Parcours thématique

BREIZ O VEVA, premier miroir de la Bretagne bretonnante (1971-1982)

Mathieu Herry - Kalanna

Introduction

Consulter ce parcours en version bretonne

Dès la première émission, le 7 janvier 1971, l'équipe de Breiz o Veva est allée vers les bretonnants, dans une région en plein changement. On comprend que ces hommes et ces femmes découvrent les métiers de la télévision au fur et à mesure de leurs émissions.

Petit à petit,cette équipe mène un travail proche de l'ethnologie, surtout dans les premiers mois, avant de suivre des voies qui se rapprochent des formats nationaux francophones : de plus en plus de débats filmés sont proposés (suite à la signature, en 1977, de la charte culturelle pour la Bretagne, l'émission Triweh-ha-tri-ugent (78 en breton), consacrée aux débats en plateau, est ainsi lancée). Des films de fiction et des documentaires sont également diffusés. Dans le même temps, des réalisateurs et des présentateurs aux méthodes plus proches du journalisme d'actualité émergent. C'est ce travail, au contact de la population bretonnante de Bretagne, commencé le 7 janvier 1971, que nous vous proposons de découvrir dans ce parcours.

 <i>Breiz o veva</i> kinniget gant Chanig Ar Gall [Chanig Ar Gall présente <i>Breiz o Veva</i>]

Breiz o veva kinniget gant Chanig Ar Gall [Chanig Ar Gall présente Breiz o Veva]

Abadenn gentañ Breiz o veva, kinniget gant Chanig ar Gall. [Extrait de la première émission de la collection Breiz o veva, diffusée par la station ORTF de Rennes. Elle est présentée par Chanig Ar Gall, et les commentaires des reportages sont dit par Charlez Ar Gall.]

07 jan 1971
01m 12s

L'émission, enregistrée et diffusée au moment de Noël 1971, nous permet de faire la connaissance de Charlez et Chanig ar Gall, Fañch Broudic et de Pierre-Jakez Helias, qui accueille l'équipe de Breiz o Veva chez lui, ainsi que Visant Seite. L'équipe de Breiz o Veva est composée de personnes qui se connaissent, pour certaines, depuis l'immédiat après-guerre, et ont contribué à relancer l'association d'enseignants laïques Ar Falz . Charlez ar Gall, premier speaker en langue bretonne de la télévision régionale, a déjà gagné une certaine notoriété par sa chronique hebdomadaire d'une minute trente et par les nombreuses émissions de radio qu'il présente depuis 1959 sur les ondes de radio Quimerc'h où il a succédé à Pierre-Jakez Helias. L'équipe est donc composée de bretonnants de naissance, militants régionalistes proches d' Emgleo Breiz et de la revue Brud qui vont faire entendre le breton populaire à la télévision, au cours d'une période qui voit l'usage de la langue fortement décliner.

Nedeleg ha Kalanna e ti Per Jakez Helias [Rencontre de Noël et du premier de l'An chez Pierre Jakez Hélias]

Nedeleg ha Kalanna e ti Per Jakez Helias [Rencontre de Noël et du premier de l'An chez Pierre Jakez Hélias]

Bodet en deus Pêr-Jakez Helias en e di skipailh Breiz o veva : Charlez ha Chanig ar Gall, Fañch Broudic ha Visant Seite, evit gouelioù dibenn ar bloaz. Un digarez evit eskemm o envorennoù diwar-benn pezh a oa Nedeleg ha Kalanna da vare o bugaleaj. [L'équipe de Breiz o veva se retrouve chez Pêr-Jakez Hélias pour les fêtes de fin d'année. C'est l'occasion d'échanger leurs souvenirs d'enfance de Noël et du jour de l'an. ]

23 déc 1971
03m 55s

Les brittophones de 1971

Quand l'émission est lancée, en janvier 1971, pour un quart d'heure toutes les deux semaines, on trouve encore dans les campagnes de Basse-Bretagne, des personnes qui ne sont pas seulement brittophones de naissance mais qui sont aussi beaucoup plus à l'aise en breton qu'en français. L'équipe de Breiz o Veva verra petit à petit cette population disparaître. Ses membres seront témoins des évolutions de la région et de ses habitants.

