Maurice Laude présente Filmed festival du film médical

14 septembre 1988
08m 31s
Réf. 00706

Notice

Résumé :

Le professeur Maurice Laude, Doyen de la Faculté de médecine est accueilli sur le plateau du journal régional pour présenter "Filmed 88" première biennale du film médical. Ce festival a comme objectif de mettre le film au service de l'enseignement et de la recherche médicale. Les congressiste sont accueillis à la Faculté où, après chaque projection, l'auteur présente son film suivi d'un débat.

Date de diffusion :
14 septembre 1988
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Éclairage

Créé en 1988 par la Faculté de Médecine de l'université de Picardie sous l'égide du doyen de la Faculté Maurice Laude, le festival du film médical d'Amiens, qui s'est d'abord intitulé Telefilmed puis Filmed, a connu une audience nationale et internationale jusqu'à son interruption en 2013. À l'instar des festivals de cinéma, il a chaque année opéré une sélection et établi un palmarès, sous la conduite d'un jury composé de membres éminents du monde médical, afin de mieux mettre en lumière les bénéfices, pour la recherche médicale comme pour l'enseignement, de l'image cinématographique. Dans une interview donnée à la presse régionale, Daniel Couapel, directeur de cabinet du président de l'université de Picardie et président de l'association Filmed
-Association, donnait ces précisions lors de l'édition 2008 "Telefilmed est un festival annuel. Nous distinguerons cette année trois catégories de lauréats. Reportage de moins de 30 minutes, de plus de 30 minutes, et les émissions spécialisées en médecine ou dont le contenu entier a été consacré à un sujet médical. Nous décernerons également un grand prix, le prix Bernard Risbourg, du nom de l'ancien président de l'université, pédiatre émérite". Dans la même interview, le Directeur ajoutait que Filmed organisait aussi une biennale internationale du film et du multimédia médical, destinée aux films professionnels et spécialisés, dont la diffusion dépasse rarement l'enceinte des hôpitaux et des facs de médecine. Daniel Couapel précisait aussi avec regret, pour cette édition 2008, que la remise des prix ne s'accompagnait pas de projections publiques. "Elles nécessiteraient l'autorisation de dizaines de producteurs, que l'association n'a pu obtenir".

Il semble que cette confidentialité ait eu partiellement raison du succès durable du festival mais il n'est pas non plus à exclure que la circulation de l'information sur internet ait rendu superfétatoire ce rassemblement d'images médicales à date fixe.

