Le club de gymnastique la Soissonnaise

12 octobre 1974
06m 25s
Réf. 00105

Notice

Résumé :

Reportage à la Soissonnaise, club de gymnastique qui a fêté ses 100 ans en 1974. Filles et garçons s'entraînent sous la direction d'Émile Gosse, responsable technique du club. C'est un des meilleurs clubs de Picardie, les filles sont arrivées en finale du championnat de France. Historique de la Soissonnaise créée en 1874 après la défaite de 1870 pour la préparation militaire. Les clubs à l'époque avaient des noms à consonance militaire.

Date de diffusion :
12 octobre 1974
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Éclairage

La Soissonnaise fête en 1974 son centenaire. La société de gymnastique axonaise, fondée par un officier militaire et un médecin, s'inscrit à ses débuts dans le courant des sociétés conscriptives. Ces regroupements, réunis depuis 1873 au sein de l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, s'attachent à promouvoir des exercices corporels mêlant finalités hygiéniques, sociales et patriotiques. Le pouvoir attribue en effet la défaite de 1870 à l'état physiologiquement déficient des jeunes Français en comparaison de leurs homologues allemands formés au Turnen (gymnastique nationaliste allemande). Les sociétés de gymnastique vont donc avoir pour mission de former des soldats vigoureux et de fortifier la nation. Ces structures vont se nommer, en Picardie, "la Patriote", "l'Espérance", "la Revanche", "a Vaillante" ou encore "l'Avenir".

La gymnastique se veut alors une pratique disciplinée se déroulant dans un cadre rigide et normé. Le corps statique, ordonné et mesuré, au service du collectif, est la référence incontournable: les mouvements de groupe sont préférés à l'exploit individuel, les gestes sont rationalisés en fonction de leur utilité militaire et sociale. La gymnastique est donc une morale en action: elle façonne la nation en homogénéisant les comportements. De fait, la Soissonnaise ne se contente pas de promouvoir cet exercice corporel mais initie également ses jeunes membres à la pratique de la natation (sous forme de sauvetage) et au maniement des armes. Elle multiplie par ailleurs les défilés, notamment lors des grandes fêtes patriotiques comme celle du 14 juillet. Réunissant près de 500 000 membres en France avant la Première Guerre mondiale, les sociétés de gymnastique recrutent essentiellement dans les milieux populaires et des classes moyennes; a contrario des sports venus d'Angleterre, qui sont alors l'apanage des élites sociales.

Les finalités patriotiques, incarnées par l'uniforme, le drapeau mais aussi la fanfare, perdent néanmoins de leur superbe au cours de l'entre-deux-guerres et font place à des préoccupations principalement sanitaires. Les fondements techniques et moraux de l'activité n'en sont pas pour autant atteints. Mais la véritable bascule de la gymnastique s'opère après la Seconde Guerre mondiale. Si la rectitude et les qualités de force demeurent des éléments d'appréciation importants, ces derniers doivent désormais composer avec une complexification des figures et, surtout, avec le développement des acrobaties. Les gymnastes défient en effet les lois de la pesanteur à travers des enchaînements de plus en plus aériens, dynamiques et risqués. Par ailleurs, la dimension collective, simultanée et polyvalente de la gymnastique tend à disparaître au profit d'une pratique plus individualisée et spécialisée. L'activité intègre ainsi les caractéristiques du sport compétitif. Cette situation amène, au cours des années 1970, un progressif rajeunissement de ses effectifs.