Dès la première émission dans un GAEC de Saint-Ségal, on croise ces bretonnants, encore habitués à vivre en breton. Ils peuvent sans peine raconter leur quotidien, comme le fait Charlig Nedeleg qui roule sa cigarette tout en répondant aux questions de Fañch Broudic.

 GAEC Sant-Segal [Le GAEC de Saint-Ségal]

GAEC Sant-Segal [Le GAEC de Saint-Ségal]

Displegañ a ra Charles Nedelec mont en-dro ur GAEC (Stroll labour-douar a diekadur boutin). [Charles Nedelec, exploitant du GAEC de Saint-Ségal (Groupement des Agriculteurs pour l'Exploitation en Commun) créé à la fin des années 70, explique l'évolution des techniques et des conditions de travail survenues à la suite de ces groupements.]

07 jan 1971
02m 37s

Un an plus tard, en 1972, on voit que la langue bretonne est encore parlée à chaque niveau de l'usine Hénaff, à Pouldreuzic par les ouvriers comme par la maîtrise. Mais certains éprouvent des difficultés à évoquer en breton leur travail quotidien devant des journalistes qui ne parlent pas la langue comme on la parle chez eux.

Ar moc'h e Penn-ar-Bed [L'élevage du porc et l'industrie porcine dans le Finistère]

Ar moc'h e Penn-ar-Bed [L'élevage du porc et l'industrie porcine dans le Finistère]

E 1972 ez eus e Penn-ar-Bed, ur milion a bennoù pemoc'h... muioc'h eget a annezidi en departamant. Ur gwir industriezh eo deuet da vezañ, evel ma weler en embregerezh Henaff e Pouldreuzig. [En 1972, le Finistère engraisse un million de porcs, c'est plus que le nombre d'habitants dans le département. L'élevage et la transformation sont devenues des industries, comme en témoigne l'usine Hénaff, à Pouldreuzic.]

10 mai 1972
03m 55s

Même si cela est moins fréquent, l'équipe de Breiz o Veva n'oublie pas de se rendre dans les villes. Dans un quartier tout neuf, construit à Brest pour reloger les habitants suite aux bombardements américains de la Seconde Guerre mondiale, elle rencontre des brittophones venus travailler et vivre en ville, probablement quelques années plus tôt. Certains ont des difficultés à s'exprimer. Sans doute ne pratiquent-ils plus la langue au quotidien.

Buhez an dud er Z.U.P. e Brest II [La vie dans la ZUP de Brest II]

Buhez an dud er Z.U.P. e Brest II [La vie dans la ZUP de Brest II]

Pennadoù kaoz gant annezidi eus ar Z.U.P, karter nevez Brest-Bellevue, savet evit lojañ an dud goude distrujoù ar brezel. Klevet a reer mammoù o kaozeal eus an nebeut a lec'hioù evit ar vugale, an diaesterioù d'ober prenadennoù, gwelet a reer ivez un den en deus bevet er barakennoù hag a gav gwelloc'h an tourioù nevez. [Echanges avec les habitants d'une Z.U.P, le nouveau quartier de Brest-Bellevue, construit pour loger les habitants privés de toit par les destructions de la Deuxième Guerre mondiale. On y entend des mères de famille qui évoquent leur quotidien, des courses aux enfants, ou le témoignage d'un homme qui compare le nouveau quartier et les baraques temporaires de l'après-guerre.]

22 avr 1971
04m 36s

Le monde culturel met la langue en avant

Depuis des dizaines d'années, l'usage naturel, quotidien, du breton, chute en Basse-Bretagne. Mais au moment où la télévision régionale naissante laisse une place à la langue bretonne, une génération, qui comprend même des personnes qui ne vivent pas en Bretagne, commence à vouloir créer en breton ou en lien avec la Bretagne et les pays celtiques.