Jacques Darras

Transcription

Thierry Bonté
Filmed 88, c’est la première biennale internationale du film médical qui débute aujourd'hui à Amiens. Organisé par la faculté de médecine de l’université de Picardie, ce festival a un objectif essentiel : mettre le film au service de l’enseignement et de la recherche médicale. Avec 237 films, de très nombreux débats et conférences, Filmed 88 s’annonce comme un rendez-vous très important pour toute la communauté médicale. Pour nous en parler aujourd'hui, monsieur Maurice Laude qui est doyen de la faculté de médecine. Vous êtes véritablement le père de cette manifestation, de ce festival. D’où vous est venue l’idée d’organiser un tel festival ?
Maurice Laude
Eh bien, nous avons eu l’idée de mettre à la disposition du monde médical au sens très large du terme, de nos étudiants d’abord et puis des médecins, des généralistes, des spécialistes, de tous ceux qui gravitent autour de la santé, l’image. L’image à une époque où la communication est un outil merveilleux pour montrer les progrès dans la recherche pour servir de moyen pédagogique aussi à l’enseignement.
Elisabeth Phily
En plus de cela, vous avez créé, il y a 2 ans, une association pour le développement de la communication médicale dont vous êtes le président, monsieur le doyen ?
Maurice Laude
Oui, nous avons voulu montrer que notre faculté, entre les deux grands pôles qu’étaient Lille et Paris, était capable de réunir, d’attirer l’attention sur la Picardie, d’abord, et de réunir ces 237 films, qui est vraiment, je pense, une réussite sous l’angle scientifique.
Elisabeth Phily
Alors justement, là, on voit les images tournées ce matin à la faculté de médecine d’Amiens. Donc on vient, le matin, on s’inscrit…
Maurice Laude
On arrive, on s’inscrit. Les congressistes prennent leur dossier. Et puis, on passe ensuite dans les salles, les 7 amphithéâtres où, en parallèle, les films sont projetés. Vous en avez un exemple.
Elisabeth Phily
Et à chaque projection, il y a un débat.
Maurice Laude
Il y a un débat.
Elisabeth Phily
L’auteur lui-même présente son film.
Maurice Laude
Bien sûr.
Elisabeth Phily
Et puis un échange entre les différents chercheurs.
Maurice Laude
Vous en avez encore un exemple, là, avec les discussions à propos de chacun des thèmes qui sont extrêmement variés pendant ces trois journées. 7 amphithéâtres en même temps, ça fait beaucoup de monde.
Elisabeth Phily
Ça change tous les matins ? Le programme change tous les matins ?
Maurice Laude
Bien sûr.
Elisabeth Phily
Et là, on voit aussi des stands organisés par les laboratoires.
Maurice Laude
Par les laboratoires mais aussi par toute l’industrie biotique, tous ceux qui gravitent autour de la médecine, avec l’aide aussi de l’électronique, avec les grandes maisons. Vous savez que l’informatique nous est aussi très utile. Et tous les laboratoires sont venus et nous aident.
Elisabeth Phily
Alors outre, donc, ce qu’il se passe à la faculté de médecine, il y a aussi toute une animation dans la ville. Par exemple, au cinéma Le Régent, les projections de fictions, c’est cela ?
Maurice Laude
Oui.
Elisabeth Phily
Avec, en avant-première, des films qui concourent durant Filmed 88 ?
Maurice Laude
Pas ceux-là mais les films qui sont destinés au grand public. Ce sont des courts métrages et qui intéressent le grand public, à certains thèmes comme ceux du cancer, des maladies sexuellement transmissibles, de la sécurité automobile ou autres.
Elisabeth Phily
Il y a aussi une pièce de théâtre. Pourquoi une pièce de théâtre ?
Maurice Laude
Tous les soirs, nous avons voulu que ça ne soit pas uniquement une projection dans des salles avec uniquement des cassettes médicales. Et nous avons voulu faire vivre la ville du point de vue culturel. Tous les soirs, il y a le théâtre, la Leçon d’anatomie de Molière qui est jouée par une troupe de Liège qui a été primée au festival européen du théâtre. Tous les soirs, nous donnons au CRDP, un concert de musique classique avec trois pianistes. Et tous les soirs, bien sûr, nous montrons cette perle gothique qu’est notre cathédrale, puisque nous avons la chance d’avoir ce joyau, à nos amis étrangers.
Journaliste
Maurice Laude, de façon plus générale, comment faire en sorte que l’image et le film viennent utilement au service de la médecine ?
Maurice Laude
