Journée d'étude sur la langue Picarde à Maroeuil

09 septembre 1978
03m 03s
Réf. 00003

Notice

Résumé :

Des universitaires se penchent sur la langue Picarde à travers une journée d'étude "Chti qu'i pinse" à Marœuil. Gilles Cocquempot qui est un des organisateurs, explique qu'il y a des dialectes comme partout, mais le plus important est de mener une réflexion sur l'espace régional à travers la langue. Les participants ont pu entre autres assister à un cours d'André Lévèque ou à un concert de chansons picardes.

Date de diffusion :
09 septembre 1978
Source :

Éclairage

Ce reportage est consacré à une journée d'étude extraordinaire qui s'est tenue en 1978 dans le Pas-de-Calais, plus précisément dans la ville de Marœuil. Organisée par la Fédération Chti qu'i Pinse - représentée par André Lévèque, Gilles Cocquempot et Alain Dawson, laquelle constitue la première tentative de regroupement des associations picardisantes, cette réunion à laquelle de nombreux professeurs, journalistes, sociologues ou encore architectes de plusieurs régions et de plusieurs nationalités ont pris part, avait pour finalité de questionner la situation des langues régionales de France, variétés de moins en moins pratiquées par les jeunes générations.

Concevant les langues comme des vecteurs essentiels qui permettent de découvrir toute les facettes de la richesse du patrimoine culturel d'une région, les participants - au rang desquels se trouvent des acteurs aussi influents que le linguiste et chroniqueur Alain Dawson, l'universitaire Jean-Michel Eloy, ou encore les responsables de Ch'Lanchron que sont Jean-Luc Vigneux et Jacques Dulphy - ont échangé sur l'histoire de ces langues régionales et sur la déclinaison considérable que ces dernières ont connue depuis un siècle au profit de la langue française. Ainsi, alors qu'au XIXe siècle la grande majorité des habitants de Picardie s'exprimaient dans leur variété linguistique régionale, un siècle plus tard, cette langue est stigmatisée comme appartenant aux couches les plus défavorisées de la population ou au mieux mise en scène dans des activités d'ordre culturel (littérature, théâtre, etc.).

Ce vaste rassemblement de spécialistes de la langue picarde visait donc à mener une réflexion nouvelle sur l'espace régional picard en repositionnant la maîtrise de la langue comme un moyen de promotion et de défense du patrimoine culturel.

Ainsi qu'en témoigne l'importance actuelle du tissu associatif militant sur l'ensemble de l'aire linguistique picarde – aire qui, rappelons-le, s'étend depuis le Hainaut belge jusqu'au fond de l'Aisne – les graines semées par les protagonistes de cette réunion ont réussi à germer par la suite. Plusieurs acteurs institutionnels (Conseil régional de Picardie, Agence pour le picard, Centre d'Études Picardes) et associatifs ( Ch'Lanchron ,Ozyvo , Achteure, Tertous, etc.) s'attachent encore et toujours à défendre et promouvoir la langue et la culture picardes.

Aujourd'hui comme hier, l'attachement de la région Picardie à ses valeurs, à son identité et à son patrimoine, a toujours été manifeste.

Christophe Rey

Transcription

Inconnue 1
[Picard]
Claude Lhomme
Cette langue picarde, c’est votre principale richesse ?
Gilles Cocquempot
Bon, nous ne pouvons pas dire que la langue picarde est essentiellement la principale richesse de la région picarde, bien entendu. Mais je crois que c’est le principal vecteur qui permet de mettre en évidence toutes les autres qui, peut-être, sont encore cachées et à découvrir.
Claude Lhomme
Pourtant, il y a toute une série de patois ?
Gilles Cocquempot
Bien sûr, c’est certain que le picard regroupe différentes formes de patois, c'est-à-dire que selon les régions et selon la géographie, il y a eu des déformations de la langue picarde, bien entendu, comme dans toutes les autres langues. Ce n’est pas typique du picard.
Claude Lhomme
Quelles sont les autres richesses de la Picardie ?
Gilles Cocquempot
Les autres richesses de la Picardie sont peut-être justement ce que je disais à découvrir dans le sens de la sentimentalité, de l’expression culturelle, artistique etc. qui peut-être est à retrouver grâce à ce vecteur que peut-être le picard.
Claude Lhomme
"Ch'ti qu'i pinse "c’est tout un programme ?
Gilles Cocquempot
Certes, tout un programme qui n’est pas conçu dans le sens d’une révision passéiste et d’une recherche passéiste de la langue picarde, mais bien d’essayer de montrer que c’est un moyen parmi d’autres, et peut-être un des plus importants, de mener toute une réflexion nouvelle sur l’espace régional à partir d’une nouvelle recherche sur la langue régionale, le picard.
Claude Lhomme
Maroeuil, Maru en picard, a donc accueilli ce qu’on a appelé une université populaire. Université en raison de la qualité des participants et des sujets abordés. Professeurs, journalistes, sociologues, architectes, etc. de plusieurs régions et nationalités ont parlé de la situation des langues régionales. Ainsi, à la fin du siècle dernier, 5/6ème de la population ne s’exprimait qu’avec cette langue picarde que l’on ne retrouve plus aujourd'hui que dans des sociétés théâtrales, littéraires, etc. ou dans les couches les plus défavorisées de la population. On a parlé aussi, dans des salles de cours ou à travers de la musique, de la façon de penser et de vivre en Picardie ainsi que de ce qui menace, selon les organisateurs, cette façon de vivre. Le nucléaire par exemple.
André Lévèque
Alors de [Yé], c'est-à-dire le [é] brisé, lui, il se trouve plutôt dans cette zone. Avec une zone intermédiaire où l’on passe de [yé] à [éè], etc.
(Musique)