La langue parlée par Alan Stivell, par exemple, n'est pas enracinée dans un terroir local, mais il est, lui le Breton de Paris, motivé pour parler cette langue et pour créer au début des années 1970, une musique inspirée par la Bretagne mais aussi par ce qui se fait ailleurs dans le monde à cette époque.

Alan Stivell [Alan Stivell : barde breton]

Alan Stivell [Alan Stivell : barde breton]

E 1971, n'eo ket c'hoazh Alan Stivell ar soner brudet a sono en Olympia ur bloaz diwezhatoc'h. Met kontañ a ra dija da Charlez ar Gall gant petra, piv, eo bet awenet ha petra eo ar sonerezh, keltiek ha modern, a fell dezhañ kinnig. [En 1971, Alan Stivell n'est pas encore le musicien reconnu qui jouera sur la scène de l'Olympia un an plus tard. Mais il raconte déjà à Charlez ar Gall ce qui l'inspire et quelle est la musique celtique qu'il souhaite composer pour son époque.]

18 mar 1971
02m 58s

A la même époque, les chansons engagées de Glenmor font entendre la voix d'une Bretagne qui se sent délaissée et opprimée. Le barde n'a pas chanté qu'en breton, mais c'est le cas sur cet enregistrement, diffusé en 1971 dans Breiz o Veva .

Chanson Glenmor

Chanson Glenmor

Glenmor : ur ganaouenn "Groñvel" [ Interprétation de "Gronvel" par Glenmor]

19 mai 1971
02m 11s

Tout aussi révolté par l'état de la langue, de la culture et de la Bretagne plus généralement, Yann-Ber Piriou fait paraître en 1971 un recueil de poésies, au titre devenu emblématique pour le combat breton : Défense de cracher par terre et de parler breton . Il explique les raisons de ce livre à Charlez ar Gall.

Barzhonegoù Yann Ber Piriou [Poèmes de Yann Ber Piriou]

Barzhonegoù Yann Ber Piriou [Poèmes de Yann Ber Piriou]

Displegañ a ra Yann-Ber Piriou penaos en deus bet c'hoant bodañ e “Défense de cracher par terre et de parler breton”, barzhonegoù a ziskouez tro-spered ar Vretoned e penn-kentañ ar bloavezhioù 1970, etre kounnar ha spi en dazont. [Le poète Yann-Ber Piriou explique comment il a rassemblé dans "Défense de cracher par terre et de parler breton", des poèmes écrits par de nombreux auteurs et qui reflètent l'état d'esprit des Bretons au début des années 1970, entre colère et espoir dans l'avenir.]

16 mar 1972
02m 11s

Pour sauver la langue, l'énergie de la jeunesse

Les mots de Yann-Ber Piriou, assez violents, sont caractéristiques d'une période, très agitée au niveau social et politique, en France et tout particulièrement en Bretagne. Les luttes ne s'y sont pas arrêtées après les célèbres grèves de mai et juin 1968. En Bretagne, les travailleurs continuent à se défendre collectivement pendant les années qui suivent. Et ils reçoivent un soutien populaire important, à l'image des ouvriers du Joint Français ou de ceux des carrières de kaolin à Plémet. Même si cela n'a pas été le thème le plus traité dans Breiz o Veva, les manifestations et les grèves de la période sont régulièrement relatées lors des premières minutes de l'émission, souvent dédiées aux actualités. Ici, en juin 1971, Charlez Ar Gall décrit les événements de la semaine écoulée.

Sant-Brieg-Roazhon : manifestadegoù CGT ha CFDT [Saint-Brieuc- Rennes Manifestations CGT et CFDT]

Sant-Brieg-Roazhon : manifestadegoù CGT ha CFDT [Saint-Brieuc- Rennes Manifestations CGT et CFDT]

Ur sell war ar manifestadegoù aozet e Roazhon ha Sant-Brieg gant ar sindikadoù evit goulenn ma vefe kemeret divizoù ekonomikel e Breizh, evit mad al labourerien. [Un coup d'oeil sur une série de manifestations en Bretagne, à Rennes et Saint-Brieuc, organisées par les syndicats pour réclamer que des décisions économiques plus favorables aux ouvriers soient prises en Bretagne. ]

