Un important site archéologique à Verberie dans l'Oise

11 septembre 1976
06m 30s
Réf. 00602

Notice

Résumé :

Reportage à Verberie dans l'Oise ont été mis à jour des vestiges de l'aire magdalénienne. D'autre part une maison en bois proto historique a été découverte par Roger Agache grâce à la technique de l'archéologie aérienne. Celui-ci donne les détails de cette découverte. Jean-Claude Blanchet président du centre archéologique de l'Oise a pris en charge la fouille qui a révélé un habitat de l'époque gauloise. On a retrouvé des trous de poteaux qui tenaient la cabane et à côté des fosses à détritus. Françoise Audouze a découvert sur le site du Buisson-Campin, les vestiges d'un campement de chasseurs magdaléniens après une chasse aux rennes. Un amas d'os a été trouvé fruit du dépeçage des animaux avec des outils en silex.

Date de diffusion :
11 septembre 1976
Source :
Lieux :

Éclairage

Le site du Buisson Campin à Verberie, localisé dans une cuvette en bordure d'une ancienne rive de l'Oise, a été découvert en 1973 par Bernard Lambot lors de prospections de surface aux alentours de grèvières en cours d'extraction. En 1976, des survols aériens de Roger Agache ont permis de déceler une grande maison sur poteaux de l'âge du fer.

Des sondages archéologiques réalisés en 1975 ont révélé la présence de vestiges exceptionnellement bien conservés datant du Magdalénien final (il y a environ 15 000 ans). Des sondages ont été entrepris par Bernard Lambot en 1975 et 1976, puis des fouilles programmées ont duré 25 ans, principalement sous la direction conjointe de Françoise Audouze (CNRS) et de l'Université d'Iowa.

Huit campements successifs ont été préservés grâce aux crues successives de l'Oise qui les ont recouverts sans les perturber. Séparés par un ou deux centimètres de sédiment les uns des autres, ils couvrent une période de quelques dizaines ou centaines d'années.

Ils sont matérialisés par un ou deux foyers domestiques, entourés par des zones d'activités consacrés à la taille du silex, la retouche et l'emmanchement des outils ainsi qu'aux activités culinaires. Plus à l'écart, les carcasses de rennes, qui représentent plus de 95% des ossements retrouvés sur le site, étaient découpées, les peaux travaillés. La chasse au renne explique d'ailleurs la présence des Magdaléniens. En prévision de l'hiver, elle se déroulait durant la migration d'automne de ces animaux et frappait surtout les jeunes mâles pour la quantité et la qualité de leur viande – dont une partie était probablement séchée- et de leur moelle. De nombreuses armatures de pointes de projectile et de grandes lames non retouchées ayant servi de couteaux à viande attestent de ces activités. Les bois de renne permettaient la confection de sagaies. L'os et l'ivoire servaient de matière première pour la fabrication d'aiguilles à chas, polies sur de petits polissoir en grès.

Des occupations plus récentes (jusqu'à la période romaine) ont également été mises au jour. Il faut signaler la maison repérée par Roger Agache qui a été fouillé en 1976 par Jean-Claude Blanchet. Datée de la Tène moyenne (300 à 150 av. n.è.), elle présente un plan globalement légèrement ovalaire de 22 m de longueur et 12,50 de largeur, ce qui la classe parmi les plus grandes de cette période. Elle est constituée d'une rangée de 39 poteaux périphériques, espacés en moyenne d'1,50 m. A l'intérieur de la maison, 6 autres trous de poteaux servaient à la mise en place de la superstructure. Les différentes hypothèses de reconstitution qui ont été proposées restent problématiques, mais son plan général semble avoir été bien adapté pour la couverture d'un espace dont la surface au sol est de l'ordre de 225 m². Plusieurs fonctions étaient probablement réunies sous un même toit, associant hommes et animaux.

F. Audouze, D. Cahen, L. Keeley, B. Schmider. "Le site magdalénien du Buisson Campin à Verberie (Oise)" dans Archéologie en Picardie, n° 30, 2005, 4 p. (plaquette éditée par le Service régional de l'archéologie de Picardie)

J.-Cl. Blanchet, P. Meniel, O. Buchsenschutz. La maison de La Tène moyenne de Verberie (Oise), "Le Buisson Campin", dans Revue archéologique de Picardie, 1983, 1-1, p. 96-126.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

