour trouver un emploi et un salaire proche de la moyenne nationale puisque la moyenne des salaires bretons demeure basse. La conservation de la jeunesse sera un des enjeux du futur développement breton.

En fait, à l'heure du bilan, les avis sont partagés. Georges Minois, historien, qui a publié en 1992 Une nouvelle histoire de la Bretagne, fait part lui aussi de l'inégalité régionale et de la fragilité de l'équipement en rappelant que si la région Bretagne représentait après la guerre 2% de l'emploi national du secteur secondaire et de la valeur ajoutée industrielle, le pourcentage n'est que de 3,7 en 1992 : certes il y a doublement du chiffre mais il reste modeste puisque dans les secteurs dit de pointe tel que l'électronique, les chiffres demeurent faibles : les emplois de l'électronique n'y représentaient que 4,80% du total pour 5,20 en France en 1990. Les chiffres donnés par la revue Octant en juin 2006 confirment une certaine fragilité :

  • absence de la Bretagne dans les secteurs créateurs de forte valeur ajoutée (l'industrie pharmaceutiques, le raffinage de pétrole) et son poids dans l'industrie de produits alimentaires peu élaborés...
  • forte productivité du capital : la plus élevée de toutes les régions françaises. Ce haut niveau de productivité du capital est certes lié à la présence des IAA qui ne nécessitent pas de forts investissements mais il peut aussi révéler un vieillissement de l'appareil productif qui ne devrait pas être sans conséquence dans les années à venir.

En conclusion, Georges Minois a situé l'avenir de la Bretagne dans l'élévation du niveau de formation de la jeunesse à condition que des emplois de haut niveau rétribués au niveau de la moyenne nationale soient proposés.

Jean Ollivro, autre géographe rennais, semble également inquiet sur le développement futur de la région qu'il appelle à " descendre de son nuage ", rappelant que l'aide parisienne se raréfie, que la population vieillit, et que le déséquilibre entre les différents " pays " s'accentue.

Quel sera l'essor industriel de la Bretagne au XXIe siècle ?

Il apparaît plus ou moins prometteur, selon les analystes, mais tous rappellent la nécessité de maintenir une politique régionale forte qui seule pourra mener un plan cohérent permettant de faire face aux importantes déstructurations d'activités à venir tout en ne laissant pas de côté les zones rurales du centre au profit de l'Est mieux relié à Paris.

C'est cet espoir que porte également la revue Bretagne (juin 2008) dans le numéro spécial consacré à l'économie bretonne en 2030. Le volontarisme régional est plus que jamais d'actualité, mais quel sera le cadre de l'action ? La région à quatre départements ou une nouvelle, plus grande et plus forte, que Jean Ollivro et l'UDB appellent de leur vœux, et qui impliquerait la réunification de la Bretagne dans le cadre d'un rééquilibrage des territoires de l'Ouest de la France ?

 La décentralisation selon Jean Ollivro

La décentralisation selon Jean Ollivro

Géographe et universitaire, Jean Ollivro évoque la question de la décentralisation. Malgré des réformes, Jean Ollivro estime que le système est lourd et doit être simplifié, notamment en créant des régions puissantes et en les limitant au nombre de quatorze.

26 mar 2007
06m 21s

Bibliographie

Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Ouest-France université, 1989.

Georges Minois, Une nouvelle histoire de la Bretagne, Fayard, 1992.

Jean Ollivro, Joseph Martray, La Bretagne réunifiée, une véritable région européenne ouverte sur le monde, Les portes du large, 2001.

Jean Ollivro, 150 ans d'évolution démographique, PUR, 2005.

Jérôme Cucarull, Histoire économique et sociale de la Bretagne, Les universels Gisserot, 2003.

Michel Philiponneau, Le modèle industriel breton 1950-2000 PUR, 1994.

" Bretagne en 2030 ", Bretagne[s], avril 2008.

Revue Octant (revue de l'INSEE Bretagne).