17 juin 1971
01m 22s

Mais c'est plus souvent sur les mouvements pour défendre la langue et la culture que Breiz o Veva s'attarde. L'équipe de l'émission suit ainsi une marche dans le pays de Lorient en 1971, organisées par Galv . Ce mouvement, lancé en 1969 par des organisations proches de la gauche laïque, réclamait plus de place pour le breton dans les écoles et dans les médias (télévision et radio). On note la présence sur ces images de plusieurs membres de l'équipe de Breiz o Veva, notamment Fañch Broudic, un des leaders de Galv, qui parle aux participants, mégaphone en main.

An Oriant : Kerzadenn GALV [La marche de GALV à Lorient]

An Oriant : Kerzadenn GALV [La marche de GALV à Lorient]

Heuliañ a reer manifesterien yaouank, war an hent etre Ploue hag an Oriant, o c'houlenn muioc'h a wirioù hag a blas evit ar brezhoneg, er skinwel, er skol, hag er gevredigezh dre vras. Gant « Galv », savet e 1969, e oa bet aozet aozet ar gerzhadenn-se. [On suit des jeunes manifestants, marchant entre Plouay et Lorient, pour réclamer plus de place pour la langue bretonne à la télévision, à l'école et dans la société en général. Ils répondaient à l'appel de l'organisation Galv, créée en 1969. ]

03 juin 1971
01m 43s

Dans ces mouvements, comme Galv ou Skol an Emsav, lancé en 1969 à Rennes, on trouve surtout des jeunes, inquiets pour l'avenir de la langue, que certains d'entre eux ont entendu à la maison et qu'ils voient reculer peu à peu.

Bien sûr, quand ces jeunes bretonnants passent l'épreuve facultative de breton au bac, ils cherchent à glaner quelques points pour obtenir leur examen mais ils expriment aussi leur désir de voir la langue se perpétuer.

Hor yez o kreskiñ : ar brezoneg er bak [Le breton au bac]

Hor yez o kreskiñ : ar brezoneg er bak [Le breton au bac]

E trepas ul lise e Brest e komzer gant liseidi yaouank eus bro Leon, eus o implij eus ar brezhoneg bemdez hag eus ar c'hentelioù a heuliont el lise. [Dans le couloir d'un lycée brestois, de jeunes Léonards patientent avant leur épreuve orale de breton au baccalauréat, et expliquent leur rapport à la langue et les cours qu'ils suivent au lycée. ]

01 juil 1971
04m 24s

Les jeunes bretons qui veulent donner un nouvel élan à leur langue se retrouvent dans des centres culturels comme ici au foyer du Pays Pagan, à Plounéour-Trez. On peut y danser, y chanter, y suivre des cours de breton mais aussi y échanger sur les problèmes sociaux et culturels de la Bretagne.

Oaled ar Vro-Bagan [Le foyer culturel du pays Pagan]

Oaled ar Vro-Bagan [Le foyer culturel du pays Pagan]

Ur strollad tud yaouank eus aodoù bro Leon en em gav asambles, en-dro d'ar brezhoneg, da sevenadur ar vro ha da c'houlennoù o rummad-oad. [Des jeunes gens de la côte du Léon se retrouvent autour de la langue bretonne, de la culture et des préoccupations de leur génération.]

23 mai 1973
04m 30s

Nombreux sont ceux qui participent aussi à des stages, notamment l'été, pour vivre ensemble, en breton, et surtout pour rencontrer les paysans locaux et travailler avec ceux qui utilisent encore la langue au quotidien. Breiz o Veva a filmé l'un de ces stages, à Spézet, au cours de l'été 1974.