Sébastien Stumpp

Transcription

(Musique)
Plesnage§Jean-Claude
La Soissonnaise a 100 ans. Samedi dernier, ce centenaire a été célébré avec faste dans ce haut lieu de la gymnastique qu’est Soisson. Près de 250 garçons et filles sont affiliés à ce club et s’entraînent quotidiennement sous la conduite de moniteurs et de monitrices réunies autours d’Emile Gosse, le responsable technique de la Soissonnaise. Pour les garçons, comme partout, 6 agrès, la barre fixe, les barres parallèles, les arçons, le saut de cheval, les exercices au sol et, bien sûr les anneaux. Pour les filles, 2 de moins : la poutre, les barres asymétriques, le saut de cheval et les exercices au sol.
Gosse§Emile
La Soissonnaise est, pour nous, un des meilleurs clubs de gymnastique en Picardie. D’ailleurs, surtout chez les filles où elles ont fait championnes de l’Aisne, championne de Picardie, finalistes de la zone Nord et finalistes des championnats de France à Saint-Etienne. En fille, c’est le meilleur club que nous possédons en Picardie comme en garçons, c’est Fresnoy-le-Grand actuellement.
(Bruit)
Inconnu
La soissonnaise est née en 1874, en somme, à la suite des séquelles de la guerre de 70. Mais à l’époque, elle était avant tout une société de préparation militaire qui tournait un peu les clauses du traité de Frankfort qui ne nous permettait pas, à la France, d’avoir une armée. Or à l’époque, la Soissonnaise avait pour but de préparer les jeunes gens à un éventuel service militaire et servir le pays le cas échéant. Et ces exercices consistaient surtout en marche, sac au dos, bien entendu, maniement d’armes sous la direction d’un sous-officier de l’armée, et d’exercice de tir au fusil de guerre.
(Musique)
Inconnu
La gymnastique tout doucement s’est incorporée à l’éducation militaire pour évoluer tout doucement, doucement jusqu'à la guerre 14.
Plesnage§Jean-Claude
Et dans chaque ville, en Picardie, on retrouve des noms qui ont des résonnances militaires.
Inconnu
Oui, oui. Vous trouvez, par exemple, à Saint-Quentin La Vaillante, à Guise La Renaissance, à Villers-Cotterêts l’Avant-garde. Une société aussi du nord de l’Aisne qui s’appelait l’Espoir. Au Château-Thierry, l’Avant-garde. Voyez-vous, ce sont tous des titres évocateurs, évocateur de la définition de ce qu’étaient les sociétés de l’époque.
(Musique)
Plesnage§Jean-Claude
Mais en 1974, plus question de préparation militaire ?
Inconnu
Evidemment. Maintenant, nous en sommes à la gymnastique pure. La gymnastique de l’on voit sur tous les écrans, de temps en temps et pas assez le dimanche, malgré tout. Nous voudrions la voire aussi souvent que nous voyons les autres sports. C’est un sport tellement gracieux, tellement utile, tellement complet qu’on voudrait le voir, d’ailleurs, pratiqué par tous les enfants. Libre à eux, par la suite, de choisir un autre sport, mais de débuter leur éducation physique par la gymnastique. Nous, à la Soissonnaise, nous préparons 230-250 garçons et filles. D’ailleurs, il faut noter que depuis quelques années, les filles prennent le pas sur les garçons. Et c’est assez logique parce que les garçons, à 14 ou 15 ans, 16 ans, se dirigent plus volontiers vers des sports plus… comment je dirais donc ? Plus musclés, si on peut dire, alors que la fille restera chez nous, en gymnastique pour faire le sport élégant, le sport utile, pratique et élégant, j’ai bien dit.
(Musique)
Plesnage§Jean-Claude
Quel est l’avenir de la Soissonnaise ?
Inconnu 2
Notre avenir ? Nous pensons, quand nous aurons une nouvelle salle, atteindre, d’ici 2 ans peut-être, les 400 gymnastes. Etre très compétitif sur le plan national.
Plesnage§Jean-Claude
Ce dont vous êtes capables ?
Inconnu 2
Je ne veux pas anticiper mais si nous gardons les éléments que nous avons actuellement, nous pouvons arriver à quelque chose. C’est sans prétention mais nous pouvons arriver à quelque chose.
(Musique)