L'urbanisme à Creil

01 juin 1978
05m 01s
Réf. 00505

Notice

Résumé :

Reportage à Creil, une ville en pleine expansion. Deux opérations d'urbanisme sont en cours : la rénovation du centre ville avec l'église classée Saint-Médard qui a été intégrée dans le nouveau quartier, et la ZAC du Moulin sur le plateau de Creil. Mise en œuvre par l'Office de HLM, Celle-ci bénéficie d'une architecture innovante et de décorations réalisées par des artistes. L'un d'eux témoigne sur les réactions des habitants à propos de son travail de sculpture.

Date de diffusion :
01 juin 1978
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Éclairage

Marquée par une croissance urbaine enclenchée par l'arrivée du chemin de fer, qui a elle-même rendu possible l'industrialisation de la région, l'agglomération de Creil possède une structure urbaine double laissant apparaître une ville basse et une ville haute.

La croissance urbaine creilloise s'est effectuée par cycles : chemin de fer, reconstruction au début des années 1950, puis rapide urbanisation du plateau du Rouher entre 1954 et 1962 qui disposait de vastes terrains plans facilement urbanisables, rénovation du centre-ville à partir de la seconde moitié des années 1960 et enfin aménagement de la zone d'aménagement concerté ZAC du Moulin. La distinction entre ville haute et ville basse a commencé à se manifester à partir du début des années 1960, du fait de l'importance des extensions urbaines sur le plateau et de la topographie qui a contribué à renforcer cette séparation entre les deux "Creil". Le reportage évoque précisément ce dernier grand cycle d'extension urbaine de la ville, localisé dans le secteur nord des hauts de Creil, avec la mise en chantier de la ZAC du Moulin. Lancée en 1975, elle correspond à la dernière grande opération de développement urbain.

La ZAC du Moulin a été conçue comme un moyen de relier les quartiers déjà urbanisés du plateau au centre-ville ; elle offre, de plus, une plus grande diversité des formes et des couleurs des bâtiments que les grands ensembles ou les ZUP précédemment réalisées à Creil et dans la plupart des villes françaises à la même époque. Enfin, là encore pour se différencier des précédentes opérations d'aménagement, des artistes sont intervenus dans les espaces publics de la ZAC. Le reportage met abondamment en scène ces interventions artistiques et ces espaces publics en filmant les pratiques sportives ou ludiques des habitants, et plus particulièrement celles des enfants.

Si, le quartier du Rouher fait à partir de 1982 l'objet de plusieurs dispositifs et de différents programmes mis en œuvre dans le cadre de la politique de la ville, tel n'est pas le cas de la ZAC du Moulin. Aujourd'hui encore, la géographie prioritaire de la politique de la ville, telle qu'elle se déploie aujourd'hui dans l'agglomération creilloise, le classe le "Plateau Rouher", depuis 1996, à la fois parmi les 416 Zones de Redynamisation Urbaine (ZRU), définies parmi les 751 en Zones Urbaines Sensibles (ZUS) (1), et parmi les 44 premières Zones Franches Urbaines (ZFU) (2). La ZAC du Moulin, en revanche, est seulement inscrite dans le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) de la Communauté de l'Agglomération Creilloise mis en place en 2007.

Le reportage évoque également les transformations du centre-ville de Creil. Celui-ci a été touché par un processus de rénovation urbaine qui s'est déroulé parallèlement à la dernière phase d'extension urbaine ; les deux processus sont d'ailleurs fortement intriqués l'un à l'autre. En 1966, la municipalité de Creil décida de mener à bien des études d'urbanisme concernant ce qu'elle appelait la "reconquête" du centre-ville, destinée à lutter contre la paupérisation du centre. Il s'agissait alors à la fois de renforcer la centralité de la ville et de trouver des solutions au problème de l'habitat insalubre, tout en mettant en valeur le patrimoine historique – l'église Saint-Médard –, sans modifier la pratique de la ville et les modes d'habiter des Creillois. L'opération de rénovation était conçue pour durer plus de dix ans.

(1) Les zones urbaines sensibles ZUS sont définies comme des zones caractérisées par la présence de grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi. Ces zones bénéficient de dispositions sociales telles que les conférences communales du logement, l'extension du dispositif des ZEP, adultes-relais... Elles comprennent les zones de redynamisation urbaine et les zones franches urbaines.