Al leur nevez e Menez kamm [Stage bretonnant à Menez Kamm]

Al leur nevez e Menez kamm [Stage bretonnant à Menez Kamm]

Er bloavezhioù 70 muioc'h mui a dud yaouank a fell dezho deskiñ brezhoneg, ur yezh n'eo ket bet treuzkaset dezho gant o zud. Rak war ar maez e Breiz Izel tro ar bloavezhioù 50 eo kroget an holl vrezhonegerien da sevel o bugale e galleg. [Dans les années 70 de plus en plus de jeunes désirent apprendre le breton, une langue qui ne leur a pas été transmise par leurs parents. Car depuis les années 50, en Basse Bretagne tous les bretonnants ont commencé à élever leurs enfants en français.]

10 aoû 1972
05m 04s

Maintenir un lien avec la culture populaire

Une partie des militants pour la langue bretonne est alors consciente qu'il ne faut pas couper la langue qu'ils parlent et qu'ils ont pour la plupart apprise, de celle que l'on entend encore dans les campagnes. Ils sont nombreux, seuls ou regroupés au sein de l'association Dastum, formée en 1972, à aller frapper aux portes des bretonnants de naissance, un magnétophone dans le sac.

Avant d'être connu pour sa voix, Yann-Fañch Kemener a par exemple collecté sans relâche, et nourri ainsi son breton et son répertoire chanté.

 klasker tonioù kozh [collecteur de chansons traditionnelles]

klasker tonioù kozh [collecteur de chansons traditionnelles]

Yann-Fañch Kemener, kaner yaouank, a zastum kanoù ha kontadennoù digant ar re gozh. [Jean-François Quemener, jeune chanteur breton plus connu aujourd'hui sous le nom de Yann-Fañch Kemener, recueille auprès des vieux chanteurs et conteurs de Bretagne tout un héritage culturel de tradition orale].

04 mar 1978
04m 57s

Ces jeunes quêteurs de la culture orale se rendent souvent chez les mêmes personnes qui sont connues pour parler aisément, avoir des histoires à raconter ou une langue plus riche. Ils sont ainsi nombreux à pousser la porte de la ferme d'Anjela Duval. Peut-être trop, car comme elle l'avoue à Breiz o Veva, elle ne comprend pas toujours ce qu'ils attendent d'elle.

 Evit kejañ gant Anjela Duval [Rencontre avec Anjela Duval]

Evit kejañ gant Anjela Duval [Rencontre avec Anjela Duval]

Pennad-kaoz gant Anjela Duval diwar he buhez hag he oberenn. Abaoe m'eo tremenet en un abadenn skinwel e teu ur bern tud d'he gwelet.[Rencontre avec Anjela Duval, grande poétesse bretonne. Après son passage à l'émission "Les Conteurs" en 1971, beaucoup de gens lui écrivent ou lui rendent visite, ce qui lui plaît mais lui prend tout son temps. Poème "E-tal an tan", Auprès du feu.]

19 oct 1972
02m 12s

Sur le terrain musical, un important travail de collectage est également mené. Des couples de sonneurs vont de ferme en ferme pour apprendre les techniques de la bombarde ou du biniou kozh. Des groupes de chanteurs ont la même démarche, tout particulièrement dans la région de Vannes où la tradition est restée très vivante. Dans le pays d'Hennebont le groupe Dir ha Tan anime de nombreux fest-noz. Le voici, filmé en 1973 pour la télévision.

Dir Ha Tan [Le groupe vannetais Dir Ha Tan]

Dir Ha Tan [Le groupe vannetais Dir Ha Tan]

Gant o gitaroù ha binvioù-all ha doareoù da ganañ deuet eus ar folk song e ijin ar strollad Dir ha Tan ur sonerezh eus e mare, met sanket don e gwrizioù en hengoun. [Avec des guitares et d'autres instruments de la musique folk, les jeunes Morbihannais de Dir ha Tan inventent une musique ancrée dans la tradition, mais très contemporaine.]

11 avr 1973
03m 41s

Dans les années 70 la Bretagne reste une région très catholique. Mais après le concile de Vatican II de grands changements traversent l'Eglise qui ressent aussi un peu les effets de la nouvelle vague celtique. Puisque les messes en langue vulgaire sont maintenant autorisées, des chrétiens se réunissent dès le début des années 1970, pour mettre au point des messes où liturgie et cantiques seront en breton et non plus en latin.