Je crois que les cassettes qui vont constituer notre médiathèque dans notre nouvelle implantation dans la faculté de médecine dans quelques temps, les cassettes vont représenter une banque de données. Tout étudiant, tout médecin qui a une heure à passer, une demi-heure, passe à la faculté et veut voir le dernier film sur telle ou telle intervention, sur telle recherche, sur tel laboratoire, sur tel médicament, il va s’assoir devant un poste de médiathèque et va pouvoir le visionner. Nous allons même avoir la chance d’être sur minitel, bientôt. Et tout chirurgien de France ou de Navarre qui veut savoir s’il y a un film nouveau sur l’opération du genou, des ménisques, va pouvoir tabuler et on va lui dire : « Il est à Amiens. On peut vous envoyer la copie. Voilà le titre des auteurs si vous le souhaitez ».
Elisabeth Phily
Alors voici donc un extrait, donc, d’un de ces films. Il s’appelle Le sein est peut-être la femme du professeur Lamarc de l’hôpital de Montpellier. Ce film tente d’infléchir la courbe de mortalité par cancer du sein en le dédramatisant auprès du public par l’information sur les moyens de prévention, de dépistage et de diagnostic. Et voilà un extrait.
(Musique)
Inconnue
L’examen clinique détecte à lui seul 75% des maladies du sein. Tout examen est personnalisé. Le médecin va sélectionner les examens complémentaires les mieux adaptés dans une économie de la santé. Leur nombre ne signifie pas la gravité de la maladie.
(Musique)
Elisabeth Phily
Alors que pensez-vous de ce film ?
Maurice Laude
C’est la démonstration même d’un film grand public. A mon avis, le professeur Lamarc, qui est spécialisé dans cette pathologie, vous montre comment, avec la thermographie, avec la xérographie, et puis avec d’autres examens qui vont venir, avec, ici, l’échographie, on peut faire le diagnostic de lésions qui ne sont pas forcément des cancers et qui doivent être, comme vous le disiez, démystifiés. C’est par la prévention qu’on va réussir à soigner le cancer. Il ne faut pas que les gens considèrent qu’une fois qu’on a un cancer, c’est dramatique. Alors nous cherchons, (c’est pour ça que nous faisons aussi ce festival), à ouvrir les portes de la médecine sur le monde. Voilà le scanner. Vous allez voir, derrière, la RMN. Je pense…
Journaliste
RMN, c’est quoi ?
Maurice Laude
Ce sont les techniques hypermodernes de résonnance magnétique nucléaire qui permettent de faire le diagnostic d’une lésion et même, en-dehors de l’image de la lésion que l’on voit, de savoir de quel type elle est, si elle est maligne, si elle est bénigne, si c’est un kyste qui va être une simple chose ou si c’est même un cancer qui, pris à temps, est aussi d’un excellent pronostic. C’est pour ça que ce film a une valeur prospective. Voilà la résonnance magnétique nucléaire, énorme. Et il faut que les femmes acceptent de se prêter à cette démarche de la prévention.
Elisabeth Phily
Parce qu’il y a des réticences de ce côté-là ?
Maurice Laude
Non. Maintenant, depuis plus d’une décennie, maintenant, je pense que les femmes ont compris que leur intérêt était d’avoir un examen régulier au moins deux fois par an. Et pris à temps, ce n’est qu’une pathologie comme une autre.
Journaliste
Monsieur Laude, les films qu’on est en train de voir portent sur de l’information scientifique assez spécialisée.
Maurice Laude
Le grand public n’a qu’à venir le voir tous les soirs à la maison de culture à partir de 17 heures…
Journaliste
Comment faire, d’après vous, pour intéresser le grand public à ce genre de chose ?
Elisabeth Phily
Celui-là, en plus, il n’est pas très très compliqué.
Maurice Laude
Il n’est vraiment pas très très spécialisé, celui-là.
Elisabeth Phily
Il y en a d’autres…
Maurice Laude
Regardez. Voilà, on montre comment, actuellement, une image de mammographie sur une glande mammaire objective une petite lésion.
Journaliste
Maurice Laude, un petit peu pour conclure, la première biennale d’Amiens, c’est donc la première édition, à Amiens, de ce festival. Comment se place ce festival par rapport aux autres rendez-vous européens du film médical ?
Maurice Laude
Des contacts que nous avons eux avec nos voisins, avec les Suisses, en particulier, il semble que notre initiative soit assez étonnante parce qu’ils ont des cinémathèques qui existent depuis plus longtemps que nous, et apparemment, ils n’ont pas réussi à centraliser autant de films que nous. Alors sous l’angle national, tout d’abord, sinon européen, nous sommes très très heureux car le succès scientifique est là, et Filmed 90, dans deux ans, on va le prouver.
Journaliste
Assez brièvement vous pensez que ça peut apporter quoi à la faculté de médecine ?
Maurice Laude
D’abord, un renom, d’abord une place comme banque de référence. Et puis montrer que le dynamisme d’une jeune équipe n’est pas la spécialité des grandes villes.
Journaliste
Maurice Laude, je vous remercie.