(2) Zones créées dans des quartiers de plus de 10 000 habitants particulièrement défavorisés. L'État prend à sa charge les exonérations de taxe professionnelle pour les entreprises nouvelles et existantes, l'impôt sur les sociétés, la taxe foncière et les cotisations sociales et patronales jusqu'au cinquantième salarié.

Pierre-Jacques Olagnier

Transcription

(Musique)
Pierre Dangas
Creil, c’est une ville qui veut changer son image de marque.
(Musique)
Pierre Dangas
Deux opérations d’urbanisme déjà bien avancées, puisque plus de 1000 logements sont occupés, devraient donner bientôt à la ville un visage nouveau. C’est d’abord la rénovation du centre-ville organisé autour de l’église Saint-Médard, une église classée que l’on a conservée et intégrée dans le nouveau quartier.
(Musique)
Pierre Dangas
Les immeubles environnants, aux volumes bas et aux toitures marquées, respectent les rythmes propres de Saint-Médard. Et ce nouveau centre-ville commercial et tertiaire devrait drainer une population plus jeune et aussi plus nombreuse. Et puis, il sera en prise directe avec une autre opération d’importance sur le plateau de Creil, la ZAC du moulin.
Intervenant
Le secteur de rénovation ne pouvait se réaliser que dans la mesure où on pouvait offrir des logements en remplacement de ceux qu’on démolissait dans le centre ville. Donc première raison : opération tiroir. Deuxième raison : l’opération de la ZAC du moulin est une occasion pour la ville de Creil de relier les opérations de plateau au centre-ville de façon normale, de façon qu’il s’instaure des échanges entre l’un et l’autre.
Pierre Dangas
Le nouveau centre-ville sera relié à la ZAC du Moulin par un cordon ombilical constitué d’une voie routière et surtout d’un cheminement piétonnier assurant la transition entre la ville basse et la ville haute. Sur ce plateau de Creil a été réalisée donc la ZAC du Moulin qui, elle aussi, innove par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir en matière de logement collectif. Diversité des formes, des couleurs, labels acoustiques et thermiques. Mais la principale originalité est sans aucun doute l’intervention d’artistes.
Intervenant 2
Le souci de l’office a été précisément, puisque les offices d’HLM sont tenus par des prix plafond, a été d’intégrer le coût de ces interventions artistiques et de l’amélioration incontestable des logements dans le bilan financier de cette opération. Et ma foi, grâce au ciel, nous y sommes arrivés.
Intervenant
Nous avons pu réaliser cela parce que le constructeur des bâtiments était aménageur de la ZAC. Et par conséquent, nous avons pu intégrer dans le prix bâtiment, nous avons pu intégrer des éléments qui normalement sont prévus au budget d’aménagement de l’opération.
(Musique)
Intervenant 3
J’ai participé à la décoration du forum, enfin, ce que j’appelle le forum. Et par un groupe qui est posé sur un socle en béton, et ce groupe lui-même représentant [inaudible] tauromachie, combat de Thésée et du Minotaure est en béton noir teinté à l’oxyde de manganèse.
Pierre Dangas
Vous croyez que ça peut donner envie aux gens de dessiner eux-mêmes ou de sculpter ?
Intervenant 3
Très certainement. Très certainement.
Pierre Dangas
Et s’exprimer ?
Intervenant 3
Jusqu'à présent… D’ailleurs, les décorations qui ont été faites n’ont pas été abimées par les enfants qui en profitent parce qu’au fond, les habitants de cette cité sont les propriétaires maintenant ainsi que, évidemment, l’office des HLM et la ville de Creil, de ces oeuvres d’art.
Pierre Dangas
Quelles ont été les réactions des habitants lorsqu’ils vous ont vu sculpter ici ?
Intervenant 4
Relativement favorables. Pour la simple raison qu’ils nous ont vus travailler et qu’enfin, pour eux, l’artiste, ce n’était pas quelqu’un qui mettait de la merde dans un bocal mais qui réalisait effectivement quelque chose, comme un travailleur, puisqu’ils nous ont vus sur place pendant des mois et des mois. Et que d’autre part, ils ont vu qu’on tentait en tout cas de les intégrer dans les pignons. Je ne citerai que pour exemple deux choses amusantes. L’une, deux enfants regardant le premier pignon sur lequel il y avait un vélo. L’un disant : « Mais c’est un bas-relief égyptien », l’autre, répondant : « Non, con, il y a un vélo ». Et l’autre, un des ouvriers algériens qui travaillait sur le chantier qui a remarqué qu’il était présent avec son passe-montagne sur le bas-relief du travail.
(Musique)