(Musique)
Hubert Tilloy
Sur la commune de Verbery, dans l’Oise, une découverte exceptionnelle. Une fouille a permis de mettre au jour les premiers vestiges d’une aire d’habitat de l’époque magdalénienne. Phénomène relativement rare. Les vestiges lithiques, osseux, et les structures d’habitat sont dans un état remarquable de fraîcheur. D’autre part, sur le même champ, découverte d’une grande maison en bois proto-historique repérée d’avion par Roger Agache qui nous explique comment il a procédé grâce à la sécheresse.
(Musique)
Roger Agache
Cette année, la direction générale des antiquités a décidé d’ouvrir un chantier relativement important pour mettre en évidence ce site. Et j’ai donc fait appel à différents collaborateurs, à des chercheurs de la région, bien sûr, mais aussi à des spécialistes, et en particulier à madame Audouze qui travaille sur ces problèmes au sein de la recherche scientifique. Entre-temps, j’ai survolé la région pour étudier les vestiges archéologique, essayer de les repérer, avec monsieur Blanchet qui est mon correspondant pour l’Oise, lors d’un vol effectué à la mi-juin, en pleine période de sécheresse, on a remarqué, dans ce champ de blé, à quelques dizaines mètres du site paléolithique, des alignements de trous de poteaux, des taches noirâtres, des alignements sombres qui délimitaient l’emplacement d’une grande maison préhistorique mais dont on ne savait pas la date. C’est monsieur Blanchet, qui s’occupe plus particulièrement de cette époque, qui a donc pris la direction de cette fouille et qui a fait un large décapage et montré que c’était un habitat, disons, de l’époque gauloise, enfin de la fin de la Tène.
Hubert Tilloy
Jean-Claude Blanchet, vous êtes président du Centre Archéologique de l’Oise. Et ici même, vous venez de trouver une maison. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez trouvé que c’était une maison ?
Jean-Claude Blanchet
Oui, cette structure a été découverte par photographie aérienne en compagnie de monsieur Agache. Et nous avons décidé, parallèlement à la fouille magdalénienne, d’ouvrir une tranchée sur ce qui apparaissait donc sur ces photos. Nous avons décapé à la pelle l’ensemble du terrain de façon à mettre à jour l’ensemble des poteaux, ce qui semblait être des poteaux sur les photographies. On a décapé l’ensemble à la pelle mécanique après s’être assuré qu’il n’existait plus de sol l’intérieur de l’habitat. Effectivement, le sol de l’habitat que nous avons repéré par tranchée avait complètement disparu à la suite des labours gallo-romains, même peut-être un peu plus anciens.
Hubert Tilloy
Et les trous que vous avez trouvés sont donc ces trous de poteaux qui soutenaient le toit de cette maison ?
Jean-Claude Blanchet
Oui. Alors ce qui subsiste effectivement de cette maison sont uniquement les trous de poteaux qui tenaient évidemment les ensembles de poutres de la cabane.
Hubert Tilloy
Et vous avez découvert aussi un gisement d’os, là-bas, un petit peu plus loin ?
Jean-Claude Blanchet
Alors cette cabane est accompagnée de ses structures annexes, c'est-à-dire des fosses à détritus, de silos et certainement des fosses qui restent un peu inexpliquées et que nous avons essayé de définir un petit peu mieux.
(Bruit)
Hubert Tilloy
Françoise Audouze, vous êtes au CNRS et vous venez, ici, de découvrir… vous allez nous dire quoi, exactement ?
Françoise Audouze
Eh bien, nous avons découvert les vestiges d’un campement de chasseurs magdaléniens à la fin du paléolithique supérieur c'est-à-dire à la fin de la dernière glaciation, il y a 12 000 ans à peu près. Il y avait des groupements de chasseurs qui vivaient de cueillette et surtout de chasse et de chasse du renne. Et ce que nous avons retrouvé, ci, ce sont les vestiges d’un campement après une chasse au renne. Il y a, tout près, l’Oise qui coule ici et un guet. Et les chasseurs devaient certainement attendre les rennes au guet et les ont débités sur ce chantier, sur ce campement, je veux dire. Alors ce que nous avons trouvé ici, ce n’est pas l’habitation complète pour le moment. Nous espérons la trouver. C’est l’amas de vestiges osseux qui reste après le dépeçage des rennes. Alors nous avons des vestiges extrêmement intéressants parce que beaucoup sont en connexion anatomique. Nous avons des vertèbres, et en particulier une série de 11 vertèbres en connexion. Nous avons des omoplates, des pattes, des ossements de pattes en connexion. Et alors parmi ces vestiges osseux, il y a les silex qui ont servi à débiter, à couper ces rennes. Alors nous avons des éclats bruts et autour de l’amas osseux, nous avons des outils. Nous avons des burins, des becs, des perçoirs. Et nous avons bon espoir de trouver, l’année prochaine, l’habitation complète qui, d’après ce que nous savons après les fouilles qui ont eu lieu dans plusieurs autres chantiers comme celui de Pincevent, comprennent l’amas de vestiges osseux qui est en sorte le tas de déchets qui se trouve en avant de l’habitation, et l’habitation elle-même mais centrée autour d’un foyer. C’était probablement une tente ovale couverte de peaux de rennes à l’entrée de laquelle se trouvait un foyer. Et au-delà de ce foyer, les habitants de la tente jetaient les ossements de rennes ou bien les découpaient. Et en général, on trouve les outils surtout autour du foyer.
Hubert Tilloy
Quand vous m’expliquez ça, j’ai l’impression d’y être et j’ai l’impression que vous l’avez déjà vu. Je pense que pour faire le métier que vous faites, il faut beaucoup d’imagination ?
Françoise Audouze
Je pense qu’il faut de l’imagination mais qu’il faut savoir la contrôler. Si j’ai une idée aussi précise de ce pouvait être l’habitation de ces chasseurs de rennes, c’est parce qu’il a été trouvé dans la région parisienne déjà 4 ou 5 sites et en particulier le site de Pincevent où nous avons au moins 6 habitations complètes avec le même schéma.