Al liderezh nevez e Breiz [Rénovation liturgique après Vatican II]

Al liderezh nevez e Breiz [Rénovation liturgique après Vatican II]

Digoret e oa bet an nor d'an oferennoù e brezhoneg gant sened-iliz Vatican II, e 1963. Dek vloaz war-lerc'h e klaske beleien Breizh penaos sevel seurt oferennoù. [L'abandon de la messe en latin lors du concile de Vatican 2, en 1963, a ouvert la voie aux messes en breton. Dix ans plus tard, des prêtres se réunissent pour imaginer ces cérémonies.]

25 avr 1973
03m 32s

Regards sur un pays en plein changement : La fin d'un monde...

L'équipe de Breiz o Veva a donc été témoin des grands changements qui ont touché la Bretagne et le monde bretonnant, dès 1971.

Pour faire comprendre ces changements profonds, l'émission alterne les interviews des représentants du vieux monde et de ceux qui s'intègrent dans la modernité. Ainsi, quand les problèmes des producteurs de lait en 1972 sont évoqués, on entend d'abord une femme qui vient toujours vendre ses quelques mottes de beurre au marché, qui parle à la caméra comme elle répondrait à un client, avant de rencontrer deux producteurs qui ont récemment modernisé et agrandi leur exploitation.

Al laezh e Breizh [La production et la transformation du lait]

Al laezh e Breizh [La production et la transformation du lait]

Ur beizantez o werzhañ amann war ar marc'had ha daou saver saout, tad ha mab, o kontañ ar cheñchamantoù 'zo bet en o ziegezh evit modernaaat : meur a zoare a zo da broduiñ laezh e Breizh e 1972, un nebeut mizioù a-raok brezel al laezh. [De la paysanne qui vend son beurre sur les marchés à l'exploitation familiale – père et fils – qui a modernisé son installation pour produire plus de lait, un aperçu de la production laitière en Bretagne, quelques mois avant la grève des livraisons, la célèbre guerre du lait menée dans l'Ouest pour obtenir de meilleurs prix. ]

06 jan 1972
04m 48s

Souvent les journalistes de Breiz o Veva semblent osciller entre deux sentiments : la nostalgie d'un temps qu'ils ont connu et semble révolu et l'espoir dans l'avenir, quand ils montrent, dans leurs reportages, des jeunes gens motivés . Mais quand il s'agit de tourner la première oeuvre de fiction en breton, le scénario choisi présente une vision assez sombre de l'avenir de la langue. Les Vingt-huit francs, une nouvelle écrite par Pierre-Jakez Helias, est adaptée à l'écran avec des acteurs non professionnels pour la plupart, et diffusée le 13 avril 1972. Hélias qui quelques années plus tôt militait activement pour la langue bretonne, semble maintenant résigné à sa mort prochaine et demande qu'on laisse en paix ses derniers locuteurs représentés ici par les habitants de Keribilbeuz qu'on voit ici dans une scène à l'école communale. C'est la position qu'il reprendra quelques années plus tard dans les dernières pages de son best-seller Le Cheval d'orgueil, ce qui déplaira beaucoup aux jeunes militants de l'époque.

An eiz lur warn-ugent [Les vingt-huit francs]

An eiz lur warn-ugent [Les vingt-huit francs]

Bez'zo eus An eiz lur warn'ugent ar film faltazi kentañ da vezañ bet savet evit ar skinwel gant FR3. E 1977 eo bet filmet gant ar sevener André de Beaumont, diwar ur skrid gant Pêr-Jakez Helias. An aktourien ne oant ket a-vicher war bouez unan, Sebastien Keran a oa bet komedian er CDO (Comédie de l'Ouest). [Les vingt huit francs est la première fiction télévisée en breton. Cette dramatique a été réalisée en 1977 par André de Beaumont, sur un scénario de Pêr-Jakez Helias. Les acteurs n'étaient pas professionnels à l'exception de Sébastien Quéran, comédien à la CDO (Comédie de l'Ouest)]

13 avr 1972
03m 52s

Mais d'autres voix plus jeunes se font aussi entendre à Breiz o veva . Pierre le Flao, un réalisateur bretonnant, signe de nombreux documentaires engagés sur des sujets sociaux et à la forme souvent novatrice . Dans ce reportage où sont évoqués les chantiers de construction des nouvelles routes dans le Finistère, en 1974, il donne plus la parole à ceux qui regrettent la destruction de la nature et des paysages qu'aux partisans du progrès à tout prix.

