Découverte d'un site archéologique au lycée G de Nerval à Soissons

20 avril 1990
02m 10s
Réf. 00611

Notice

Résumé :

En 1982 commencent les premiers sondages sur le site du château d'Albâtre à Soissons, à côté du lycée Gérard de Nerval. On découvre un site archéologique exceptionnel : des habitations du 1er siècle de notre ère, un gymnase, et surtout, ont été mises à jour des peintures murales. Denis Defente, archéologue, conservateur du musée de Soissons, explique la grande richesse de ce site : il est possible de reconstituer le décor pariétal sur 200 ans.

Date de diffusion :
20 avril 1990
Source :
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

La ville d'Augusta Suessionum, fondée sous Auguste dans les années 20 av. n.è sur la rive gauche d'un des méandres de l'Aisne, constituait un important carrefour routier sur l'axe fluvial. C'était, avec Amiens et Reims, l'une des plus grandes villes du nord-ouest de la Gaule. Durant le Haut-Empire, elle couvrait une centaine d'hectares et était entourée de nécropoles localisées le long des principaux axes de circulation. Son organisation est encore perceptible dans la régularité de la voirie en centre-ville.

Au lycée Gérard de Nerval, B. Ancien avait remarqué la présence de substructions importantes en 1963. Denis Defente, en 1982, 1985-1986 et 1988, puis Dominique Roussel, en 1990 et 1991, y ont réalisé plusieurs campagnes de fouilles avant la construction de l'extension du lycée. Ces interventions ont révélé un des plus riches sites archéologiques de Soissons non seulement pour l'étude de la cité antique mais aussi pour la connaissance de la peinture murale gallo-romaine dans le nord de la Gaule.

Les vestiges les plus précoces sont matérialisés par un habitat léger en bois qui est démoli dans les années 15-20 de n.è. Une ou plusieurs domus urbaines lui succèdent. Elles comportaient une quinzaine de pièces, un atrium et une salle avec bassin central.

Les salles progressivement dégagées ont livré de nombreuses peintures murales effondrées sur les sols. L'étude stylistique des peintures a montré deux phases de décor au cours de la première moitié du Ier siècle et de la seconde moitié du Ier siècle. Il semblerait, d'après l'étude de ces enduits peints, que certaines salles mesuraient jusqu'à 4,60 m de hauteur.

Le site a été réorganisé vers le milieu du IIe siècle. De grands bâtiments aux murs larges, avec un hypocauste (système de "chauffage central") sont construits sur les sols de l'état précédent. Il pourrait s'agir de thermes, détruits au cours du IIIe siècle. A la fin du IIIe siècle, plusieurs sépultures sont creusées.

Bibliographie :

Denis Defente. Représentations figurées de quelques sites en Picardie, dans Revue archéologique de Picardie, 1-2, 1990, p. 58-71.

Dominique Roussel. "Soissons". Documents d'évaluation du patrimoine archéologique des villes de France, XXII, Paris, Editions du Patrimoine, 2002, p. 25-42.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Présentatrice
Un important programme de fouilles archéologiques a été lancé à Soissons. Ces fouilles sont financées conjointement par le conseil régional et l’Etat. Bien sûr, ce chantier déjà en cours, exploité bénévolement depuis plusieurs années, il constitue une véritable référence internationale dans le domaine des peintures gallo-romaines. Véronique Pavan, Philippe Laplace.
Véronique Pavan
C’est en 1982 que commencent les premiers sondages sur le site archéologique du château d’Albâtre à Soissons. A cette époque, il est question d’entreprendre des travaux en vue de l’extension du lycée Gérard de Nerval. Rapidement, les premières études effectuées sur le terrain révèlent un site archéologique d’une richesse exceptionnelle. Plusieurs habitations datant du Ier siècle de notre ère ainsi qu’un espace public, probablement un gymnase, sont ainsi découverts. La surprise n’est d’ailleurs pas totale puisque de nombreux écrits datant du Moyen Age situaient déjà le coeur des quartiers romains de Soissons en lieu et place du chantier actuel. Mais ce qui rend le site tout à fait unique, c’est la mise à jour de nombreuses peintures murales intérieures permettant d’imaginer l’ambiance et le décor d’une villa romaine du haut empire.
Denis Défente
Il est certain que pour le nord de la Gaule, c’est une découverte de première importance parce qu’on a la chance, sur ce site, de trouver les peintures effondrées en place, c'est-à-dire aux pieds de la paroi qu’elles ornaient. Et ça, c’est très rare. Et en plus, ces peintures sont prises dans tout un contexte. On a les peintures antérieures, on a les peintures postérieures, on a les restaurations, l’entretien de ces peintures tout au long de la vie du bâtiment. Et donc ça nous donne vraiment une évolution du décor pariétal sur 100-200 ans qui est vraiment très rare.
Véronique Pavan
Aujourd'hui, quatre archéologues et quelques bénévoles travaillent à temps plein sur le site pour déterrer et tenter de reconstituer l’ensemble des fresques de ces habitations. Les fouilles proprement dites devraient se prolonger jusqu'à l’automne, mais il faudra encore de nombreuses années pour pouvoir étudier et exploiter pleinement l’ensemble des éléments recueillis sur ce site.