An henchoù e Breizh [Les voies express en Bretagne]

An henchoù e Breizh [Les voies express en Bretagne]

Gant an hentoù nevez savet evit tostaat Breizh eus peurrest bro C'hall eo bet kemmet boazioù an dud ha neuz ar maezioù. [Les nouvelles routes construites pour désenclaver la Bretagne ont modifié la vie des lieux traversés et bouleversé les paysages.]

15 juin 1974
05m 28s

La naissance d'une Bretagne moderne et fière de son identité

La fin des années 70 sera marquée par les premiers combats écologiques suscités par le développement de l'agriculture industrielle, le remembrement, le développement du nucléaire et les catastrophes environnementales comme l' Amoco Cadiz . Les réalisateurs de Breiz o Veva sauront être sensibles aux initiatives de certains jeunes paysans qui expérimentent une nouvelle façon de produire, comme le montre cette interview de Goulven Thomin qui explique à Marie Kermarec dans un breton clair et précis pourquoi il a choisi la voie de l'agriculture biologique.

Al labour-douar biologik [La culture biologique]

Al labour-douar biologik [La culture biologique]

Mont a ra doareoù al labour-douar biolojik, war ziorroiñ e Breizh, a-enep krenn da voazioù modern al labour-douar. [Les méthodes de l'agriculture biologique, minoritaire mais en développement, vont à l'encontre des réalités de l'agriculture moderne et productiviste.]

17 mar 1979
03m 52s

Marie Kermarec sera avec Pierre le Flao la première réalisatrice brittophone des émissions de FR3.

Ayant débuté à la radio en 1971, elle sera ensuite présentatrice et productrice artistique de Breiz o Veva avant de devenir pendant près de trente ans réalisatrice de nombreux documentaires et fictions. C'est elle qui réalise le premier reportage sur l'école maternelle Diwan de Lampaul-Ploudalmezau, à l'automne 1978, un an après la création de l'association dont l'ambition est déjà de proposer un cursus scolaire complet et gratuit en breton, de la maternelle à l'université. On découvre ici les tout premiers élèves et leur enseignant Denez Abernot.

 Diwan : skolioù-mamm e brezhoneg [Diwan : des écoles maternelles en breton]

Diwan : skolioù-mamm e brezhoneg [Diwan : des écoles maternelles en breton]

Emgav er skol Diwan gentañ, e Gwitalmeze, evit lidañ deiz-ha-bloaz Yann. [Depuis un an, les écoles maternelles en breton créées par l'association Diwan fleurissent un peu partout en Bretagne. Reportage à Lampaul-Ploudalmezeau, la toute première école du genre, à l'heure du goûter d'anniversaire de Yann.]

23 sep 1978
02m 24s

Pendant cette période, Breiz o Veva a également mis en valeur la création en langue bretonne. A l'occasion de l'émission des fêtes de fin d'année 1978, Storlok, un groupe de jeunes léonards est invité pour jouer ses morceaux de blues et de rock. Leurs textes parlent en breton des problèmes du moment comme la lutte contre la centrale nucléaire de Plogoff ou l'industrialisation de l'agriculture. Le groupe se sépare peu après mais reste une référence pour de nombreux bretonnants, et un symbole de cette époque bouillonnante.

Chanson Storlok

Chanson Storlok

Le groupe Storlok interprète "Gwerz marv Jorj Jackson" extrait de son unique album "Stok ha Stok ".

30 déc 1978
02m 49s

Mathieu Herry- Kalanna